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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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l’autel quasi déserté, où il se redressa et s’adossa avec sa
robe maculée de boue.
    — Je le hais, souffla-t-il, parlant de son oncle. Je le
hais et maintenant tu m’es redevable d’une faveur, Uhtred.
    — Je le suis.
    — Je trouverai laquelle.
    Odda le Jeune semblait perplexe. Mon humiliation, qu’il
pensait certainement savourer, avait tourné à la farce et, conscient que les
hommes mettaient sa parole en doute, il se rapprocha d’un colosse, l’un de ses
gardes du corps. L’homme était immense et large d’épaules, mais c’était son
visage qui attirait l’attention, avec sa peau comme trop tendue, incapable de
rien exprimer d’autre que haine et fureur. Il empestait la violence comme empeste
un chien mouillé, et quand il posa sur moi le regard implacable d’un fauve je
compris instinctivement qu’il me tuerait à la première occasion. Odda n’était
rien de plus que le fils gâté d’un riche seigneur, mais sa fortune lui
permettait d’avoir des assassins sous ses ordres. Il tira le garde par la
manche et ils s’éloignèrent. Le père Beocca était resté près de l’autel.
    — Baise l’autel, m’ordonna-t-il. Et allonge-toi face
contre terre.
    Je me relevai.
    — Vous pouvez me baiser le cul, mon père, répondis-je d’un
ton si furieux qu’il recula.
    Mais j’avais agi selon la volonté du roi. J’avais fait le
pénitent.
     
    Le robuste gaillard qui accompagnait Odda le Jeune s’appelait
Steapa. Steapa Snotor, le surnommait-on : Steapa le Rusé.
    — C’est pour rire, m’expliqua Wulfhere tandis que j’ôtais
ma robe de pénitent et revêtais ma cotte de mailles.
    — Pour rire ?
    — Car il est aussi sot qu’un âne, expliqua-t-il. Il a
des œufs de grenouille au lieu de cervelle. Il est sot, mais pas au combat. Ne
l’as-tu point vu à Cynuit ?
    — Non, rétorquai-je.
    — Alors pourquoi t’en soucies-tu ?
    — Pour rien.
    J’avais interrogé l’ealdorman pour connaître le nom de celui
qui tenterait peut-être de me tuer, mais cet éventuel meurtre n’était pas l’affaire
de Wulfhere.
    Il hésita, voulant poursuivre, mais il comprit qu’il n’obtiendrait
rien de plus.
    — Quand viendront les Danes, tu seras le bienvenu parmi
mes hommes, dit-il.
    Æthelwold, qui portait mes deux épées, tira
Souffle-de-Serpent de son fourreau et observa le motif entrelacé sur la lame.
    — Si les Danes viennent, dit-il à Wulfhere, tu dois me
laisser combattre.
    — Tu ne sais pas te battre.
    — Alors il te faudra m’apprendre, répondit-il en
rangeant Souffle-de-Serpent dans son fourreau. Le Wessex a besoin d’un roi qui
sache se battre plutôt que prier.
    — Surveille ta langue, mon garçon, le reprit Wulfhere. Elle
pourrait bien finir coupée. (Il prit les épées à Æthelwold et me les donna.) Les
Danes viendront. Rejoins-moi le moment venu.
    Je hochai la tête sans répondre. Quand les Danes viendraient,
je serais avec eux. Ils m’avaient élevé après m’avoir capturé à l’âge de dix
ans : ils auraient pu me tuer, au contraire ils m’avaient bien traité. J’avais
appris leur langue et adoré leurs dieux au point de ne plus savoir si j’étais
dane ou angle. Si le comte Ragnar l’Ancien avait vécu, je ne les aurais jamais
quittés, mais il avait été assassiné en pleine nuit et j’avais fui vers le
Wessex. À présent, je voulais m’en retourner. Dès que les Danes quitteraient
Exanceaster, je rejoindrais le fils de Ragnar, Ragnar le Jeune, s’il était en
vie. J’avais vu son vaisseau dans la flotte détruite durant la tempête. Des
dizaines de navires avaient sombré et les rescapés étaient arrivés éclopés à
Exanceaster, où l’on brûlait les bateaux sur la rive à côté de la ville. Je ne
savais pas si Ragnar était en vie. Je l’espérais et priais pour qu’il puisse
fuir Exanceaster, afin que je le retrouve et lui offre mon épée pour porter le
fer contre Alfred de Wessex. Et un jour, je revêtirais Alfred d’une robe et le
ferais venir à genoux à l’autel de Thor. Et là, je le tuerais.
    Telles étaient mes pensées tandis que nous nous rendions à Oxton.
C’était la terre que Mildrith m’avait apportée en mariage. Une bien belle terre,
mais si criblée de dettes qu’elle en devenait moins un plaisir qu’une charge. Elle
était située sur les flancs des collines auprès de l’estuaire de l’Uisc. D’épaisses
forêts de chênes et de frênes entouraient des ruisseaux qui traversaient

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