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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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qu’Alfred, au lieu de combattre Guthrum, négociait
une trêve. Le pavillon était vide en ce dimanche, car Alfred refusait de rien
faire le jour du Seigneur. Je le trouvai agenouillé dans une autre tente qui
tenait lieu de chapelle, entouré de ses vassaux et thanes. Odda le Jeune se
trouvait de ceux qui se retournèrent au bruit de nos sabots, et je vis l’appréhension
se peindre sur son visage en lame de couteau.
    L’évêque qui officiait marqua un silence pour que les
fidèles répondent, ce qui donna à Odda un prétexte pour se détourner. Il était
agenouillé à côté d’Alfred, tout près, comme s’il était dans les bonnes grâces
du roi. Sans nul doute il avait apporté à Exanceaster la bannière au corbeau et
la hache de guerre du défunt Ubba en s’attribuant tout le mérite de la victoire.
    — Un jour, dis-je à Leofric, je fendrai ce bâtard en
deux de l’entrecuisse à la gorge et je danserai sur sa dépouille.
    — Tu aurais dû le faire hier.
    Agenouillé près de l’autel, l’un des nombreux prêtres qui
accompagnaient Alfred me vit et recula le plus discrètement qu’il put pour
pouvoir se relever et se précipiter vers moi. Il avait les cheveux roux et la
main gauche infirme.
    — Uhtred ! s’exclama-t-il en accourant, à la fois
étonné et ravi. Nous te croyions mort !
    — Je ne suis pas mort, mon père, dis-je au prêtre qui
se nommait Beocca. Et je suis étonné que vous l’ignoriez.
    — Comment pouvais-je le savoir ?
    — Parce que j’étais à Cynuit, mon père, et qu’Odda le
Jeune aurait pu vous dire que j’y étais et que j’avais survécu.
    Je fixai Odda tout en parlant et Beocca perçut l’irritation
dans ma voix.
    — Tu étais à Cynuit ? demanda-t-il, inquiet.
    — Odda le Jeune ne vous l’a point dit ?
    — Il n’a rien dit.
    — Rien ? (J’éperonnai mon cheval pour passer entre
les hommes agenouillés et me rapprocher d’Odda. Beocca tenta de m’arrêter, mais
je repoussai sa main. Plus sage que moi, Leofric me retint, mais je me
rapprochai encore, fixant Odda tout en continuant d’interroger Beocca.) Il n’a
pas raconté la mort d’Ubba ?
    — Il a dit qu’Ubba était mort en combattant dans le mur
de boucliers, répondit le prêtre, baissant la voix pour ne pas troubler la
cérémonie. Et que beaucoup d’hommes avaient contribué à sa mort.
    — Et c’est tout ce qu’il a dit ?
    — Et aussi qu’il avait affronté Ubba lui-même.
    — Alors, d’après lui, qui a occis Ubba Lothbrokson ?
insistai-je.
    Sentant que la situation se gâtait, Beocca tenta de me
calmer :
    — Nous pourrons parler de tout cela plus tard, mais
pour l’heure, Uhtred, joins-toi à nos prières. C’est l’heure du recueillement
et non des querelles.
    Il m’avait appelé par mon prénom, car il me connaissait
depuis mon enfance. Comme moi, Beocca était un Northumbrien, l’ancien prêtre de
mon père, et lorsque les Danes s’étaient emparés de nos terres, il était parti
pour le Wessex rejoindre les Saxons qui résistaient encore aux envahisseurs. Mais
moi, j’étais d’humeur à me quereller.
    — Qui a tué Ubba Lothbrokson, d’après tous ces hommes ?
repris-je.
    — Ils remercient Dieu de la mort du païen, éluda Beocca
en me faisant signe de me taire.
    — Et pour vous, qui a tué Ubba ? demandai-je. Odda
le Jeune ? (Comme c’était ce qu’il croyait, la colère s’empara de moi.) Ubba
m’a combattu d’homme à homme, m’emportai-je. D’homme à homme, lui et moi. Mon
épée contre sa hache. Il était indemne au début de la bataille, mon père, et à
la fin il est mort. Il a rejoint ses frères au banquet des guerriers défunts, criai-je.
    Tous se retournèrent vers moi. L’évêque, celui d’Exanceaster,
celui-là même qui m’avait marié à Mildrith, fronça des sourcils inquiets. Seul
Alfred semblait encore impassible, mais il se leva à contrecœur et se tourna
vers moi alors que son épouse, la revêche Ælswith, chuchotait à son oreille.
    — Est-il ici un homme, m’écriai-je, qui niera que moi, Uhtred
de Bebbanburg, j’ai occis Ubba Lothbrokson en combat singulier ?
    Ce fut le silence. Je n’avais pas cherché à interrompre la
cérémonie, mais un orgueil monstrueux et une fureur irrépressible m’avaient
poussé.
    — Qui a tué Ubba ? criai-je.
    — Quelle impudence ! gronda Alfred.
    — Voici ce qui l’a tué ! déclarai-je en dégainant
Souffle-de-Serpent.
    Et ce fut ma seconde

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