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Le Roman d'Alexandre le Grand

Le Roman d'Alexandre le Grand

Titel: Le Roman d'Alexandre le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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Alexandre !
    Les soldats cognaient leurs lances
contre leurs boucliers, pensant que la gloire du fils de Philippe monterait
ainsi, avec leurs voix et le vacarme de leurs armes, jusqu’au séjour des dieux,
parmi les constellations du firmament.
    Quand l’assemblée fut dissoute, le
souverain retourna, en compagnie d’Antipatros et de ses aides de camp, sous la
tente où les délégués de Potidée l’attendaient encore, avec patience et
résignation. Philippe leur avoua : « Je n’ai qu’un seul regret :
que Parménion ne soit pas avec nous pour profiter de cet instant. »
    En effet, le général Parménion
campait avec son armée dans les monts de l’Illyrie, non loin du lac Lychnitis,
pour garantir, de ce côté aussi, les frontières de la Macédoine. Par la suite,
certains rapportèrent que le jour où l’on avait annoncé la naissance de son
fils, Philippe s’était emparé de la ville de Potidée et avait reçu la nouvelle
de deux autres victoires : celle de Parménion contre les Illyriens, et
celle de son attelage à quatre dans la course de chars, à Olympie. Voilà
pourquoi les devins affirmèrent que cet enfant, né un jour marqué de trois
victoires, serait invincible.
    En réalité, Parménion l’emporta sur
les Illyriens au début de l’été, et l’on célébra un peu plus tard les jeux
Olympiques et les courses de chars. Quoi qu’il en soit, Alexandre vint au monde
au cours d’une année pleine de merveilleux auspices et tout laissait à penser
que son avenir ressemblerait plus à celui d’un dieu qu’à celui d’un homme.
    Les représentants de Potidée
tentèrent de reprendre leur discours au point où ils l’avaient abandonné, mais
Philippe désigna son lieutenant : « Le général Antipatros connaît
parfaitement ma pensée, adressez-vous à lui.
    — Mais sire, intervint
Antipatros, il est absolument nécessaire que le roi… »
    Il n’eut pas le temps de terminer sa
phrase : Philippe avait déjà jeté son manteau sur ses épaules et sifflé
son cheval. Antipatros le suivit : « Sire, des mois de siège et de
durs combats nous ont été nécessaires pour vivre cet instant, tu ne peux…
    — Bien sûr que si ! »
s’exclama le roi en bondissant sur sa monture et en l’éperonnant.
    Antipatros secoua la tête. Il
s’apprêtait à regagner le pavillon royal quand la voix de Philippe retentit.
« Attrape ! dit celui-ci en ôtant le sceau de son doigt et en le lui
jetant. Tu en auras besoin. Conclus un beau traité, Antipatros, cette guerre
nous a coûté les yeux de la tête ! »
    Le général saisit au vol la bague
royale portant le sceau et regarda le roi filer à travers le camp jusqu’à la
porte du Nord. Il cria aux hommes de la garde : « Suivez-le,
crétins ! Vous le laissez partir tout seul ? Dépêchez-vous,
malheur ! »
    Et tandis que les gardes
s’élançaient sur ses traces, il put voir encore quelques instants le manteau
blanc de Philippe briller dans le clair de lune, sur le flanc de la montagne.
Puis il n’y eut plus rien. L’homme réintégra la tente, fit asseoir les délégués
de Potidée, de plus en plus perplexes, et demanda, en s’asseyant à son tour :
« Alors, où en étions-nous ? »
    Philippe chevaucha toute la nuit et
toute la journée suivante, ne s’arrêtant que pour changer de monture et
étancher sa soif et celle de son animal aux torrents et aux sources. Il arriva
en vue de Pella après le crépuscule, lorsque la dernière lueur du soleil,
désormais couché, teintait de pourpre les lointaines cimes du mont Bermion,
encore enneigées. Dans la plaine, des troupeaux de chevaux ondoyaient comme les
flots, et des milliers d’oiseaux se posaient pour la nuit sur les eaux
paisibles du lac Borboros.
    L’étoile du soir commençait déjà à
scintiller, rivalisant de splendeur avec la lune qui glissait lentement vers la
surface liquide de la mer. C’était l’étoile des Argéades, la dynastie qui
régnait sur ces terres depuis l’époque d’Héraclès, une étoile immortelle, la
plus belle de toutes les étoiles du ciel.
    Philippe arrêta son cheval pour la
contempler et l’invoquer. « Veille sur mon fils, lui dit-il du plus
profond de son cœur, fais qu’il règne après moi et que règnent ensuite ses
fils, et les fils de ses fils. »
    Puis il se présenta à l’improviste
au palais royal, épuisé et couvert de sueur. Un bourdonnement l’accueillit, un
bruissement de vêtements féminins dans les

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