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Le Roman des Rois

Le Roman des Rois

Titel: Le Roman des Rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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déclaration est plus facile que de se décider à partir pour la Terre sainte.
    Lorsque Isabelle de Hainaut, épouse de Philippe Auguste, meurt, le roi de France retarde encore son départ.
    Qui va gouverner le royaume en son absence ?
    Sa mère, Adèle de Champagne, et son oncle l’archevêque de Reims s’étaient dressés contre lui, mais, puisque la reine Isabelle est morte, ce sont eux qui, en l’absence de Philippe Auguste, exerceront la régence.
    « J’ai vu, écrit Eudes de Thorenc, le roi, l’esprit tourmenté, dicter son testament dans lequel il prévoyait que les régents seraient surveillés, entourés par des hommes “présents au Palais”, en qui il avait confiance, qu’ils fussent clercs, chevaliers ou simples bourgeois.
    Il confia son trésor à mes frères Templiers, et les clefs en furent remises à six notables de Paris, qui eurent aussi la garde du sceau royal. »
    Philippe Auguste interdit qu’on levât de nouveaux impôts en son absence, et exigea que les régents convoquassent tous les trois mois un Parlement pour y recevoir les plaintes des sujets du roi.
    Et rapport devait être fait au souverain de la tenue de ces assemblées.
    J’ai mesuré le regret qui tenaillait le roi d’avoir à quitter son royaume alors même qu’il écrivait à Richard Coeur de Lion : “Votre amitié saura que nous brûlons du désir de secourir la terre de Jérusalem et que nous faisons les voeux les plus ardents pour y servir Dieu.” »

    Il faut se résoudre à partir.
    Le 24 juin 1190, Philippe Auguste se présente à l’abbaye de Saint-Denis.
    Pour mériter la protection du saint, il remet deux grandes bannières ornées de croix et de franges, et deux manteaux de soie.
    Il s’agenouille sur le pavé de la basilique, prie et pleure, puis reçoit le bourdon (bâton) et l’escarcelle du pèlerin. Enfin, entouré de ses chevaliers, il prend la route de Vézelay où il retrouve Richard Coeur de Lion le 4 juillet 1190.
    Là, ce furent grandes démonstrations de foi et d’amitié, en présence des comtes et barons, des clercs, des chevaliers et de la foule des autres pèlerins.
    Devant l’autel, les deux rois firent serment de partager loyalement les conquêtes faites en Terre sainte.
    Puis, cet engagement pris devant le Seigneur, ils chevauchèrent vers les grands fleuves, la Saône et le Rhône, qui roulent leurs eaux jusqu’à la mer Méditerranée au-delà de laquelle s’étend enfin la Terre sainte, celle qui héberge le Saint-Sépulcre.

troisième partie
    (1190-1208)
    « La cour de France, assemblée, déclare que le roi d’Angleterre doit être privé de toutes les terres qu’il avait, lui et ses prédécesseurs, tenues du roi de France pour avoir dédaigné de rendre à son suzerain la plupart des services qu’il lui devait comme vassal et avoir presque constamment désobéi à ses ordres. »
    Avril 1202.
    14.
    « Donc, écrit Eudes de Thorenc, le roi de France et celui d’Angleterre s’en furent vers Jérusalem, le premier prit son chemin vers la cité de Gênes, le second vers Marseille. »
    Mais ils chevauchèrent d’abord de concert, acclamés par les dames et les jeunes filles qui venaient à eux, les bras chargés de fleurs et de victuailles, de gourdes remplies d’eau fraîche et de vin léger.
    Le temps fut beau, le long du Rhône, et les rois devisaient, oubliant les mauvais présages qui avaient d’abord paru s’accumuler.

    Le bourdon, ce bâton de pèlerin remis à Richard Coeur de Lion à Vézelay, s’était brisé.
    Le roi d’Angleterre ne s’en était pas ému, et Philippe s’était contenté de prier tout en chevauchant. Mais plus inquiétante fut la nouvelle qu’apporta un chevalier du Temple.
    L’empereur Frédéric Barberousse, qui avançait vers la Terre sainte à la tête d’une grande armée comptant des milliers de chevaliers, de sergents et de piétons, s’était noyé dans l’un des fleuves d’Arménie en s’y plongeant, tant la chaleur était forte.
    En quelques jours son armée s’était dissoute au milieu de la terre des Turcs, sans qu’on sût où étaient passés ces hommes
d’armes. Peut-être étaient-ils retournés sur leurs pas, ou bien avaient-ils par petits groupes tenté de rejoindre la Terre sainte ?
    Le Templier raconta qu’on avait dépecé le corps de l’empereur Frédéric conformément à la coutume respectée pour les grands seigneurs morts loin de leur contrée d’origine. On ensevelissait les chairs sur

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