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Le talisman Cathare

Le talisman Cathare

Titel: Le talisman Cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Luc Aubarbier
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opposer Quercynois et Périgourdins. Aux pieds des murailles, le peuple se pressait pour voir défiler les jeunes hommes avides de gloire et de conquêtes. Enfermés dans leurs cuirasses, on ne pouvait les reconnaître qu’aux armes qui ornaient leurs écus et la housse de leurs destriers. Chevauchant fièrement, la haute lance de frêne dressée, ils brillaient de tout l’éclat de leur armure et des crinières peignées de leur monture.
    « Quelle peste que ces jeunes coqs arrogants ! » En chevalier établi, Raymond Jourdain n’était pas obligé de participer à ce combat simulé ; il avait toujours été plushabile à manier les vers que l’épée. Alix plaidait leur cause.
    « Il faut bien que ceux qui combattent puissent s’entraîner. Une telle bataille, pour parodique qu’elle soit, les prépare aux croisades.
    — Ce sont surtout des aventuriers qui vivent de rapines et des prises sur leurs adversaires malheureux. Montures et équipement ont tôt fait de changer de mains. Combien de chevaux, de harnais et d’armures, combien de belles armes et de biens convoités seront perdus ou gagnés avant ce soir ?
    — Ils les auront conquis vaillamment », soupira Alix avec un brin d’admiration dans la voix.

    Le tournoi allait commencer quand les trompettes des hérauts résonnèrent.
    « D’or à deux chiens de gueule », blasonnèrent-ils.
    « Monsieur de Cazenac nous fait l’honneur de se joindre à nous. »
    Le vicomte de Turenne salua le nouvel arrivant. Quoique son bagage fût modeste, son allure était superbe et il montait un solide cheval bai.
    « La situation frontalière de vos terres vous permet de choisir. Dans quel camp combattrez-vous, Périgord ou Toulouse ?
    — Nous n’avons que faire d’un si piètre renfort, railla Jehan de Turenne, l’héritier de la vicomté, en faisant virevolter sa monture. Qu’il reste chez les Périgourdins.
    — Je mets mon épée au service de qui me chante. Puisque vous ne voulez pas de moi, vous le regretterez »,déclara le jeune chevalier en rabattant la visière de son casque.
    Alix dévorait des yeux le nouveau venu.

    Les deux troupes s’éloignèrent, un instant masquées par la poussière que soulevaient les sabots de leurs chevaux. Puis elles se ruèrent l’une vers l’autre, dans un bruit de tambour, comme si une profonde haine les animait soudain. Le tiers des combattants se retrouva à terre après la première passe.
    « Votre frère ne se débrouille pas mal. Vous aurez peut-être à lui remettre la couronne, insinua le vicomte Pierre avec une bienveillance toute paternelle.
    — Qu’il ne plaise à Dieu, répliqua Alix. Un frère ne saurait être le chevalier de sa soeur. Je crois que les autres l’épargnent pour vous plaire.
    — Mais vous avez déjà un chevalier de coeur et n’avez nul besoin d’en désigner un autre, glissa jalousement Raymond Jourdain.
    — Voyez comme ce Périgourdin est habile ; il vient de se débarrasser de deux adversaires à la fois. Qui est-il ? Je ne distingue pas ses armes, dit la jeune femme qui les voyait fort bien.
    — C’est ce diable de Cazenac ! Il est fort comme un Turc et habile tacticien. »
    Le vicomte Pierre observait à regret ce fier soldat que son fils avait sottement blessé. « Mais voilà qu’il s’en prend à Jehan ! » Le Périgourdin poursuivait son rival qu’il désarçonna du plat de l’épée, avant de s’emparer des rênes de son cheval.
    « Il n’a pas fait moins de quatre prises aujourd’hui !
    — Eh bien, le voilà riche, déclara amèrement le vicomte de Saint-Antonin, se moquant d’une si piètre fortune. Mais il a donné la victoire au comte du Périgord, le rival détesté de notre maître toulousain.
    — Il est vrai que Raymond VI a matière à se plaindre. Mon aînée, Mathilde, l’a délaissé au profit d’Hélie Talleyrand, seigneur de Périgueux. Mais ce sont là choses d’amour et non de chevalerie. Acceptes-tu, ma fille, de récompenser ce Périgourdin ?
    — Il en sera fait selon vos désirs, messire mon père », dit Alix dont les yeux brillaient à l’idée de rencontrer le noble combattant.

    Bernard de Cazenac s’avançait, tête nue, dans la gloire neuve de ses vingt ans. Ses cheveux bruns et bouclés auréolaient ce roi de la fête. Son regard, droit et déterminé, ne marquait aucune surprise, comme si sa victoire avait toujours été une certitude.
    « Jamais chevalier ne fit montre d’autant de vaillance », lui

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