Le Voleur de vent
n’aime
ni l’esprit, ni le goût pour l’indépendance.
Maximilien de
Béthune, duc de Sully, fut comme il le pressentait écarté des affaires. Jusqu’au
bout, il pratiqua la religion réformée.
Le petit enfant de
deux ans blond et dodu, qui fit revenir « Jaune » et après lui « Rouge »
vers le genre humain, celui-là, qui ne retrouva jamais sa famille éplorée, connut
une enfance et une jeunesse difficile. Cependant, ayant observé les animaux en
les fermes et gardant en le secret de son cœur le souvenir de ce loup-garou qui
se sacrifia pour lui, il en vint à observer les hommes et les femmes. Si bien
qu’à force de travail et d’études, il devint à trente-huit ans un des plus
grands chirurgiens militaires de son temps, sauvant davantage de vies que n’en
avaient pris tous les loups-garous réunis. S’étant retiré en le nord du pays
après une belle carrière, il soigna alors les pauvres et mourut fort âgé, entouré
de sa nombreuse famille et du respect général.
Mais son dernier regard se perdit vers la
forêt où subsistaient quelques loups…
Juan de Sotomayor
fut, comme on sait, emmené à la frontière espagnole sous bonne garde. Enfermé
en un sombre cachot, il y demeura deux années avant d’être étranglé en sa cellule
sur ordre de Philippe III.
*
* *
CEUX DU DRAGON VERT …
Le seigneur
Chikamatsu Yasatsuna fut ramené dix-huit mois plus tard en son lointain pays à
bord du Dragon Vert. On l’accueillit en héros revenu d’entre les morts.
Il garda à terre toute une semaine ceux du
galion royal français et le septième jour, voyant s’éloigner en le soleil
levant les voiles du Dragon Vert, il pleura pour la première et dernière
fois de sa vie. Puis, prenant son pinceau, il écrivit longue supplique à son
empereur, attendrissant le cœur de celui-ci. Si bien que quittant le service à
terre, il servit à la surveillance des côtes. Les pirates chinois, qui le
craignaient et l’admiraient, le surnommèrent « Le voleur de vent ».
On se demande où ils allèrent chercher chose
pareille…
Martin Fey des
Étangs, après cinq années de service sur Le Dragon Vert, reçut son propre
commandement. Chargé d’une manœuvre maritime de diversion lors de l’expédition
de la Valteline menée par Annibal d’Estrées, il tomba par hasard sur le gros de
la flotte de guerre espagnole qu’il attaqua sans hésiter. Il ne fut coulé qu’à
la nuit, après six heures d’un combat désespéré en lequel il déploya un courage
et un talent qui forcèrent l’admiration de ses adversaires. On ne compta aucun
survivant chez les Français.
Charles Paray des
Ormeaux, dont la vue s’altérait d’année en année, dut renoncer au service en
mer et se retira à La Rochelle. Lors du siège de la ville, et bien qu’il fût
très âgé et presque aveugle, on le remarqua pour son exceptionnel courage. Il
trouva la mort lors d’une sortie des huguenots assiégés venus harceler les
troupes royales.
Stéphan de Valenty
ne demeura point en les Gardes Françaises et servit le roi en un régiment de
cavalerie. Il se distingua tant par son courage que par ses qualités militaires,
lisant les détails d’une carte d’un seul regard. Promu maréchal, très écouté de
Richelieu, il fut tué au combat en 1630, à Saluces, en servant aux côtés du
maréchal de La Force.
Jean-Sébastien de
Sousseyrac, fort curieusement, fut le seul à mourir en son lit. Gravement
blessé par un boulet lors d’une attaque contre des Anglo-hollandais irréguliers,
on dut l’amputer d’une jambe, et il ne survécut qu’en raison de sa remarquable
constitution. La jeune et très jolie religieuse qui le soignait, n’ayant pu
résister au baron, jeta le voile et accepta l’anneau que Sousseyrac lui passa
au doigt. Ils eurent cinq fils et trois filles et, par un hasard qui n’en est
peut-être pas un, un Sousseyrac servit sous les ordres d’un Nissac cent
soixante ans plus tard, lors d’une étourdissante aventure qu’il faudra
peut-être vous narrer quelque jour prochain…
Thomas de Pomonne, comte
de Nissac, et la comtesse Isabelle, connurent dix merveilleuses années de
bonheur avant que l’amiral ne trouve la mort lors d’un très mystérieux naufrage
en mer de Chine. Il fut dit, à l’époque, qu’un espion du roi d’Espagne aurait
fait sauter la salle des poudres du galion royal mais qu’importe, et pourquoi
cela serait-il plus vrai que ces récits de nombreux capitaines
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