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L'empereur des rois

L'empereur des rois

Titel: L'empereur des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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d’archichancelier :
    — On est donc bien joyeux de mon mariage ? J’entends, c’est qu’on suppose que le lion s’endormira ? Eh bien ! l’on se trompe.
    Il hoche la tête.
    Le sommeil, reprend-il, lui serait aussi doux peut-être qu’à tout autre ! Mais ne voyez-vous pas qu’avec l’air d’attaquer sans cesse je ne suis pourtant occupé qu’à me défendre ?
    Il aperçoit tout à coup Fouché qui s’esquive sans avoir pris la parole. Prudent et habile Fouché, partisan comme tous les régicides du mariage russe. Mais préférant rester silencieux. Il devrait savoir pourtant qu’il ne reste que l’Autrichienne.
    Il faut, conclut Napoléon, qu’Eugène se rende auprès du prince Charles de Schwarzenberg et obtienne de lui une réponse immédiate concernant cette jeune archiduchesse de dix-huit ans, Marie-Louise.
    Pour la première fois, Napoléon s’interroge : belle ?
    On ne lui a parlé que de son âge et de son éducation. Il veut savoir, maintenant.
    La séance du Conseil privé s’achève. Il entend Lacuée, le ministre de l’Administration de la guerre, lancer à haute voix :
    — L’Autriche n’est plus une grande puissance.
    Napoléon se lève.
    — On voit bien, monsieur, que vous n’étiez pas à Wagram, dit-il avec mépris.
     
    Que savent-ils de la réalité du monde ? Du jeu qu’il me faut jouer ? Le tsar me fait patienter parce qu’il n’ose ouvertement me refuser sa soeur. Je choisis Marie-Louise, mais je ne veux pas rompre avec Alexandre I er . Encore faut-il que je sois sûr de la réponse autrichienne. Schwarzenberg dispose-t-il des pouvoirs pour engager Vienne sans consulter son empereur et Metternich ?
    Eugène, le mardi 6 février, revient de l’ambassade d’Autriche.
    Napoléon le dévisage. Eugène ne laisse rien paraître de la réponse de Schwarzenberg. Napoléon interrompt son long récit de l’entrevue avec l’ambassadeur. Oui ou non ? demande-t-il.
    Oui, dit Eugène.
    C’est donc fait. Napoléon gesticule. Il éclate de rire. Il va et vient à grands pas dans son cabinet de travail. Il serre les poings.
    Je les tiens tous. Ils m’ont livré leur archiduchesse. Elle est à moi .
     
    Il convoque Berthier et Champagny. Le contrat de mariage doit être immédiatement établi. Il faut que tout soit fait en quelques jours. On signera un contrat ici, à Paris, et un autre à Vienne, où sera célébré un mariage par procuration. Berthier représentera l’Empereur.
    Je veux qu’elle soit ici avant la fin du mois de mars afin que le mariage soit célébré dans les premiers jours d’avril.
    Il se tourne vers Champagny.
    — Vous viendrez demain à mon lever. Portez-moi le contrat de Louis XVI et l’historique.
    Il est dans la continuité des règnes, de Clovis au Comité de salut public. Il est le neveu de Louis XVI.
    — Écrivez ce soir au prince Schwarzenberg pour lui donner rendez-vous demain à midi.
    Il retient Champagny au moment où celui-ci s’apprête à s’éloigner. Il faut, maintenant que l’on est sûr de tenir le mariage autrichien, se dégager d’Alexandre I er .
    Napoléon prise, jubile. Belle manoeuvre en deux temps, comme un piège tendu sur le champ de bataille. On va paraître se rendre d’abord aux arguments avancés par le tsar. Sa soeur Anne est trop jeune, a-t-il dit ? Donnons-lui raison.
    Napoléon dicte la lettre que Champagny adressera à Caulaincourt pour Sa Majesté l’empereur du Nord : « La princesse Anne n’étant pas encore réglée, et les filles pouvant rester deux à trois années entre les premiers signes de la nubilité et la maturité, cela ferait plus de trois années sans fécondité. » Ce serait un trop long délai. Et, comme le souligne le tsar, resterait en outre la question religieuse.
    Cette première lettre à Alexandre doit partir bientôt.
    — Demain au soir, reprend Napoléon, quand vous aurez signé avec le prince Schwarzenberg, vous expédierez un second courrier pour faire connaître que je me suis décidé pour l’Autrichienne.
     
    Il veut, il doit, tout voir, tout contrôler.
    — On enverra de Paris le trousseau et la corbeille. Il est inutile qu’on fasse rien à Vienne, dit-il à l’ambassadeur de France en Autriche, Otto.
    Il veut voir les fichus, les manteaux de cour, les peignoirs, les bonnets de nuit, les robes, les bijoux, une grande parure en diamants et de nombreux brillants.
    Il convoque les artistes. Ainsi seront les chaussures de l’archiduchesse

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