Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'empereur des rois

L'empereur des rois

Titel: L'empereur des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
aîné de la valeur
    Il est l’espérance
    Et l’appui d’ la France…
    Il rit, pince l’oreille de son secrétaire assis dans la berline.
    Il se sent rajeuni, débarrassé de ce poids qu’est la présence larmoyante de Joséphine.
    Elle n’a pas pu lui donner un fils. Elle a porté ses enfants avant de le rencontrer. Est-ce sa faute à lui ? N’est-il pas légitime qu’il veuille qu’un fils lui succède ? C’est l’exigence de sa dynastie, de sa politique.
    Il va résoudre cette question, puisqu’elle est déjà réglée dans sa tête. Sera-ce une princesse allemande, Charlotte de Bavière, ou bien une grande-duchesse russe ?
    Il rit à nouveau, reprend le refrain :
    Il lui rendra tout’ sa splendeur
    V’là ce que c’est que d’avoir du coeur !
    Il a l’impression d’aller vers une nouvelle jeunesse.
    Il se penche. Il aime cette route qui par le Bourbonnais conduit à Lyon, Chambéry, Milan. C’est le chemin de l’Italie, le pays où son destin s’est joué, à Lodi, à Arcole, à Marengo. Là, il a prouvé ce qu’il pouvait devenir. Là, à Campoformio, il a commencé à dessiner une nouvelle carte de l’Europe. Il va à la rencontre de sa jeunesse glorieuse, mais il est devenu empereur et roi, et il va rassembler autour de lui tous ces souverains qu’il a couronnés, qui sont ses vassaux.
    Il fredonne :
    C’est notre nouveau Charlemagne
    Qui fait le bonheur des Français .
    Il est heureux d’être seul, enfin, comme un jeune empereur de trente-huit ans auquel tout est promis, tout est permis.
     
    On l’acclame lorsque, le dimanche 22 novembre, il entre dans la cathédrale de Milan pour assister au Te Deum .
    Le soir, à la Scala, la salle n’en finit plus de l’applaudir et de crier.
    Il regarde les femmes, il fait baisser les yeux des hommes. Il réunit les ministres, il donne des ordres à Eugène de Beauharnais, vice-roi. Il se rend au chevet d’Augusta de Bavière, cette épouse qu’il lui a donnée.
    Il marche lentement dans les rues de Milan. Il aime ces acclamations, puis les hommages qu’il reçoit lorsqu’il accorde des audiences. Il se sent plus heureux qu’à Paris. Il est dégagé des liens qui parfois, en France, l’entravent. Ici, il est empereur et roi. Là-bas, Talleyrand, Fouché, Joséphine, ses soeurs se souviennent qu’il n’a été jadis que Bonaparte et qu’ils ont contribué à sa gloire. Joséphine est ce passé. Et il veut vivre l’avenir.
    Il lui écrit, quelques lignes qu’il trace à la hâte.
    « Je suis ici, mon amie, depuis deux jours. Je suis bien aise de ne pas t’avoir emmenée ; tu aurais horriblement souffert au passage du Mont-Cenis, où une tourmente m’a retenu vingt-quatre heures.
    « J’ai trouvé Eugène bien portant : je suis fort content de lui. La princesse Augusta est malade ; j’ai été la voir à Monza ; elle a fait une fausse couche ; elle va mieux.
    « Adieu, mon amie.
    « Napoléon »
    Il pleut sur la vallée du Pô, mais quelle importance ? Il reconnaît ces collines, ces peupliers bordant le lavis des rivières, ces villes, Brescia, Peschiera, Vérone enfin.
    La foule se presse le long des routes, elle s’agglutine dans les rues, devant le théâtre de Vérone, où il se rend en compagnie d’Élisa, princesse de Lucques, de Joseph, roi de Naples, du roi et de la reine de Bavière.
    Il suffit d’un regard à leur fille. Charlotte est laide. Que n’a-t-il épousé Augusta !
    Dans la chambre du château de Stra, proche de Padoue, où il passe la nuit du samedi 28 novembre, il reçoit les dépêches de Paris. Dans les journaux, on évoque encore, de manière détournée, la répudiation de Joséphine.
    Il enrage. Qu’on écrive à Maret, son secrétaire d’État, et qu’on fasse partir ce courrier immédiatement :
    « Je vois avec peine, par vos bulletins, que l’on continue toujours à parler de choses qui doivent affliger l’Impératrice et qui sont inconvenantes sous tous les points de vue. »
    Il ne faut pas que l’on persécute cette femme qu’il aima et qu’il quittera à l’heure qu’il aura choisie.
    Il dort mal, irrité. Il donne ses ordres d’une voix cassante. Les acclamations, dans le petit port de Fusine, l’irritent, et il monte, tête baissée, les mains derrière le dos, à bord de la frégate qui doit le conduire à Venise.
     
    Il fait beau. Une brise pousse le navire qui avance entouré de la flottille de l’Adriatique.
    Tout à coup, il voit le Grand Canal,

Weitere Kostenlose Bücher