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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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se fit dans la cervelle épaissie de l’ivrogne. Une lueur de raison lui fit entrevoir les conséquences que pourrait avoir pour lui la fantaisie qui venait de lui passer par la tête. Il risquait sa place, un procès peut-être !…
    Et, pourtant, il ne voulait pas se rétracter, avoir l’air de reculer…
    Une idée soudaine l’illumina, et comme la question devait être appliquée le samedi matin, il bredouilla :
    – Dimanche, mes brebis… venez dimanche… à la première heure… n’oubliez pas… dimanche !…
    q

Chapitre 15 LA REINE MARGOT
    C e lundi matin 18 août de l’an 1572, dès huit heures, les cloches de Notre-Dame se mirent à sonner à toute volée ; les cloches des églises voisines ne tardèrent pas à répondre, en sorte que bientôt, dans l’air pur et léger de la claire matinée d’été, ce fut un vaste vacarme des voix de bronze qui mugissaient, toutes joyeuses.
    Dans toutes les rues de Paris, bourgeois et gens du peuple marchaient par bandes nombreuses, les femmes traînant après elles des gamins qui trottinaient ; des marchands allaient de groupe en groupe, offrant des échaudés, des oublies, des flans, des pâtés chauds, toutes bonnes choses qui se débitaient rapidement, les ménagères ayant ce matin-là déserté leurs cuisines et comptant déjeuner en plein air.
    Des cris, des interpellations, des rires éclataient dans ce peuple et cela prenait une grande rumeur de fête.
    Mais il y avait on ne sait quoi de mauvais dans ces rires, de menaçant dans ces physionomies.
    Et la menace se précisait lorsqu’on remarquait que la plupart des bourgeois, au lieu d’avoir endossé le pourpoint de drap des dimanches portaient la cuirasse de buffle ou de fer et s’appuyaient sur des pertuisanes.
    Beaucoup d’entre eux portaient une arquebuse sur l’épaule.
    On eût dit que toute cette foule courait aux remparts pour défendre la ville, comme si elle eût été attaquée par les Espagnols.
    Il n’en était rien, cependant : cette foule menaçante allait assister à l’un de ces magnifiques spectacles gratuits dont nos modernes cavalcades, parodies et caricatures ne peuvent donner aucune idée.
    Ce matin-là, en effet, devait se célébrer dans Notre-Dame le mariage d’Henri de Béarn et de Marguerite de France que, dans le Louvre, Charles IX appelait déjà la reine Margot.
    Chaque rue était ainsi transformée en un fleuve qui coulait avec des murmures et des grondements ; et tous ces fleuves allaient se jeter dans le même océan humain dont les vagues déferlaient sur le parvis Notre-Dame.
    Là, à chaque instant, s’élevaient des grandes clameurs irritées.
    En effet, quatre compagnies avaient, pendant la nuit, pris position sur le parvis et empêchaient la foule d’approcher des marches qui montaient au grand porche central de l’église. La double haie de soldats, hérissée d’arquebuses et de hallebardes, se continuait ensuite, hors le parvis, jusqu’à la porte du Louvre qui était tournée vers Saint-Germain-l’Auxerrois.
    Il en résultait que les groupes du peuple, en arrivant au parvis, le trouvaient déjà occupé par une foule entassée qui s’était formée par les alluvions successives des fleuves d’hommes coulant de tous les points de Paris vers ce lac central.
    Les nouveaux arrivés poussaient pour avoir une place.
    Ceux qui étaient déjà installés résistaient : de là des remous terribles, des bagarres, des hurlements.
    A neuf heures, il eût été impossible, même à un enfant, de se faufiler sur le parvis, et les rues avoisinantes elles-mêmes regorgeaient d’une multitude tumultueuse.
    Seul restait libre le long ruban de route que la double haie de gens d’armes traçait depuis le porche de Notre-Dame jusqu’au pont-levis du Louvre. Encore cette haie menaçait-elle à chaque instant de se rompre, en sorte que les soldats, sur plus d’un point, faisaient face à la foule qu’ils menaçaient de la pointe de leurs hallebardes.
    Par moments, il y avait des silences subits, d’une inquiétante lourdeur ; puis des clameurs éclataient, on ne savait pas pourquoi ; dans tous les groupes, on s’entretenait de choses menaçantes ; il se trouvait bien par-ci par-là des femmes qui causaient de la toilette que porterait Madame Marguerite et qui était, disait-on, un miracle de richesse ; ou encore, de la somptuosité des carrosses de cérémonie… mais vite, on revenait partout au double sujet qui tenait au cœur des Parisiens.
    Le

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