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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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au moment de sortir du Louvre. Il avait une figure d’ivoire, et ses yeux, sous ses sourcils froncés, avaient un regard de fou. Ce fut une sinistre apparition qui passa dans un grand frisson de défiance. Près de lui, Henri de Béarn, très pâle aussi et pourtant souriant, considérait le peuple avec inquiétude, ne voyant autour de lui que des visages hostiles et des yeux menaçants.
    Dans un vaste carrosse entièrement doré, traîné par huit chevaux blancs, on vit alors Catherine de Médicis et Marguerite de France : la vieille reine rutilante de diamants, toute raide dans une robe de lourde soie qui semblait taillée dans le marbre, glaciale, hautaine et, semblait-il, attristée par la cérémonie qui se préparait ; sa fille Margot, radieuse de beauté, indifférente à ce qui se passait, un pli d’ironie au coin des lèvres.
    La reine mère était à droite et, de ce côté-là, retentirent des hurlements forcenés de :
    – Vive la messe ! Vive la reine de la messe !
    Marguerite était assise à gauche et, sur la gauche du carrosse, ce furent des ricanements qui éclatèrent.
    – Bonjour, madame, cria une femme ; votre mari a-t-il été à confesse, au moins ?
    Le carrosse passa dans un rire énorme ; mais aussitôt après les vingt-quatre voitures qui contenaient les princes du sang, c’est-à-dire Henri, duc d’Anjou, et François, duc d’Alençon, et la duchesse de Lorraine, deuxième fille de Catherine, puis les dames d’atour, les demoiselles d’honneur, parurent divers personnages que la foule accueillit par un tonnerre de vivats :
    C’étaient le duc de Guise, le maréchal de Tavannes, le maréchal de Damville, le duc d’Aumale, M. Goudé, le chancelier de Birague, le duc de Nevers, et une foule de gentilshommes, tous dans des carrosses d’une fabuleuse richesse, tous vêtus de costumes d’une réelle splendeur : plumes blanches, aigrettes de diamant et de rubis, colliers étincelants, pourpoints de satin chatoyant, épées incrustées de pierreries, tout cela jetait des feux et soulevait l’enthousiasme.
    Puis, tout aussitôt, les hurlements reprirent :
    – A la messe ! à la messe !
    Les huguenots apparaissaient à leur tour en des costumes non moins riches, mais plus sévères que les catholiques.
    On ignore qui avait ainsi ordonnancé la marche du cortège. Mais cette séparation très nette entre les gentilshommes catholiques et protestants, le soin qu’on avait eu de placer les huguenots à la fin, à part quelques-uns comme Coligny et Condé qui occupaient leur rang naturel, permirent à la multitude mille suppositions, dont la plus essentielle était qu’on avait voulu mortifier les hérétiques.
    Ils passèrent très fiers, dédaignant de répondre aux quolibets, aux plaisanteries, aux insultes.
    Sur les marches de l’église, deux ou trois cents des plus enragés cette foule, avaient pris place et se tenaient dans une position solide d’où les gens d’armes n’essayèrent même pas de les expulser.
    Or, au fur et à mesure que le cortège défilait, les personnages de chaque carrosse pénétraient sous le grand porche, où l’archevêque et son chapitre se trouvaient réunis pour accueillir les deux rois, la reine et la fiancée.
    Dans ce groupe que nous venons de signaler, se trouvaient Crucé, Pezou et Kervier, toujours inséparables.
    Les gentilshommes du roi qui se trouvaient à cheval, avaient formé un demi-cercle autour du porche, de façon à dessiner une nouvelle barrière renforçant la barrière de hallebardiers et d’arquebusiers.
    Charles IX et Henri de Béarn, précédés du grand maître des cérémonies de ses acolytes et de douze hérauts à pied sonnant de la trompette, entrèrent les premiers dans Notre-Dame.
    Le moine Salviati, envoyé spécial du pape, s’avança à la rencontre du roi et, fléchissant à demi le genou, lui offrit l’eau bénite dans une aiguière d’or, en lui disant que cette eau avait été apportée par lui de Rome et prise au bénitier de Saint-Pierre.
    Charles IX trempa ses doigts dans l’aiguière, puis, comme s’il eût craint de faire affront à Notre-Dame en dédaignant son eau bénite, il recommença l’opération en trempant sa main dans le bénitier de l’église.
    Et il se signa lentement, jetant un regard oblique sur Henri.
    Le chef des huguenots comprit que tous les yeux étaient fixés sur lui, et qu’on attendait qu’il fît le signe de croix…
    – Mon cousin, s’écria-t-il à demi-voix, que

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