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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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l’avait renfermé au plus profond de son cœur. Jamais un mot, même à Marillac, qui eût pu laisser supposer qu’elle savait !
    En effet, elle avait cette conviction profonde que la reine tuerait Marillac du jour où le mystère de sa naissance menacerait de s’éclaircir.
    Voici donc ce qu’elle supposa :
    « La reine sait que Marillac est son fils. Elle sait que je ne puis vivre à Paris sans risquer d’être démasquée à chaque instant. Elle sait donc que j’entraînerai le comte le plus loin possible de Paris. Et c’est pour cela, c’est uniquement pour cela qu’elle me le donne pour époux et que mon mariage est fait la nuit, en plein mystère… »
    Voilà nettement formulées les pensées qui traversèrent comme un éclair le cerveau de l’espionne. Habituée à lire vite dans l’esprit de ses adversaires et à prendre de promptes décisions, elle comprit ou crut comprendre qu’en de pareilles conditions, la reine devenait son alliée la plus précieuse.
    – Madame, dit-elle, c’est justement de ces choses que je voulais, ce soir, m’entretenir avec le comte. Mais j’attendrai les ordres de Votre Majesté.
    – Nullement. Je veux que vous en fassiez à votre tête. Voyons, quel conseil donnerez-vous au comte ?
    – Eh bien, madame, pour être franche comme me l’ordonne ma reine, je n’ai pas de plus ardent désir que de quitter Paris.
    – Vraiment ? fit la reine. Vous me quitteriez ?
    – Votre Majesté me pardonnera, j’ose l’espérer. Mais elle connaît déjà toute ma pensée à cet égard.
    – Ainsi, reprit Catherine avec une joie visible et peut-être sincère, vous partirez… mais quand ?
    – Dès cette nuit, si je puis, madame !
    La reine tressaillit. Elle ne pouvait douter de la sincérité d’Alice. Bien que l’espionne fût tremblante, elle parlait d’une voix ferme.
    Catherine demeura pensive pendant quelques instants.
    Qui sait si, à ce moment, elle ne pesa pas une dernière fois dans son esprit la nécessité du meurtre de son fils.
    Qui sait si elle ne se dit pas que ce meurtre était peut-être inutile !
    Nous le croyons. Nous croyons qu’elle fut sincère lorsqu’après sa méditation, elle reprit lentement :
    – Ce soir, à minuit, une voiture vous attendra à la porte de Saint-Germain-l’Auxerrois. J’aurai donné les ordres nécessaires pour qu’elle puisse franchir sans obstacle la porte Bucy, par laquelle vous quitterez Paris. Vous gagnerez Lyon sans vous arrêter. De là, vous passerez en Italie. Vous vous arrêterez à Florence et vous y attendrez mes dernières instructions. Me promettez-vous que tout se passera ainsi que je vous le dis ?
    – Je vous le jure, madame ! dit Alice en tombant à genoux.
    – Bien… Si le comte… si votre époux manifestait un jour l’intention de rentrer en France, me promettez-vous de l’en détourner ? Et s’il persiste, de m’en aviser ?
    – Jamais nous ne reviendrons en France, madame, je vous le jure !…
    – Bien. Relevez-vous, mon enfant… Dans la voiture, vous trouverez mon cadeau de noces. A Florence, je vous ferai parvenir un acte de donation de l’un des palais de ma famille… Ne me remerciez pas, Alice… vous m’avez fidèlement servie, autant qu’il a été en vous de le faire, il est juste que je vous récompense…
    Un flot de larmes brûlantes déborda des yeux d’Alice.
    – Ah ! madame, dit-elle, pauvre, sans ressources, dépouillée du peu que je possède, dussé-je marcher à pied, je serai trop heureuse encore de quitter Paris… pardonnez-moi, madame, j’y ai trop souffert !… Et quand je songe que si je pars, c’est avec l’homme à qui j’ai donné mon âme, j’oublie tout, madame, et j’en arrive à trembler que ce bonheur ne soit un rêve…
    – Rassurez-vous… Et maintenant, Alice, écoutez-moi bien… j’ai encore des choses graves à vous dire… Je vais, mon enfant, vous donner une preuve de confiance illimitée.
    – Les secrets de Votre Majesté me sont sacrés.
    – Oui. Vous avez toujours été la discrétion incarnée… Mais cette fois, ce n’est plus de politique ou de religion qu’il s’agit… Et si vous n’étiez la femme supérieure que vous êtes, je ne vous ouvrirais pas ainsi le fond de mon cœur.
    Catherine fixa un profond regard sur l’espionne, et dit nettement :
    – Il y a une faute dans ma vie…
    Alice demeura attentive, mais sans surprise apparente.
    – Je dis, continua Catherine, une faute dans ma vie de femme… Quant

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