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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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frisson.
    –
Mors, amor… principium, finis…
[19] murmura Marguerite.
    Pâles tous deux des pensées formidables qu’ils portaient et des choses qu’ils entrevoyaient, ils reprirent silencieusement le chemin des salles de fête.
    – Vive la messe ! rugissait au-dehors la foule.
    – Eh ! ventre-saint-gris ! dit le Béarnais, j’en sors, de la messe… et je n’en suis pas fâché, ajouta-t-il en déguisant ses inquiétudes sous une apparence de joviale galanterie… Car ma première messe me vaut la femme de France qui a le plus d’esprit et de beauté.
    Il fixa un clair regard sur la nouvelle reine.
    – Or çà, que me rapportera, en ce cas, ma deuxième messe ?
    – Qui sait ? répondit la reine Margot en lui rendant regard pour regard.
    Et en elle-même, elle pensa :
    « Peut-être un coup de poignard… ou peut-être le trône de France. »
    q

Chapitre 16 L’ESCADRON VOLANT DE LA REINE
    D ans les rues qui avoisinaient le Louvre, la foule de bourgeois et de peuple enfin libre de toute entrave s’était répandue avec des hurlements si féroces que les postes de chaque porte crurent prudent de relever les ponts-levis.
    On ne sait ce qui fût arrivé dans cette journée si le temps ne se fut soudainement couvert et si une forte pluie d’orage n’eut engagé les Parisiens à rentrer chez eux.
    Cependant, deux ou trois milliers des plus enragés reçurent stoïquement les averses en criant de plus belle :
    – Vive la messe ! Vive la messe !
    Ce cri, les huguenots rassemblés dans le Louvre l’entendaient sans inquiétude ; ils étaient les hôtes du roi de France, et il leur semblait impossible que le plus grand roi de la chrétienté manquât à ses devoirs d’hospitalité en les faisant malmener.
    Ils étaient d’ailleurs parfaitement résolus à se défendre, et à défendre le roi lui-même. Beaucoup d’entre eux soupçonnaient la main de Guise dans toute cette effervescence populaire. Si les choses allaient plus loin, si Guise, dans un coup de folie, osait attaquer Charles IX, ils défendraient le roi et le maintiendraient sur le trône.
    En effet, pour eux, Charles IX, c’était la paix assurée.
    Guise, c’était la guerre, l’extermination.
    Ils avaient donc une confiance sans borne dans l’hospitalité que Charles IX leur offrait, large, somptueuse, et s’inquiétaient peu des menaces qui grondaient autour du Louvre.
    Mais la foule poussait aussi un autre cri que Catherine écoutait avec un sourire aigu.
    A un moment, elle entraîna son fils Charles vers un balcon en lui disant :
    – Sire, montrez-vous donc un peu à votre bon peuple qui vous acclame.
    Charles IX parut sur le balcon. A sa vue, ce fut au dehors une sorte de rugissement furieux. Et cette rumeur éclata :
    – Vive le capitaine général ! Vive Guise !… Mort aux huguenots !
    – Vous entendez, Sire ? fit Catherine à l’oreille du roi. Il n’est que temps d’agir… si vous ne voulez que Guise agisse à votre place !
    Charles IX eut un tressaillement de rage et de terreur. Une lueur sanglante s’alluma dans ses yeux. Il recula, rentra, et comme il se retournait vers l’intérieur de la salle, il vit venir Henri de Guise et l’amiral Coligny qui paraissaient au mieux ensemble et devisaient tranquillement de la campagne contre le duc d’Albe.
    Charles IX les regarda tous les deux avec des yeux de fou. Et soudain il éclata de rire : ce rire atroce, funèbre, terrible, qui le secouait comme d’une convulsion mortelle.
    Catherine de Médicis s’était éloignée lentement. Elle fit le tour des salles de fête. Sur son passage, les fronts se courbaient, un silence de respect et peut-être de terreur s’établissait…
    Souriante, hautaine, toute raide dans les plis lourds et heurtés de la soie, elle passa.
    Elle était plus jaune encore que d’habitude ; c’était une statue d’ivoire en marche. On la vit s’arrêter devant une de ses demoiselles d’honneur ; elle laissa tomber quelques mots, et continua son chemin : puis elle parla à une autre de ses demoiselles, puis à une autre ; peut-être donnait-elle un mot d’ordre.
    Enfin, elle se retira dans ses appartements, suivie par quatre de ses filles qui l’avaient escortée dans toutes ses évolutions.
    Parmi ces quatre, se trouvait Alice de Lux.
    Catherine pénétra dans ce vaste et somptueux cabinet que nous avons essayé de peindre. C’est là, parmi les chefs-d’œuvre entassés qui paraissaient lui procurer une sorte de

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