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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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à ma vie de reine, elle est au-dessus de la faute même… Pour vous parler plus clairement, Alice, apprenez un redoutable secret et voyez jusqu’où va ma confiance pour vous : Charles, Henri et François ne sont pas mes seuls fils…
    Alice n’eut pas un tressaillement.
    Peut-être cette insensibilité absolue fut-elle une erreur de sa part. Peut-être eût-elle dû témoigner une respectueuse surprise.
    La reine, qui la dévorait des yeux, poursuivit :
    – J’ai un quatrième fils. Et celui-là est loin des marches du trône.
    – Quoi ! madame, s’écria enfin Alice, un des fils de Votre Majesté aurait donc été écarté dès sa naissance…
    Exclamation d’une prodigieuse habileté, qui arriva presque à convaincre Catherine.
    – Vous n’y êtes pas, reprit celle-ci. Le fils dont je vous parle, c’est mon fils. Mais ce n’est pas celui du roi défunt… Alice, que dites-vous de cette faute ?
    L’espionne rassembla toutes ses forces pour donner à son visage une expression d’étonnement sincère.
    – Madame, balbutia-t-elle, est-ce bien à moi que Votre Majesté fait une si terrible confidence.
    – Vous jugez donc que la chose est terrible ? fit Catherine… Oui, vous avez raison… Car si on savait qu’il y a un adultère dans la vie de la grande Catherine, s’il y avait de par le monde un homme qui puisse entrer un jour ici et revendiquer peut-être des droits de naissance, à coup sûr des droits du cœur… oui, ce serait horrible pour moi !… C’est cela que vous avez voulu dire, n’est-ce pas ?
    – Madame, s’écria l’espionne affolée déjà, comment oserais-je me permettre une pareille pensée !
    Catherine se leva brusquement et saisit la main de l’espionne défaillante, comme pour mieux se mettre en contact avec elle, pour surprendre ses sensations, pour la dominer.
    – Cet homme existe ! gronda-t-elle. Oui, Alice, cette affreuse menace est suspendue sur la tête de ta reine ! Et maintenant, tu vas savoir pourquoi je considère Marillac comme mon ennemi mortel, pourquoi j’ai voulu le surveiller étroitement, pourquoi je t’ai attachée à ses pas, pourquoi enfin je l’ai attiré à la cour afin de le surveiller moi-même…
    Alice frissonnait.
    Elle se sentait prise dans le tourbillon des fatalités qui l’entraînait à la catastrophe suprême.
    Catherine notait ces frissons, étudiait cette pâleur livide, cherchait à provoquer le coup de foudre qui éclairerait ce qu’il y avait d’obscur dans la pensée d’Alice…
    Les vies de Marillac et d’Alice de Lux se jouèrent là.
    – Alice, dit la reine en martelant ses paroles, il y a un homme qui est la preuve vivante de ma faute, et cet homme, mon fils… Marillac le connaît…
    – C’est faux, rugit Alice.
    – Comment le sais-tu ? haleta Catherine, tu sais donc quelque chose ?…
    – Rien, madame, rien, je le jure sur mon âme ! sur le Christ ! Marillac ne sait rien…
    – Comment le sais-tu ?
    – Il me l’eût dit ! Il n’a pas de secret pour moi…
    La réponse était si naturelle, si vraisemblable, que la reine lâcha les mains d’Alice, reprit lentement sa place et murmura :
    – Me suis-je trompée ?…
    Mais c’était une habile tourmenteuse que Catherine de Médicis. Elle rassembla ses idées et, avec cette rapidité, cette lucidité qui la faisaient si redoutable, changea sur l’instant même son plan d’attaque.
    – Oui, dit-elle avec une mélancolie profonde, je haïssais le comte de Marillac… je ne le hais plus, Alice. Ne crois pas que ce soit pour toi que je lui ai pardonné… Je l’aime bien, c’est vrai, mais mon affection ne pouvait aller jusque-là… Non, si j’ai pardonné au comte, c’est que j’ai acquis la certitude qu’il n’a pas parlé, qu’il a enseveli en lui-même le terrible secret… Et puis, ce qui me rassure, c’est que je compte sur toi pour l’emmener loin de Paris… Ainsi, tout danger de révélation sera à jamais écarté…
    Il était impossible de paraître plus franche, plus naturelle, plus vraie.
    L’espionne fut, dès lors, entièrement rassurée.
    « Voilà donc la vérité ! Je la vois clairement. La reine sait que son fils est vivant. Elle croit que Déodat connaît son fils. Elle me charge de l’entraîner loin de Paris. C’est simple. Mais que serait-ce donc si elle savait que ce fils… c’est Déodat lui-même ! »
    Et ces deux rudes jouteuses étaient également admirables dans leur effort pour se démêler, se

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