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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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tout le trajet, le duc d’Anjou et Catherine affectèrent de parler continuellement d’un miracle qu’on avait constaté à Saint-Germain-l’Auxerrois :
    Trois jours auparavant, le mardi, de grand matin, le sacristain étant entré dans l’église, avait vu le bénitier tout plein de sang, alors que la veille au soir il était rempli d’eau.
    Nul n’avait pu pénétrer dans l’église pendant la nuit. Et d’ailleurs, qui donc aurait eu la sacrilège pensée de verser du sang humain dans l’eau bénite ? Il s’agissait donc bien d’un miracle. Et tout ce sang avait été pieusement recueilli dans des ampoules qu’on avait portées à Notre-Dame.
    Ce miracle était la suite toute naturelle de celui qui avait éclaté au couvent où Dieu fut bouilli.
    Là aussi la chaudière merveilleuse s’était montrée pleine de sang.
    A ces signes répétés, il était impossible de ne pas connaître la volonté divine : Dieu voulait du sang !
    – Voilà qui est clair, dit le duc d’Anjou.
    Charles IX avait écouté tout cet entretien, sombre et silencieux, se demandant peut-être s’il n’était pas dans l’erreur, et si le temps n’était pas venu de donner satisfaction à Dieu.
    Cependant, lorsque la litière arriva devant l’hôtel Coligny, le roi secouant la tête, parut se reprendre et, se penchant, prononça les paroles que nous avons signalées et qui furent accueillies par des cris frénétiques de : « Vive le roi ! »
    Coligny était couché lorsque Charles IX, Henri d’Anjou et Catherine entrèrent dans sa chambre. La pâle figure du blessé rayonna de joie. Le roi courut à lui et l’embrassa en disant :
    – J’espère que ce misérable se balancera bientôt au bout d’une corde. J’espère que votre précieuse vie n’est pas en danger.
    – Sire, dit Ambroise Paré qui se trouvait près du lit, je réponds de la vie de M. l’amiral. Dans quinze jours, il sera sur pied…
    – Sire, dit à son tour Coligny, la joie que me cause la marque d’intérêt qui m’est donnée par mon roi fera beaucoup pour ma guérison.
    – Monsieur l’amiral, fit le duc d’Anjou, vous me voyez tout morfondu du mal qui vous arrive…
    – Dieu nous conserve le chef illustre et le loyal serviteur en qui nous avons mis toute notre confiance ! dit Catherine qui essuyait ses larmes.
    A ces mots, il y eut dans la chambre remplie de gentilshommes un grand murmure de satisfaction.
    Malgré les recommandations d’Ambroise Paré, on cria :
    – Vive le roi ! vive la reine ! et vive le duc d’Anjou !…
    Enfin, la chambre du blessé se vida. Autour du lit demeurèrent seuls les trois augustes visiteurs, Henri de Navarre, Téligny [23] et sa femme Louise de Coligny.
    La visite se prolongea une heure, au bout de laquelle le roi se retira en disant qu’il reviendrait le surlendemain dimanche. Les mêmes acclamations accueillirent Charles IX lorsqu’il apparut dans la cour.
    – Monsieur de Cosseins ! appela-t-il à haute voix pour que tout le monde pût l’entendre.
    – Sire ? fit le capitaine des gardes en s’approchant au moment où le roi prenait place dans sa litière avec sa mère et son frère.
    – Combien d’hommes avez-vous avec vous ?
    – Une compagnie, Sire !
    – Bon ! cela vous suffit-il pour défendre cet hôtel en cas d’attaque ?
    – Sire, avec ma compagnie, je tiendrais contre trois mille assaillants bien organisés.
    – Bien ! vous demeurerez donc ici, je vous commets à la garde de cet hôtel, vous me répondez de la vie de l’amiral sur la vôtre…
    – Mais Sire, qui vous escortera pour rentrer au Louvre ?
    Charles IX d’un geste large désigna les huguenots qui remplissaient la cour.
    – Ces dignes gentilshommes voudront bien pour une fois composer mon escorte, et jamais je n’en aurai eu de plus belle.
    Il y eut alors une telle clameur de vivats, un tel enthousiasme qu’il sembla que l’hôtel allait crouler….
    Charles IX était radieux. Catherine avait échangé un rapide regard avec le duc d’Anjou et, dissimulant la joie terrible qui la faisait palpiter, elle murmura :
    – Voilà vraiment une inspiration divine !
    – N’est-ce pas, ma mère ? s’écria Charles IX, n’est-ce pas qu’il est bien que le roi de France laisse ses gardes à l’amiral blessé ?
    – C’est admirable, mon fils ! dit sincèrement Catherine.
    En effet, l’hôtel Coligny se trouvait ainsi dégarni de huguenots et occupé par Cosseins qu’elle se flattait de faire obéir au

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