Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
sa main. Derrière elle le troupeau suivait à la débandade. De là montaient des grondements, fusaient des rires aigres, jaillissaient des glapissements, des jurons… toute la joie du triomphe des ribaudes et des truandes sur les soldats… sur le guet !
    Et, au loin, dans Paris, c’était la rumeur énorme des cloches, la clameur faite de milliers de clameurs sauvages ou désespérées…
    Le sergent par une porte était passé dans une deuxième cour.
    Là, au fond de cette cour, il y avait une voûte.
    Le sergent s’enfonça sous la voûte ; à gauche, une petite porte basse ouverte ; un escalier tournant commençait là.
    Catho arrêta le sergent, lui mit la main sur l’épaule, et dit :
    – Si tu me trompes, tu es mort.
    – Venez ! dit le sergent.
    – Des lumières ? cria une voix.
    – Inutile, reprit le sergent. La mécanique est éclairée.
    – La mécanique ? gronda Catho.
    – Oui ! Là, vous trouverez ceux que vous cherchez.
    – Marche !
    Le sergent commença à descendre l’escalier tournant. Il grommelait et ricanait dans sa moustache grise :
    – Elle les trouvera, oui !… Attends un peu, tu vas les retrouver… une pinte ou deux de sang, et voilà !
    La bande cheminait le long de l’étroit boyau. Cependant une trentaine des mieux armées, par prudence, étaient demeurées en surveillance près de l’entrée.
    Au bout de ce couloir où les tumultes du dehors n’arrivaient plus que comme un bourdonnement lointain, Catho entrevit un étrange spectacle.
    Dans la lumière fumeuse d’une torche, au bas d’un escalier tournant, il y avait un homme, sorte de gnome court sur pattes, à tête énorme, aux bras nus musculeux.
    Cet être bizarre, à grand effort, faisait tourner une manivelle de fer.
    Catho entendait le grincement de cette manivelle et le souffle rauque du fantastique travailleur.
    – Qu’est cela ? demanda-t-elle.
    – La mécanique ! dit le sergent.
    – Où sont-ils ? haleta Catho prise d’un pressentiment terrible.
    – Là !… Sous la meule de fer ! dit le sergent qui éclata de rire.
    Catho jeta un hurlement. Son poing fermé se leva, siffla dans l’air et s’abattit sur le crâne du sergent qui étendit les bras, tourna sur lui-même et tomba, le nez sur les dalles.
    Il était mort.
    Catho enjamba le cadavre. En deux bonds, hurlante, échevelée, dépoitraillée, elle fut sur le gnome qui, tout à sa besogne, ne voyait rien, n’entendait rien.
    Les dix doigts de Catho s’incrustèrent sur la nuque du gnome qu’elle arracha de la manivelle.
    Le grincement s’arrêta net.
    Le bourreau considéra Catho d’un œil hébété. Catho, après l’avoir saisi par la nuque, l’avait retourné, l’avait collé contre la muraille. Ses doigts maintenant s’incrustaient dans la gorge du gnome. Un silence profond régna dans le boyau. On n’entendait que les deux râles, celui du monstre et celui de Catho.
    – Grâce ! dit l’homme, stupide d’épouvanté devant tous ces visages de femmes curieuses.
    – Où sont-ils ? râla Catho.
    – Là ! fit le gnome.
    – Ouvre ! Ouvre ! Ou tu es mort !
    Elle parlait bas, bredouillait plutôt, comme ivre.
    Le monstre étendit le bras et montra un fort bouton de métal qui, à cinq pieds au-dessus de la manivelle, bosselait le mur.
    Catho lâcha le gnome et bondit.
    Son poing fermé se mit à marteler à grands coups le bouton de fer.
    Mais dès le premier coup, un déclic avait retenti.
    La porte de fer s’ouvrit.
    Et alors, deux hommes, deux fantômes, livides, les yeux élargis par l’étonnement infini, les lèvres retroussées par le rictus des épouvantes surhumaines, apparurent…
    – Sauvés ! hurla Catho dans un éclat de rire effrayant.
    Presque aussitôt, les sanglots firent explosion sur ses lèvres ; elle s appuya à la muraille, défaillante, ravie, terrible et sublime, répétant dans un murmure :
    – Sauvés !…
    – Catho !…
    Ce cri éclata en même temps, poussé par les deux hommes.
    Un instant, ils demeurèrent comme pétrifiés devant le boyau empli de femmes qui maintenant riaient, battaient des mains, se félicitaient, jacassaient, pleuraient.
    Alors ils comprirent !
    Leur imagination, prompte comme la foudre, reconstitua l’épopée : Catho soulevant les ribaudes et les truandes pour envahir le Temple, et la bataille, et la ruée à travers les sombres couloirs ; et ils comprirent pourquoi, au moment de se frapper, ils avaient entendu de sourdes rumeurs, pourquoi le

Weitere Kostenlose Bücher