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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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marqueurs de portes. Elle était paisible et farouche. Son âme primitive ne prévoyait ni obstacles ni dangers. C’était tout simple, ce qu’elle entreprenait !… et c’était formidable.
    Parvenue devant l’ouverture d’un profond cul-de-sac plus noir et plus silencieux encore que les rues avoisinantes, elle s’arrêta, et, à demi-voix, se mit à fredonner une complainte qui commençait ainsi :
Monsieur le duc de Galilée
    A pris sa dague et son épée
    Landerirette
    Voici le chevalier du guet
    Là-bas qui guette et fait le guet
    Landerira…
    Aussitôt dans le cul-de-sac se produisit un murmure confus de voix, vite étouffé, un remous d’ombres se mettant en mouvement. Catho se remit en marche. Mais cette fois, elle n’était plus seule. Une troupe étrange la suivait. Près de trois cents femmes. Toutes celles à qui, dans son cabaret, elle avait donné rendez-vous. Mendiantes et ribaudes, jeunes et vieilles, borgnasses, bancales, boîteuses, hideuses mégères de la cour des Miracles ou belles filles d’amour, elles marchaient en troupeau serré, Catho en tête, étrange général de cette armée fantastique. Elles allaient d’un bon pas. Toutes étaient armées, les unes de vieux pistolets, les autres d’épées rouillées, d’autres d’une barre de fer, d’autres, d’un simple gourdin, d’autres, enfin, n’avaient que leurs griffes. Elles étaient insouciantes, habituées à des expéditions nocturnes, habituées à voir pendre tantôt l’une, tantôt l’autre, résignées toutes à la potence qui les guettait, comme le chevalier du guet de leur complainte, ne tenant guère à leur misérable vie, et enfin ne croyant pas au danger.
    Comme pour Catho, c’était tout simple, ce qu’elles entreprenaient !
    A diverses reprises, le fantastique troupeau qui piétinait derrière Catho fut arrêté par ces petites troupes qui s’en allaient de porte en porte. Le chef de l’une d’elles voulut interroger Catho et lui barrer le chemin. Mais Catho et ses guerrières le regardèrent d’un air si menaçant que l’homme se recula. Il supposa, d’ailleurs, que peut-être ces femmes avaient un rôle à jouer dans la grande tragédie.
    Catho arriva devant le Temple et s’arrêta.
    Derrière elle, son troupeau s’arrêta. Il y eut des rires étouffés, des jurons assourdis ; l’impatience de la bataille gagnait les guerrières, il y avait une petite fille de seize ans, toute mince et fluette qui brandissait une arquebuse et disait :
    – Qu’on y touche, pour voir ! Un jour comme maman était malade sur son grabat, il est entré chez nous avec du bon vieux vin, du poulet, et trois écus…
    – Une fois, il m’a tirée des mains de la prévôté, dit une voix éraillée.
    – Un si beau chevalier ! fit une ribaude en agitant une rapière.
    – Voulez-vous vous taire ? dit Catho.
    Elles se turent. Jamais compagnie de vieux soldats ne se montra aussi disciplinée. Elles se turent, mais maintenant, elles frémissaient. L’exaltation du combat montait dans leurs rangs.
    Celles qui connaissaient Pardaillan, à voix basse, racontaient ses hauts faits.
    Des jurons parcouraient la bande.
    Catho, alors, rangea son armée. Au premier rang, toutes celles qui avaient pu se procurer une arme à feu ; puis celles qui avaient une épée, une dague, un bâton : enfin, derrière, celles qui n’avaient rien.
    Quant à elle, elle tenait à la main un solide poignard.
    – Attention ! dit-elle. A peine la porte ouverte, suivez-moi !…
    Il y eut un profond silence. Devant elles, le Temple se dressait, terrible et sombre.
    Tout à coup, au loin, très loin, une cloche se mit à mugir. Puis une autre cloche…
    – Le tocsin ! dit une vieille mendiante.
    – Qu’est-ce cela ? murmura Catho. Est-ce pour nous ?
    – Alerte ! On veut nous piller ! cria une ribaude. Entendez-vous !…
    Catho marcha à la ribaude.
    – Toi, dit-elle froidement, si tu ne clos ton bec, je te fais faire connaissance avec ma dague !
    Le tumulte grandissait. Les cloches de Paris se mettaient en branle. Des coups d’arquebuse, des coups de pistolets éclataient dans la nuit. Dans la fantastique armée de Catho, il y eut un long frémissement. La panique, un instant, menaça. Mais, brusquement, le commencement de terreur se changea en fureur. Aux hurlements des cloches, aux cris lointains, aux sourdes détonations, elles se mirent à répondre par des insultes ; les armes furent brandies ; il y eut, pendant quelques

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