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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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ouverte, la cour encombrée de gens d’armes qui hurlaient :
    – A sac ! à sac !
    Et ils entrèrent. Dans un remous de cette foule qui affluait et refluait, ils arrivèrent au centre la cour, horrifiés, les nerfs prêts à se briser sous l’effort de l’indignation furieuse qui les tordait, et comme ils regardaient autour d’eux, pantelants de colère, une voix dominant le tumulte cria :
    – Eh bien, Bême !… Bême, Bême ! As-tu fini ?…
    Et ils reconnurent le duc de Guise qui levait la tête vers une des fenêtres de l’hôtel.
    q

Chapitre 37 ICI L’ON TUE
    G uise avait perdu du temps. Parti à trois heures de son hôtel, il venait d’arriver seulement chez Coligny. Il avait fait plusieurs détours et de temps à autre, il s’arrêtait, écoutant, paraissant attendre. Chemin faisant, pour faire patienter ses hommes, il faisait massacrer, au hasard de la rencontre, tout ce qui ne criait pas « Vive la messe » et n’avait pas une croix blanche au chapeau. Qu’espérait-il ? Qu’attendait-il ? Peut-être pensait-il pouvoir marcher sur le Louvre… Comme il venait de s’arrêter encore, un homme accourut au galop de son cheval, vint se placer près de lui et lui dit à voix basse :
    – Rien à faire, monseigneur ! Le prévôt occupe l’hôtel de ville avec des forces imposantes et les troupes de la reine sont en route !
    Guise grinça des dents et gronda :
    – Ventre du diable ! J’aurai donc tiré les marrons du feu pour ce misérable Charlot ! Allons, en route !…
    Il prit le trot. Suivi de ses cavaliers, il passa comme un tonnerre, tandis qu’autour de lui retentissaient les vociférations de :
    – Vive Guise ! Vive le pilier de l’Eglise !
    Dans la rue de Béthisy, les maisons qui avoisinaient l’hôtel étaient remplies de huguenots. Mais là, la besogne était déjà faite ; trois de ces maisons flambaient ; deux cents cadavres jonchaient la chaussée ; Guise et ses soudards arrivèrent de leur trot pesant et, piétinant ces cadavres, s’arrêtèrent devant la porte de l’hôtel.
    Sur cette porte, quelqu’un venait de tracer ces mots à la craie :
    – Ici l’on tue !
    – Tu vois ? dit Guise s’adressant à un colosse qui était près de lui.
    – Je vois ! répondit le colosse.
    C’était Dianowitz, appelé Bohême, et par abréviation, Bême.
    A ce moment arriva le duc d’Aumale, escorté de Sarlabous, gouverneur du Havre, et de cent cavaliers.
    – Est-ce fait ? demanda Aumale.
    – Ca va se faire ! dit Guise.
    Tous descendirent de cheval. Et le duc de Guise, du pommeau de son épée, frappa rudement à la porte. Elle s’ouvrit aussitôt. Cosseins apparut, entouré de ses gardes – ces gardes que Charles IX avait laissés pour protéger Coligny !
    – Monseigneur, dit Cosseins, faut-il commencer ?
    – Commencez ! répondit Guise.
    Aussitôt les gardes mêlés aux cavaliers de Guise s’élancèrent dans l’hôtel, des torches à la main, l’épée nue. Bême, suivi d’une dizaine de gardes, monta droit à l’appartement de l’amiral.
    Alors on entendit les cris des serviteurs que l’on égorgeait. Pendant quelques minutes, l’hôtel fut plein de ces étranges clameurs d’agonie qui ressemblent aux cris des fous. Puis il y eut un brusque silence. Bême et les siens, parmi lesquels un certain Attin, de la maison d’Aumale, étaient arrivés devant la chambre de l’amiral. Derrière eux, en soutien, marchait Cosseins, le capitaine des gardes de Charles IX. La bande s’arrêta un instant ; devant la porte, un homme, l’épée nue à la main, les attendait. C’était Téligny, gendre de Coligny.
    – Qui demandez-vous ? dit-il d’une voix calme.
    – L’Antéchrist ! répondit Bême.
    Téligny se rua sur lui, mais avant qu’il eût pu faire deux pas, il tomba, percé de dix coups de poignard.
    Cosseins se pencha sur lui.
    – Il est mort, dit-il froidement.
    Téligny n’était pas mort. Il agonisait. Ses yeux effrayants s’ouvrirent et se fixèrent sur ce visage penché sur lui. Il fit un suprême effort.
    – Face de traître ! râla-t-il.
    Et dans ce même effort, il cracha au visage du capitaine et expira.
    Cosseins se releva et recula vivement, tout pâle, en essuyant sa face souillée.
    Bême, cependant, d’un coup d’épaule, avait défoncé la porte.
    Il entra.
    Coligny était au lit.
    La chambre était éclairée par deux grands flambeaux.
    A demi relevé sur les oreillers, l’amiral apparut si calme, si majestueux,

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