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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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approbatif, et s’engouffrant dans un large escalier, ils parvinrent dans une grande salle ravagée en partie. Du premier coup d’œil, le chevalier vit qu’on avait jeté par la fenêtre les meubles sans prix, mais que les armoires avaient été respectées.
    Au milieu de ce salon, il y avait cinq cadavres en tas, les uns sur les autres.
    Deux hommes s’occupaient avec une farouche tranquillité à fracturer une armoire. C’était Crucé et l’un de ses fidèles.
    – Dépêchons ! disait Crucé, l’argent est là ! Ah ! voilà !…
    Ils défoncèrent les tiroirs et commencèrent à emplir leurs poches…
    Puis ils coururent aux cadavres, le vieux La Force ayant encore au cou un collier de grand prix…
    Ils se penchèrent… Crucé saisit le collier, son compagnon arrachait les oreilles d’une femme pour avoir les diamants des boucles.
    – En route, maintenant, dit Crucé.
    Il avait des yeux inquiets de maraudeur, la figure tendue, les yeux aiguisés vers le butin, le vol, la rapine, cette attitude spéciale des chacals parcourant les champs de massacre.
    Comme ils allaient se relever, ils tombèrent tous deux en même temps, la face sur les cadavres.
    Le chevalier avait assommé Crucé d’un coup de poing à la tempe ; le vieux Pardaillan avait fracassé le crâne de l’autre d’un coup de crosse de pistolet.
    Les deux bandits ne poussèrent pas un cri. Ils se débattirent un instant dans les spasmes de l’agonie, puis se tinrent tranquilles à jamais…
    Seulement, au moment où Crucé était tombé, de son pourpoint, de ses poches gonflées s’échappèrent des bijoux, des bagues, des pièces d’or et tout cela roula dans le sang.
    Le chevalier, alors, examina les cadavres des cinq victimes et essaya de les ranger décemment, voulant surtout les séparer des cadavres des deux bandits.
    – Grâce ! râla une voix enfantine. Ne me tuez pas !… Pitié !
    Un enfant de douze ans surgissait d’entre les cadavres, à genoux, les mains jointes : c’était le plus jeune fils de La Force qui était dans les bras de son père au moment où on le tuait. Inondé du sang de son père, il était tombé avec le cadavre, et on l’avait cru mort…
    Les deux Pardaillan demeurèrent stupéfaits d’horreur, angoissés de pitié devant cet incident tragique. Le chevalier voulut prendre la main de l’enfant, le rassurer. Mais l’enfant, avec un long hurlement d’épouvante, bondit, s’échappa, s’enfuit, disparut…
    Ils redescendirent alors, et, dans la rue, reprirent leur course, rasant les maisons, tâchant d’éviter les feux de joie et les bandes de carnassiers.
    Où étaient-ils ? Ils ne savaient pas.
    Quelle heure ? Ils ne savaient pas.
    Seulement, le soleil était haut dans le ciel, brillant d’un éclat paisible au-dessus des tourbillons de fumée.
    Et toujours, les cloches mugissaient. Le gros bourdon de Notre-Dame lui-même s’était mis de la partie. Saint-Etienne, Saint-Eustache, Saint-Germain-des-Prés, Saint-Jacques-la-Boucherie, Saint-Jean-en-Grève, Notre-Dame-de-la-Paix, Saint-Roch, Saint-Vincent, Saint-Nicolas-du-Chardonnet, Saint-Paul, Saint-Médard, Saint-Séverin, Saint-Marcel, Saint-Honoré, Saint-Merry, tous les tocsins, toutes les églises, tous les saints, de leurs gueules de bronze hurlaient, criaient, vociféraient :
    – Tuez ! Tuez ! Tuez !…
    A un tournant de la rue, les Pardaillan s’arrêtèrent pétrifiés.
    Ils eussent voulu fuir l’atroce apparition.
    Ils ne pouvaient pas.
    Tout ce qu’ils purent faire, fut de se retirer à l’entrée d’une étroite allée qui s’enfonçait dans une maison. Ils ne savaient pas où ils étaient.
    Devant eux, à vingt pas, une bande venait d’apparaître. Elle se composait d’une cinquantaine de carnassiers marchant en rangs serrés ; derrière eux venait une foule énorme, armée de gourdins, de vieilles épées, de piques rouges. Et ces gens se démenaient comme si une crise d’épilepsie les eût poussés au même délire.
    Les cinquante qui marchaient en tête étaient solidement armés de poignards. Toutes ces lames étaient rouges de sang.
    Tous portaient la croix blanche.
    Une quinzaine d’entre eux étaient à cheval.
    Or, devant toute la bande marchaient trois hommes. Et ceux-là avaient des physionomies de loups ; leurs yeux luisaient comme des braises ardentes ; leurs voix éteintes à force de hurler ne laissaient plus échapper qu’une sorte d’aboi rauque et informe, l’aboi du loup au fond

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