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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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l’horizon ; où sont-ils ? Disparus ? Les voilà ! Bec ouvert, plumes hérissées, ils s’élancent. La tempête les reprend, les jette à l’orient, à l’occident ; ils reculent, ils reviennent ; elle les repousse : obstinés, dédaigneux, ils piquent et repiquent droit dans le vent furieux…
    Pareils à ces grands albatros intrépides, les deux Pardaillan, obstinés, cherchaient à piquer droit sur l’hôtel Montmorency ; ils reculaient jusqu’aux confins de Paris, revenaient à la charge, entraînés, poussés en avant, ramenés en arrière, ballottés par le cyclone qui ravageait la cité, l’université et la ville…
    q

Chapitre 41 PROFILS DE GARGOUILLES
    Q uelle heure était-il  ? Ils ne savaient pas. Où étaient-ils ? Ils ne savaient pas. Ils étaient quelque part, accrochés à la borne cavalière qui se dressait sous un auvent où les avait entraînés un violent reflux de peuple.
    A dix pas, sur leur droite, on saccageait un hôtel.
    Devant l’hôtel, on dressait un bûcher : les meubles, les sièges de l’hôtel s’entassaient.
    Alors, quelqu’un mit le feu au bûcher.
    Un homme parut, tenant dans ses bras un cadavre.
    – Vive Pezou ! hurla la foule autour du bûcher.
    Le cadavre, c’était celui du duc de La Rochefoucauld. L’homme, c’était Pezou. Le chevalier de Pardaillan le distingua nettement dans les tourbillons de fumée. Pezou avait les bras nus. Ses bras étaient rouges. Pezou avait une figure effroyable ; ses yeux hors de la tête, ses lèvres retroussées, il reniflait bruyamment, il aspirait le carnage ; il ne proférait aucun cri, mais de ses lèvres convulsivement ouvertes, s’échappait un grondement continu ; il avait la marche et l’attitude du tigre ; autour de lui, sa bande avait les mêmes faces crispées ; les mêmes yeux flamboyants, les mêmes bouches aux lèvres retroussées… des tigres ! Il n’y avait là que des tigres…
    – Ca fait le quarantième ! hurla l’un d’eux. Bravo Pezou !
    Pezou sourit, marcha sur le bûcher, le cadavre dans les bras.
    Le cadavre du malheureux La Rochefoucauld avait la gorge ouverte par une large plaie d’où le sang continuait à couler.
    Pezou et sa bande entourèrent le bûcher qui déjà flambait.
    Pezou monta sur une table.
    Alors, il leva le corps, comme pour le jeter au sommet de l’entassement.
    Soudain, il le ramena à lui, violemment. Sa face prit l’expression du fauve. Sa bouche, dans un geste de délire, se colla un instant à la plaie rouge… puis il jeta le cadavre dans le feu, sa bouche apparut sanglante et il sauta de la table en grognant :
    – J’avais soif !…
    Un hurlement prolongé de la foule salua la bande de tigres qui s’élançait, disparaissait au coin de la rue, cherchant, quêtant, reniflant ; Pezou grognait :
    – Au quarante et unième à présent ! M’en faut cent d’ici ce soir à moi tout seul…
    – Fuyons ! fuyons ! dit le vieux Pardaillan, livide d’horreur.
    Il avait enlacé son fils de tout son effort pour l’empêcher de se ruer sur Pezou.
    – Oh ! gronda le chevalier, avoir des bras de titan ! Pouvoir saisir et broyer d’un coup ces bandes de carnassiers !…
    – Ne restons pas là ! Fuyons !…
    Ils s’orientèrent et, pareils aux grands albatros, ils reprirent leur chemin, piquant droit sur l’hôtel Montmorency.
    Et comme ils avaient gagné du terrain, comme ils se rapprochaient de la Seine, ils furent saisis dans un autre tourbillon, se trouvèrent soudain au milieu d’une foule, et, accrochés l’un à l’autre, ballottés, entraînés, refluèrent jusqu’à l’entrée de la rue Saint-Denis, et, regardant autour d’eux, se virent dans la cour d’une belle maison ; les fenêtres volaient en éclats ; les meubles tombaient ; à l’intérieur, on entendait des cris d’agonie, la foule battait des mains et vociférait…
    – Bravo, Crucé ! bravo, Crucé ! Taïaut ! Pille La Force !…
    C’était, en effet, la maison du vieux huguenot La Force.
    Là, ce fut vite fait. Au bout de trois minutes, on n’entendit plus de cris d’agonie ; tout avait été massacré, serviteurs, servantes, maîtres…
    La foule partit, entraînée par les lieutenants de Crucé, allant plus loin chercher de nouvelles victimes… la cour se trouva libre…
    – Fuyons ! répéta le vieux Pardaillan.
    – Entrons ! dit le chevalier. Je veux voir ce qu’est devenu l’homme.
    L’homme, c’était Crucé.
    Le vieux routier fit un signe

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