Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film

« Merci ». Puis il ouvre le livre et regarde la dédicace :
    Pour Andrej avec un J comme jardin .
    Notre amoureux sourit à la dédicace comme s’il s’agissait d’une déclaration d’amour. Il pose le livre sur sa table. Sur la couverture l’on peut lire : « Le Monstre des Glaces », par Adèle Blanc-Sec.
    Eh oui, Andrej Zborowsky est définitivement perdu pour la Science.
    Quant à notre héroïne, dont le sens de l’humour n’a pu vous échapper, elle est déjà partie vers de nouvelles aventures, moins monstrueuses et moins glacées, puisque son éditeur l’a envoyée au Pérou afin de percer le secret des derniers Incas !

Chapitre 5
    Où Adèle fait vraiment son entrée en scène
là où justement on ne l’attendait pas…
Sauf certaines personnes…
    I l doit y avoir un problème parce qu’en fait de Pérou, on est plutôt en Égypte comme en témoignent le Sphinx et les pyramides au loin, le sable, la pierre et le soleil brûlant. Il y a une chose qu’il faut savoir sur Adèle Blanc-Sec, si l’on veut bien cerner son personnage : elle écoute toujours son instinct et jamais son éditeur.
    Adèle est donc en Égypte, à dos de chameau, vêtue d’une tenue élégante et appropriée au désert, longue jupe culotte et veste de toile sur un chemisier, et son chapeau colonial est surmonté d’une ample gaze de soie blanche qui fait moustiquaire et voile contre le sable. Mais pour l’instant, rien ne permet de dévoiler les raisons de sa présence sur cette terre brûlante pétrie de millénaires de souvenirs et d’empires disparus. Elle se tourne vers son guide, un charmant jeune Égyptien.
    — Aziz ? Combien d’heures de route jusqu’au point de rendez-vous ?
    — Olàlà ! Avec cette chaleur, il faut bien compter 6 heures, Mam’zelle Adèle !
    — Très bien ! Alors, en route. Allez hop !
    Elle talonne les flancs de son chameau.
    Le chameau ne bouge pas.
    — Comment tu dis « avance » en Arabe ?
    — Yahala, Mam’zelle Adèle.
    — YAHALAA ! hurle Adèle.
    Le chameau ne bouge toujours pas.
    — Et comment dis-tu « avance sale bourrique ou je te découpe en rondelles » ?
    Aziz est bien embêté pour répondre.
     
    Adèle n’a pas plus l’intention de percer les secrets des pharaons que ceux des Incas du Pérou. Et aucun des douze Ramsès ne l’intéresse, ni même les tombes d’Hatchepsout et consorts, fraîchement découvertes. La petite caravane qu’elle mène à travers les sables pourrait le faire croire, mais ce qui l’intéresse en fait, ce sont les petites gens, les serviteurs, les conseillers qui entouraient les pharaons et les suivaient jusque dans leurs tombeaux. C’est en tout cas ce qu’ils pensaient, mais en réalité pour un simple problème de place, on enterrait souvent le personnel un peu plus loin.
    Mais pourquoi, me direz-vous, Adèle est-elle à la recherche des serviteurs d’un pharaon disparu ? Comme l’énonce le proverbe Copte, toute réponse vient, en temps et en heure, à qui sait attendre patiemment en regardant couler le Nil. Et puis, ces extraordinaires aventures le seraient beaucoup moins si l’on dévoilait sans cesse au lecteur les intentions de quelqu’un comme Adèle, personnage unique en son genre, et notamment par son étonnante propension à causer la surprise.
     
    Au bout de quelques heures, notre héroïne, Aziz et le reste de la petite caravane arrivent en haut d’une crête qui domine le site de la Vallée des Rois. Le soleil tape comme un poids lourd, mais cela ne semble pas déranger beaucoup la jeune femme.
    De là, la petite troupe rejoint une sorte de minuscule campement archéologique où s’achève leur route. C’est comme un embryon de fouilles où attendent quelques hommes écrasés de soleil ainsi que quelques mulets et chameaux assoupis.
    Un type enturbanné, au visage en lame de sabre et aux yeux de fouine, observe discrètement leur arrivée. Dès qu’ils lui tournent le dos, l’homme monte sur son chameau qui rechigne un peu. Puis il s’éloigne, non sans jeter un dernier coup d’œil vers notre héroïne. Il a un sale sourire. Puis, talonnant sa monture, il file à toute vitesse entre les dunes.
     
    Adèle et Aziz mettent pied-à-terre. Aziz lui tend une gourde.
    — Tenez, Mam’zelle Adèle, il faut boire beaucoup avec cette chaleur.
    Adèle attrape la gourde et se lave les mains. Malgré ce gâchis d’eau si précieuse, Aziz n’ose pas l’arrêter.
    Puis elle se dirige