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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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jamais rendu compte que la propriété était si grande », relate Mme Gallilee. « Ou que tous ces camps de la RAF y étaient installés. Tout passait inaperçu. »
    Pour une jeune personne comme Mimi, le manoir était quelque peu imposant, à l’instar des personnalités pour lesquelles elle travaillait : Mlle Reed et Nigel de Grey.
    De Grey avait été président de la Medici Society et Mlle Reed son assistante. Lorsqu’il fut appelé à Bletchley, de Grey veilla à ce que la très stricte Mlle Reed le suive. « Ce n’est pas que Nigel de Grey était vraiment désagréable, se souvient Mme Gallilee. Mais vous deviez rester à votre place, ne jamais prendre part à une conversation. Les gens étaient très respectueux. »
    Face à la porte d’entrée du manoir se trouvait une allée qui menait, de part et d’autre, à différents baraquements. Mme Gallilee se souvient avoir souvent vu Alan Turing « emprunter l’allée, affichant une expression d’une grande intensité et l’air toujours soucieux. On le prenait un peu pour un cinglé ».
    Début 1939, la pelouse située devant la maison servait aux activités sportives. Le journaliste Malcolm Muggeridge qui, en tant qu’agent des renseignements, est passé à plusieurs reprises par le Park, relate ces joutes sportives dans ses Mémoires :
     
    Tous les jours après le déjeuner, quand le temps s’y prêtait, les craqueurs de codes jouaient au rounders 11 sur la pelouse du manoir, assumant le sérieux feint par les professeurs d’université lorsqu’ils s’adonnent à des activités susceptibles d’être considérées comme frivoles ou insignifiantes, comparées à leurs études, d’une importance essentielle. Ils se disputaient la victoire avec la même ferveur que quand ils parlaient du libre arbitre, du déterminisme, du big-bang ou de la création permanente.
     
    Derrière la pelouse se trouvait le lac, qui gelait en hiver, se muant en patinoire naturelle. Un ancien se souvient que, par certaines nuits estivales étouffantes, de jeunes soldats de la RAF piquaient parfois une tête en riant, nus comme des vers. Des oies avaient élu domicile sur le lac. Un pensionnaire des lieux se souvient comment certaines jeunes femmes, visiblement de pures citadines, avaient peur que ces oiseaux « se mettent à siffler à leur vue ». Il y avait aussi toute une colonie de grenouilles, sur lesquelles on marchait parfois accidentellement lorsque le black-out était en vigueur.
    À l’origine, la propriété disposait d’un court de tennis, qu’il a fallu supprimer pour laisser place à un nouveau baraquement. Lorsque le Premier ministre se rendit à Bletchley Park un peu plus tard au cours de la guerre, il apprit, consterné, que les jeux de balle se réduisaient au rounders. Il autorisa donc la construction de nouveaux courts de tennis.
    « Churchill fut particulièrement horrifié de découvrir que, dans les débuts de Bletchley Park, le personnel faisait de l’exercice en jouant au rounders, explique Sheila Lawn en riant. Churchill a dit : “Ça ne suffit pas”. À ce qu’on dit, il aurait ordonné la construction de courts de tennis. » C’est ainsi que dans les années qui suivirent le Bletchley Park Tennis Club devint très prisé. Une note retrouvée dans les archives indique que ses membres étaient même autorisés à utiliser le pavillon d’été comme vestiaire. Sur le côté de la bâtisse principale se trouvaient la glacière et, plus loin, les écuries et les cottages.
    Les opinions sur le domaine dépendaient vraiment de l’origine des recrues. Certains jeunes voyaient pour la toute première fois une grande propriété bien aménagée et lui trouvaient donc un certain charme. Pour d’autres, plus snobs, ce n’était rien d’autre qu’un édifice quelconque implanté à l’extérieur d’une ville anglaise provinciale par excellence.
    Selon Irene Young, le manoir au style « toilettes gothiques » était « irrémédiablement laid ». Aux yeux de Peter Calvocoressi, cryptanalyste qui devait devenir historien, il arborait « plein de boiseries massives égayées çà et là par des fantaisies décoratives alhambresques (de Leicester Square, pas d’Andalousie) ».
    Cependant, le parc faisait l’objet de très peu de critiques, même chez les esthètes les plus délicats. Et, pour certaines recrues, les jardins, avec en toile de fond le manoir, avaient un petit air de campus, même si les individus venant

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