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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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périphérie de la ville, dit M. Lawn « imprégnait l’endroit d’une odeur particulière. Pour fabriquer les briques, on extrayait l’argile, laissant de grands trous dont certains se remplissaient d’eau les jours de pluie. Les trous qui demeuraient secs servaient à la Home Guard 12 pour leurs séances de tir. Les trous inondés servaient de piscines. »
    Ce manoir aux formes bizarres devait jouer un rôle central dans les loisirs très animés, en dehors des baignades dans le plus simple appareil, qu’appréciaient tout particulièrement les casseurs de codes.

5
1939 : comment casser l’incassable ?
    Dès que la guerre fut déclarée, c’est toute la Grande-Bretagne qui se retrouva dans un certain sens sur le pont, pas seulement les hommes attendant leur mobilisation. Tout le monde était prêt à faire précisément ce qu’indiqueraient les autorités, de l’hébergement des écoliers évacués à l’adoption d’un emploi en usine. Difficile d’imaginer des millions de personnes tournées vers un objectif commun. Il est par contre plus facile de visualiser cette peur de l’invasion, profonde et particulièrement d’actualité.
    L’Autriche, la Tchécoslovaquie et enfin la Pologne avaient succombé à l’impitoyable machine militaire allemande, d’une rapidité sans précédent. Les jeunes Britanniques ne pouvaient faire autrement qu’envisager la traversée de la Manche par les forces ennemies car seuls 35 malheureux kilomètres séparaient la Grande-Bretagne du continent européen. Nombre d’entre eux en faisaient carrément des cauchemars.
    « C’était très simple, explique Ruth Bourne, qui deviendrait une Wren à Bletchley, puis ailleurs pendant la guerre. On voulait plus que tout au monde éviter la victoire des Allemands. Surtout moi, avec mes origines juives. Pas question que l’emportent tous ceux liés de près ou de loin au régime nazi. »
    Dans les premières semaines, pendant cette période de calme de mauvais augure, baptisée drôle de guerre, à laquelle était suspendue la Grande-Bretagne, la direction de Bletchley Park savait que l’une des priorités les plus urgentes était de casser le code Enigma de la marine allemande. Craquer un système de codage ennemi considéré par le monde entier comme inviolable était une perspective plutôt décourageante.
    Lors d’un conflit, une nation insulaire offre une vulnérabilité incroyable. Si l’ennemi parvient à prendre le dessus sur les mers, il trouve rapidement un moyen de couper l’approvisionnement en nourriture et matériel de l’île. Et, avec ses U-Boote, il coula immédiatement de source que la marine allemande aurait pour objectif d’étrangler la Grande-Bretagne. C’est pour cette raison que le directeur de Bletchley Park, Alistair Denniston, avait pris la précaution de s’entourer de tant d’experts en cryptographie avec lesquels il avait collaboré depuis la Première Guerre mondiale.
    Alistair Denniston était appelé « le petit homme » par certains. Ce sobriquet rappelant sa petite morphologie masquait ses nombreux talents. Trilingue, il n’était curieusement pas allé à l’université en Grande-Bretagne, mais avait étudié à la Sorbonne et à l’université de Bonn. Dans sa jeunesse, Denniston avait aussi fait du sport avec un certain talent, faisant partie de l’équipe écossaise de hockey sur gazon aux Jeux olympiques de 1908. À en juger par les nombreuses notes qu’il a rédigées pendant son passage à Bletchley Park et qui ont désormais refait surface dans les archives, c’était un homme d’une rare patience, surtout avec ses collègues excentriques ou colériques.
    Par certains côtés, Denniston était même un peu trop diplomatique. Selon son fils Robin, l’effectif que Denniston avait réuni était brillant, mais « ce n’était pas un homme au leadership naturel. Il manquait de confiance en soi. C’était un Écossais autodidacte très intelligent qui avait du mal à diriger les bureaucrates et hommes politiques à qui il avait affaire ».
    Mais il y avait aussi ceux qui comprenaient comment la gentillesse de Denniston pouvait être mal interprétée. « Il manquait d’assurance et se montrait nerveux, se rappelle Josh Cooper. C’était une proie entourée de prédateurs. »
    Depuis l’éclatement de la Première Guerre mondiale, Denniston était devenu expert en cryptographie quand, jeune homme, on l’avait convoqué à l’Amirauté, dont les

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