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Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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ans, je n’en avais aucune nouvelle.
    — Malheureusement nous ne pouvons guère vous en apprendre au-delà de ce que nous avons déjà dit. Nous savons seulement qu’elle avait appris le français au Liban.
    — Elle était très douée pour les langues. Comme pour bien d’autres choses encore mais je crois que je vous dois notre histoire à tous les deux ? À moins que je n’abuse de votre temps.
    — Il est tout à vous, dit Morosini, et nous sommes honorés que vous nous jugiez dignes de l’entendre.
    — C’est la moindre des choses. N’avez-vous pas été ses derniers amis, à elle qui en eut si peu ? Mais le soir tombe et je n’aurai pas le mauvais goût de vous offrir du thé. Du whisky peut-être… ou du brandy ?
    — L’un comme l’autre sera parfait.
    Sur l’ordre de son maître, le serviteur tout de blanc vêtu poussa la chaise roulante sur la terrasse avant d’apporter un plateau chargé. Le paysage avait quelque chose de magique. Le soleil couchant rougissait le dôme doré de la mosquée d’Omar et parait de couleurs allant du vert pâle à l’orangé les vieilles murailles, les blanches maisons cubiques, les clochers des églises, les tours, les minarets et les jardins enveloppés de cette atmosphère vaporeuse qui n’appartient qu’à Jérusalem et qui donnait, aux pèlerins de jadis, l’impression d’arriver en vue de la cité céleste. Et ce fut là qu’un vieil Anglais évoqua pour un Vénitien et un Français l’histoire de celle qu’ils appelaient la Nabatéenne…
    — J’avais un peu plus de vingt ans, commença sir Percy, lorsque je suis parti pour la Palestine emmené par mon oncle sir Percival Moore qui montait une expédition archéologique destinée à explorer, à la suite de la découverte de la cité morte de Petra, les anciennes étapes caravanières des Nabatéens qui étaient de véritables citadelles. Singulièrement celle d’Oboda, le plus puissant relais entre Petra et Gaza. J’étais frais émoulu de Cambridge mais il y avait déjà deux ou trois ans que j’avais découvert que l’archéologie serait la passion de ma vie. Un énorme appétit de savoir m’habitait et je ne m’intéressais guère à quoi que ce soit d’autre… même aux femmes, à moins qu’elles ne fussent âgées de trois ou quatre mille ans mais, dès que j’eus posé le pied sur ces terres d’antiques et fascinantes civilisations, je sus que ma vie entière s’y déroulerait et qu’elles renfermaient mon unique chance de bonheur. Fils de la pluie et des gazons anglais, le désert sec, brûlant, sauvage me fascina et me fascine encore. Je peux dire que, durant les premiers mois, j’ai travaillé plus dur qu’un esclave pour essayer d’arracher aux sables leurs secrets, les yeux et les oreilles fermés à toute autre considération. Jusqu’à certain jour où dans un endroit magique, je rencontrai une jeune fille…
    « À trois ou quatre kilomètres au nord de la cité du roi de Nabatène Obodas I er , une source est nichée au fond d’une gorge qui oppose son eau transparente, couleur de turquoise, à l’aridité des rochers ocre et génère sur ses bords une végétation inattendue où, sous les jujubiers, viennent boire les bouquetins que l’on appelle ibex. C’est là que j’ai vu pour la première fois Areta venue chercher de l’eau dans la vieille tradition des rencontres bibliques. Elle avait seize ans, elle était belle comme devaient l’être ces reines qui charmaient les conquérants : Cléopâtre, Bérénice ou Balkis, la reine de Saba. Elle aussi portait en elle le sang des rois de Nabatène et moi je n’étais qu’un jeune Anglais ébloui par le merveilleux présent que m’accordait le destin. Car nous nous sommes aimés tout de suite, avec une intensité qui, dans une vie, demeure unique. Chaque nuit, je m’échappais du camp pour la rejoindre sous le plus beau ciel du monde. Environ huit kilomètres aller et retour ! ajouta le conteur avec un sourire. Je ne dormais presque plus et mon travail s’en ressentait au point que mon oncle m’a fait surveiller. On a vite découvert mes amours clandestines avec ce que chez nous on appelle une « native »…
    Le vieil homme avait craché le mot comme s’il lui empoisonnait la bouche avec une colère mêlée de tristesse qui serra le cœur de ses auditeurs.
    — C’était un homme dur, aux principes inflexibles et nous étions au siècle de Victoria. Il exigea mon retour en Angleterre.

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