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Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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« self control » qui, s’il n’est pas inné, fait partie de l’éducation de tout sujet britannique digne de ce nom, la voix de l’archéologue tremblait d’une excitation infiniment émouvante chez cet homme dont les jambes mortes le condamnaient à la chaise roulante. Avec son goût de l’œuvre parfaite, Morosini pensait que c’était dommage car, à plus de soixante-dix ans et en dépit de l’infirmité, son hôte demeurait un magnifique spécimen humain. Le masque érigé sur des épaules et un cou encore puissants aurait pu être celui de César ou de Tibère. Rasés et casqués de courts cheveux presque blancs, les traits volontaires encadraient à merveille les yeux d’un gris de nuage dont aucune paire de lunettes ne déformaient le regard passionné…

Il recevait ses visiteurs dans un vaste cabinet de travail ouvrant par de larges baies sur une terrasse ombragée par un vieil olivier tordu d’où l’on découvrait toute la cité sainte par-dessus la vallée du Cédron. Sa maison était un ancien couvent byzantin transformé. Autour de la dalle de marbre blanc portée par des lions de pierre qui servait de bureau, on voyait beaucoup de livres de toutes tailles, de toutes couleurs dans leurs reliures, souvent fatiguées comme il arrive lorsqu’on les a beaucoup lus et peu d’objets mais très beaux : une admirable lampe de mosquée en verre bleuté gravée d’or, un chandelier à sept branches en bronze verdi datant sans doute de l’époque du Christ et, dans une niche, derrière une vitrine, une étonnante statue d’Astarté phénicienne devant laquelle Adalbert était tombé en extase.
    Ce fut celui-ci qui releva la protestation de sir Percy :
    — Pour continuer à chercher, il nous aurait fallu une protection armée.
    — Contre qui, mon Dieu ?
    — Une tribu d’assassins. Votre précieux Khaled et ses fils. Ils attendaient que nous ayons découvert de l’or ou des bijoux ou n’importe quoi d’intéressant pour eux et nous aurions été exterminés sans pitié comme…
    — Khaled ? Vous êtes fou ! Cet homme m’a toujours témoigné un dévouement total et c’est la raison pour laquelle je vous ai envoyé à lui. Vous avez dû l’offenser…
    — Vous ne m’avez pas laissé finir ma phrase, fit Adalbert avec une douceur factice. J’allais dire comme ils ont assassiné une femme que vous devez connaître, dès l’instant où elle venait de découvrir une partie du trésor d’Hérode le Grand.
    De pâle, le visage de l’archéologue devint gris :
    — Kypros ?… Vous avez vu Kypros ?… Elle était donc là-bas ?
    — Elle y était. Khaled, qui la détestait, nous avait dit qu’elle venait parfois à Massada. Environ deux fois l’an…
    — Au moment des solstices sans doute, murmura sir Percy comme pour lui-même…
    — Cette fois, dit Aldo, elle ne repartira plus jamais. Nous avons enfermé son corps mutilé dans la seconde partie de la grotte qu’elle habitait mais, avant de mourir, elle a eu le temps de nommer ses assassins.
    — Comment est-elle morte ?
    — Éventrée. Afin d’adoucir ses derniers instants, mon ami Vidal-Pellicorne lui a injecté de la morphine…
    — Racontez-moi cela en détail !
    La voix de sir Percy était aussi décolorée que sa figure et il ne souffla plus mot tandis qu’Adalbert lui faisait le récit de leur séjour, de leurs rencontres avec cette femme qu’ils croyaient presque sauvage et de ce qui s’était passé la nuit précédant leur départ clandestin.
    — Nous aurions voulu la venger en abattant ces immondes meurtriers, reprit Aldo sèchement. Mais nous avons pensé que le châtiment vous appartenait à vous. Ne nous a-t-elle pas dit qu’elle était votre fille ?
    Le mot résonna dans la vaste pièce avant de s’envoler par la fenêtre comme sur l’aile d’un oiseau mais au passage il avait atteint le vieil homme dont la tête se courba. Le silence qui suivit laissa la parole aux bruits du jardin cependant que les deux visiteurs respectaient ce qui avait bien l’air d’être une douleur. Enfin, il releva la tête laissant apercevoir la trace d’une larme. Cependant, les yeux gris reprenaient leur dureté et c’était comme si un marbre s’était mis à pleurer.
    — Elle vous a dit la vérité. Kypros à qui j’avais réussi à faire accepter, pour un temps, le nom d’Alexandra était bien ma fille. Le seul enfant que j’aie jamais eu… Ce qui n’empêche que, depuis plus de dix

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