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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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commissaire. Ses lettres regorgent de haine pour son supérieur. En tirant sur Pucci devant moi, il augmentait les craintes de l’archiduc, s’emparait des clichés et, en même temps, des cinq mille lires.
    — C’est donc lui qui a poussé le photographe au chantage, déduisit le sergent.
    — Parfaitement. Il devait même être au courant des moindres détails puisqu’il nous espionnait.
    — Et Calderón, alors ? demanda Bossi en caressant son carnet de la main. Pourquoi n’a-t-il jamais confié qu’il était en rapport avec Pucci ?
    — Peut-être était-il lui-même intéressé par les clichés ? suggéra la princesse en lui jetant un coup d’œil.
    Alors, le sergent posa la question qui paraissait s’imposer :
    — Savait-il que Beust et le photographe se connaissaient ?
    — Vraisemblablement, estima Tron. Cela expliquerait qu’il a tout de suite déchiffré le message sur le mur. Seulement, il ne pouvait pas justifier son interprétation sans révéler qu’il fréquentait la victime.
    — À ce propos, s’interrogea encore Bossi, pourquoi Pucci a-t-il utilisé un code ? Il aurait mieux valu qu’il écrive le nom de l’assassin !
    — Sans doute ne voulait-il pas courir le risque que Beust l’efface si jamais il revenait, supposa la princesse. Il ne fallait pas qu’on reconnaisse les lettres au premier coup d’œil.
    — Reste le meurtre de Gutiérrez, conclut le sergent. Pourquoi l’a-t-il tué ?
    — Pour deux raisons, j’imagine, dit Tron. Tout d’abord, nous lui avons appris que l’ambassadeur avait une relation avec Anna Slataper. Dès lors, il le détestait. Ensuite, ce crime permettait d’orienter les soupçons vers le père Calderón. La mort de Gutiérrez renforçait l’impression de fanatisme sans borne d’un prêtre disposé à commettre sans sourciller un crime supplémentaire.
    — Par exemple, comprit Bossi, à tirer sur un inoffensif lieutenant de vaisseau venu lui proposer un marché en or et ayant bien failli le payer de sa peau. Beust est à l’origine du rendez-vous à Cannaregio, j’imagine ?
    — Vous avez parfaitement raison, sergent.
    — Un plan extrêmement raffiné, conclut la princesse avec une contenance qui en imposa au commissaire. En principe, le décès de père Calderón aurait dû marquer la fin de cette affaire.
    Elle tira une bouffée de cigarette, inspira profondément, puis rejeta la fumée qui se répandit en volutes sur le bureau.
    — Plus d’assassin, plus d’enquête ! résuma-t-elle.
    Le commissaire but une gorgée de café.
    — Les cinq meurtres étaient en effet presque parfaits, approuva-t-il. Si nous n’avions pas fait identifier le corps par Angelina Zolli, le dossier aurait…
    Un instant ! Faire identifier par Angelina Zolli ? Le commissaire se sentit soudain mal.
    — Tout va bien, Alvise ? demanda la princesse, inquiète.
    Non ! Ça n’allait pas du tout !
    — J’ai révélé le nom de la petite à Beust, lâcha-t-il d’une voix éteinte. Il sait où elle habite.
    — Tu veux dire que… murmura-t-elle.
    Il hocha la tête.
    — Par ce brouillard, il nous faudra au moins vingt minutes.

50
    Il avait allumé un petit feu dans le poêle et fait du café avec un reste de grains moisis. Assis sur une chaise, les jambes confortablement allongées sur la table de cuisine, il trempait ses lèvres dans la tasse – comme autrefois, enfin presque comme autrefois puisqu’elle était morte , comme un certain nombre de gens. Néanmoins, avec un peu d’imagination (et il n’en manquait pas), on aurait pu croire qu’elle l’attendait dans la chambre, de l’autre côté.
    À quand remontait cette époque ? Il réfléchit un instant et conclut qu’il ne s’était écoulé qu’un semestre. Oui, il avait reçu cette fameuse lettre en mai. L’enveloppe contenait des photographies qui ne laissaient aucune place au doute et une facture d’un montant tout à fait exagéré – surtout qu’on ne pouvait pas dire qu’il avait passé commande.
    Ce fut un moment très dur. Toutefois, il avait appris à vivre avec cette découverte. Il avait supporté la situation tant qu’il avait cru qu’elle tenait à lui et n’avait pas eu le choix. La véritable torture avait commencé lorsqu’il avait compris qu’elle ne l’aimait plus ou – pire – qu’elle ne l’avait peut-être jamais aimé. Cette idée insupportable s’était rapidement transformée en un fleuve déchaîné vers lequel affluaient

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