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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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déjà un bon nombre d’amis.
    Elle se pencha en avant, inquiète.
    — Ton bras te fait mal ?
    — Non, ça va.
    Il sourit. Son bras lui faisait affreusement mal mais l’écharpe le soulageait. Le coup de hache lui avait presque arraché le bras gauche, traversant la chair et brisant l’os. Sa tante avait dit qu’il avait eu de la chance, car les tendons n’avaient pas été sectionnés. Le corps est malléable, avait-elle expliqué. Les muscles se réparent, tout comme les os.
    Rollo en était l’exemple parfait. Il ne conservait plus aucune raideur de sa blessure. Son museau devenait blanc mais il était toujours aussi souple et vif.
    Rachel le dévisageait, le regard direct sous ses sourcils droits.
    — Ian, je sais que tu souffres et je préférerais que tu me dises de quoi il s’agit. Il s’est passé quelque chose ?
    Il s’était passé beaucoup de choses, il s’en passait toujours et il s’en passerait encore. Comment lui dire ? Pourtant, il le fallait.
    — Le monde est sens dessus dessous, lâcha-t-il enfin. Et tu es la seule constante de ma vie. La seule chose qui… me rattache à cette terre.
    Le regard de Rachel se radoucit.
    — Vraiment ?
    — Tu le sais parfaitement, bougonna-t-il.
    Il détourna les yeux, le cœur battant. Trop tard. Il avait commencé à parler ; il lui faudrait aller jusqu’au bout, peu importaient les conséquences.
    — Je sais ce que je suis. Je deviendrais un quaker pour toi, Rachel, mais je sais bien dans mon cœur que je n’en suis pas un. Je ne le serai probablement jamais. Je ne pense pas que tu voudrais m’entendre dire des paroles auxquelles je ne crois pas ni que je fasse semblant d’être ce que je ne peux pas être.
    — Non, dit-elle doucement. Ce n’est pas ce que je veux.
    Il rouvrit la bouche mais ne trouva plus rien à dire. Il se tut ; elle aussi. Le soleil l’avait à nouveau caressée, la pâleur de l’hiver cédant la place à un léger hâle.
    Les artilleurs chargèrent la dernière pièce de canon sur une carriole, posèrent le joug sur les bœufs et s’engagèrent sur la route menant à l’embarcadère en bavardant et en riant bruyamment. Quand ils se furent éloignés, le silence retomba. Il y avait encore des bruits : le clapotis du fleuve, le bruissement des branches de sycomore et, au loin, la clameur d’une armée en marche, le grondement de la violence imminente. Mais entre eux, le silence régnait.
    J’ai perdu . Elle était plongée dans ses pensées. Peut-être priait-elle ? A moins qu’elle ne cherche les mots pour l’éconduire en douceur ?
    Soudain, elle redressa la tête puis se leva. Elle pointa un doigt vers Rollo, à présent sur le ventre, immobile mais alerte, ses yeux jaunes suivant les moindres mouvements d’un gros rouge-gorge picorant dans l’herbe.
    — Ce chien est bien un loup, n’est-ce pas ?
    — Oui, enfin… en grande partie.
    Un bref éclat de lumière noisette lui indiqua que ce n’était pas le moment de pinailler.
    — Pourtant, c’est ton meilleur ami, une créature d’un grand courage et remplie d’affection, un être valeureux ?
    — Oui, répondit-il avec plus d’assurance.
    — Toi aussi, tu es un loup, je le sais. Mais tu es mon loup, autant que tu le saches.
    Il avait senti le feu monter en lui en l’entendant parler, un embrasement aussi rapide et puissant que celui d’une des allumettes de sa cousine. Il tendit la main, la paume en avant, prudemment au cas où elle s’embraserait à son tour.
    — Quand je t’ai dit un jour… que je savais que tu m’aimais…
    Elle s’avança et pressa sa paume contre la sienne, ses petits doigts frais entrelaçant les siens.
    — Je te dis à présent que je t’aime. Et si tu pars chasser la nuit, je sais que tu rentreras auprès de moi.
    Sous le sycomore, le chien bâilla et posa son museau entre ses pattes.
    — Et je dormirai à tes pieds, murmura Ian.
    Il passa son bras valide autour de ses épaules. Ils rayonnaient comme un soleil.

 
    Note de l’auteur
    Le brigadier-général Simon Fraser
    Comme ceux qui lisent mes livres s’en sont probablement déjà rendu compte, il y a beaucoup de Simon Fraser en circulation au XVIII e  siècle. Le brigadier-général qui combattit vaillamment et fut tué à Saratoga n’appartenait pas aux Fraser de Lovat mais à ceux de Balnain. Ce n’était donc pas un descendant direct du Vieux Renard, bien qu’il lui soit apparenté. Il fit une illustre carrière militaire, participant

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