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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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néanmoins une tentative, la main tendue.
    — William, croyez-moi…
    — Je vous crois, riposta-t-il. Et je ne veux pas en savoir davantage. Merde !
    Il pivota sur ses talons et envoya dans la boiserie un coup de poing qui ébranla la pièce. Il arracha sa main du trou qu’il venait de faire et sortit. J’entendis des craquements tandis qu’il arrachait des balustres de la rampe d’escalier et j’arrivai sur le seuil juste à temps pour le voir balancer un grand morceau de bois par-dessus son épaule et le projeter dans le lustre en cristal de la cage d’escalier. Il vola en éclats dans une pluie de fragments étincelants. L’espace d’un instant, William se tint en équilibre au bord du vide qu’il venait de créer dans labalustrade et je crus qu’il allait tomber. Puis il recula et lança un autre morceau de bois dans ce qui restait du lustre en émettant un son qui pouvait être un grognement d’effort comme un sanglot.
    Ensuite il dévala l’escalier, frappant du poing tout le long du lambris en laissant des traces sanglantes. Il donna un grand coup d’épaule dans la porte d’entrée, rebondit, puis l’ouvrit et sortit comme un fou.
    Je restai figée sur le palier dévasté. De minuscules libellules multicolores dansaient sur les murs et le plafond, jaillies des éclats de cristal jonchant le sol.
    Je perçus un mouvement en contrebas et une ombre s’avança dans le hall. Une petite silhouette sombre entra lentement par la porte. Repoussant la capuche de sa cape, Jenny Fraser Murray contempla les dégâts autour d’elle puis leva la tête vers moi, ses yeux pétillant d’humour.
    — Tel père, tel fils, observa-t-elle. Que Dieu nous aide !

62
    L’heure du loup
    L’armée britannique quittait Philadelphie. Le Delaware était envahi de navires et les bacs allaient et venaient sans interruption entre l’embarcadère de State Street et Cooper’s Point. Trois mille loyalistes fuyaient également la ville, craignant d’y rester sans la protection des Anglais. Le général Clinton leur avait promis une escorte. Toutefois, c’étaient surtout leurs montagnes de bagages qui semaient la pagaille. Ils s’entassaient sur les quais, manquaient faire chavirer les bacs et prenaient trop de place à bord des vaisseaux. Ian et Rachel étaient assis sur la berge, à l’ombre d’un grand sycomore aux branches tombantes, observant le démontage d’un poste d’artillerie à une centaine de mètres.
    Les artilleurs travaillaient en bras de chemise, leurs vestes bleues pliées sur l’herbe. Ils retiraient les canons qui avaient protégé la ville et les préparaient à l’embarquement. Ils travaillaient sans hâte et ne prêtaient pas attention aux éventuels spectateurs. Cela n’avait plus grande importance à présent.
    — Tu sais où ils vont ? demanda Rachel.
    — Oui. D’après Fergus, ils partent vers le nord, pour renforcer New York.
    — Tu l’as vu ?
    Elle se tourna vers lui, l’ombre des feuilles au-dessus de leurs têtes dansant sur son visage.
    — Oui, il est rentré chez lui la nuit dernière. Il est en sécurité maintenant que l’armée et les Tories s’en vont.
    — « En sécurité », répéta-t-elle sceptique. Qui est en sécurité de nos jours ?
    Elle avait ôté son bonnet en raison de la chaleur et écarta les mèches moites de son visage. Il sourit mais ne répondit pas. Elle savait aussi bien que lui à quel point toute sécurité était illusoire.
    — Fergus dit que les Britanniques ont l’intention de couper les colonies en deux, dit-il. Ils veulent séparer le Nord du Sud et les affronter séparément.
    — Et comment sait-il tout ça ? demanda-t-elle surprise.
    — C’est un officier britannique qui le lui a dit. Un certain Randall-Isaacs.
    — Un espion, tu veux dire ? Pour quel camp travaille-t-il ?
    Elle pinça les lèvres. Ian ne savait pas trop dans quelle catégorie tombait l’espionnage chez les quakers et préférait ne pas aborder le sujet. La philosophie quaker était un sujet délicat.
    — Il se fait passer pour un agent américain mais ce pourrait être de la poudre aux yeux. En temps de guerre, on ne peut faire confiance à personne.
    Elle s’adossa au sycomore, les mains derrière le dos.
    — Tu ne te fies donc à personne ?
    — Si, à toi. Ainsi qu’à ton frère.
    — Et à ton chien, ajouta-t-elle en montrant Rollo qui se roulait dans l’herbe. A ta tante et ton oncle, aussi. Ainsi qu’à Fergus et à sa femme. Cela fait

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