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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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beaucoup de gens qui vont tous les
jours lui demander en secret s’il a éclairci quelque chose dans les
longues conférences qu’il a eues avec nous ; il leur montre
les cahiers où il a mis toutes les objections que les protestants
ont coutume de faire,
avec les réponses que nous lui avons
données à la marge
 ; par là il leur fait voir qu’il n’a
rien omis pour la défense de la cause
commune
et qu’il ne
s’est rendu qu’à l’extrémité. »
    Fénelon vante à Seignelai ce
désintéressement
, nécessaire pour éviter les soupçons qui
pourraient empêcher Bernon d’être écouté avec fruit et il lui
écrit : « Il me parait fort à souhaiter : qu’une
conduite si
édifiante
ne le prive pas des libéralités du
roi et que la pension lui soit gardée, pour la recevoir quand ces
raisons
de charité
cesseront. »
    Fénelon n’était pas le seul à trouver
édifiante
la conduite de misérables, achetés pour jouer
double jeu et trahir leurs co-religionnaires.
    Le chancelier d’Aguesseau, sollicitant une
gratification pour un ancien de l’église de Cognac
dont on
tenait la conversion secrète
, invoque cette raison à l’appui
de sa demande, qu’on peut se servir
utilement
de cet homme
dans la suite
. Il déclare qu’il est important que les
ministres qui se convertiront,
continuent quelque temps leurs
fonctions
,
après avoir secrètement abjuré
.
    Le cardinal de Bonsy négocie la conversion
d’un ministre, résolu à se déclarer, mais il estime qu’il vaudrait
mieux se servir de lui
pour en gagner d’autres
avant qu’il
se déclarât. Je n’ai pu encore le faire expliquer
sur les
conditions
 », ajoute le cardinal qui prépare le marché à
conclure.
    Saint-Cosme, président du consistoire de
Nîmes, abjure secrètement devant l’archevêque de Paris ;
sur les conseils de cet archevêque et du duc de Noailles
,
il conserve ses fonctions
deux ans
encore après avoir
abjuré, trahissant et dénonçant ses anciens co-religionnaires. Une
conduite si
édifiante
est récompensée par une pension de
deux mille livres et le grade de colonel des milices.
    Dans leur animosité contre les huguenots, les
juges en venaient à commettre sans le moindre scrupule de
monstrueuses iniquités. Le président du parlement de Bordeaux,
Vergnols, après la condamnation d’un huguenot aux galères
perpétuelles, ne craint pas d’écrire au secrétaire d’État :
« Je vous envoie une copie ci-jointe d’un arrêt que nous avons
rendu ce matin contre un ministre mal converti. Je dois bien dire,
monsieur, que la preuve était délicate,
même défectueuse
dans le chef principal, et que néanmoins
le zèle des juges est
allé au-delà de la règle
, pour faire un exemple. »
    Parfois c’est un juge lui-même qui invente un
crime ou un délit pour faire mettre en cause un huguenot. Ainsi
l’intendant Besons écrit à Colbert : « Nous avions cru
devoir faire des procès à ceux qui étaient accusés d’avoir menacé
et maltraité des personnes pour s’être converties. Comme l’on est
venu à recoller les témoins, l’accusation s’est trouvée
fausse
, le juge qui l’avait faite,
ayant supposé trois
témoins et contrefait leur seing
, sans qu’ils en eussent
jamais ouï parler. »
    Cette absence générale de sens moral se
manifeste encore dans la manière dont le roi et ses collaborateurs
appliquent la règle posée par Richelieu et Mazarin de réserver tous
les droits et toutes les faveurs pour les catholiques ; ou
pour les huguenots
dociles
 ; c’est-à-dire pour ceux
qui, trafiquant de leur conscience, abandonneraient la religion
qu’ils croyaient la meilleure, en
demandant du retour
pour
se faire catholiques.
    Il avait fallu que l’éclat des services lui
forçât la main, pour que Louis XIV dérogeât en faveur de Turenne,
de Duquesne et de Schomberg à la règle de n’accorder qu’à des
catholiques ou à des convertis les hauts grades de l’armée ou de la
marine.
    Quant aux autres officiers de terre ou de mer
huguenots, on leur laissait inutilement attendre les grades et
l’avancement auxquels leurs services leur donnaient droit. Beaucoup
d’entre eux, quand on leur montrait que leur croyance était le seul
obstacle à la réalisation de leurs désirs, n’avaient pas la même
fermeté que Duquesne et Schomberg, déclinant les offres les plus
tentantes, en disant : « Il doit suffire au roi que
nos services soient bons catholiques
 ».
    Madame de Maintenon veut

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