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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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changé celui d’une demoiselle si prévenue
contre la vraie religion, mettra d’abord dans celui de Sa Majesté
le désir de faire ce qu’elle a déjà fait tant de fois pour
faciliter les conversions ; une pension lèvera toutes les
difficultés et mettra cette personne en sûreté pour toute sa
vie. »
    Quand il s’agissait de gens de qualité, le
chiffre de la pension était assez élevé ; ainsi la pension
donnée au fils aîné du comte de Roye, à l’occasion de sa
conversion, était de douze mille livres. On accordait des pensions
de conversion, même à des étrangers, comme l’anglaise Ogelthorpe ou
l’érudit allemand Kuster, qui reçut une pension de deux mille
livres.
    On donna tant et tant que l’on ne put plus
payer, et qu’en 1699 Louis XIV fut obligé de prescrire de ne plus
pensionner que des gens très dignes par leur qualité et leurs
mérites et par un besoin très effectif.
    Cette prudente prescription ne fut pas suivie,
l’ardeur aveugle des convertisseurs ne le permettait pas ;
c’est pourquoi, ainsi que le dit Rulhières, « la plupart des
pensions ne furent plus payées, l’on eut cet étrange spectacle de
convertis abusés et de convertisseurs infidèles. »
    Louvois, accablé de réclamations de convertis
abusés, répondait cyniquement : « Les pensions sont pour
les gens
à convertir
et non pour ceux qui sont
convertis.
    Cependant plusieurs de ces pensions de
convertis furent payées jusqu’à la Révolution, et le 6 avril 1791
l’Assemblée nationale sanctionnait encore un état de ci-devant
pensionnaires, auxquels il était accordé des secours, état sur
lequel figurait Christine-Marguerite Plaustrum, née en 1715, avec
cette mention : « Pension de trois cents livres, accordée
à titre de subsistance et en considération de sa conversion à la
foi catholique. »
    Ce n’était pas seulement par les honneurs, des
grades, des places et des pensions que l’on avait procédé à l’achat
des consciences. Bien avant la révocation, on avait créé une caisse
des conversions pour acheter
au rabais
les abjurations des
petites gens, et cela au prix d’une somme modique une
fois
payée
. Cette caisse avait pris un grand développement depuis
que le roi lui avait affecté le tiers du produit des économats, et
on en avait confié l’administration au converti Pélisson, ancien
serviteur du surintendant Fouquet, ce brocanteur expert des vertus
de la cour. Les évêques et les intendants rivalisaient d’ardeur
pour obtenir à l’aide des fonds envoyés par Pélisson le plus grand
nombre possible de conversions à bon marché.
    Pélisson écrit cependant à ses collaborateurs
de province que c’est
beaucoup trop cher
, que d’avoir,
comme dans les vallées de Pragelas, acheté sept ou huit cents
conversions au prix de deux mille écus. Il invite les évêques et
les intendants à imiter ce qui s’est passé dans le diocèse de
Grenoble, où les abjurations ne sont jamais allées au [3] prix de
cent francs
et sont même
demeurées
extrêmement au-dessous
. Il leur rappelle que les
listes de convertis passent sous les yeux du roi, et les avertit
qu’ils ne peuvent, faire mieux
leur cour
à Sa Majesté,
qu’en faisant produire aux sommes qu’il leur envoie le plus grand
résultat possible, c’est-à-dire beaucoup de conversions pour très
peu d’argent. Ces adjurations pressantes produisirent leur effet,
puisque Rulhières a pu dire, après avoir compulsé toutes les
archives du gouvernement : « Le prix
courant
des
conversions était, dans les pays éloignés, à six
livres
par tête de converti, il y en avait
à plus bas prix
. La
plus chère que j’aie trouvée,
pour une famille nombreuse
,
est à 42 livres. »
    « En Poitou, dit Jurieu, de son côté,
certains marchandèrent, et tel, à qui l’on ne voulait donner
qu’une pistole
, tint ferme et finit par obtenir
quatre
écus
pour se convertir ; mais quelques-uns n’eurent que
sept sols
, enveloppés dans un petit papier. »
    Pour grossir, leurs listes, les convertisseurs
usaient en outre de
fraudes pieuses
.
    La liste des convertis ayant été signifiée à
plusieurs consistoires, dit Élie Benoît, on put constater que les
mêmes personnes étaient portées deux fois, que plusieurs indiqués
comme ayant abjuré, avaient toujours été catholiques, etc.
    M. Paulin Paris, qui a retrouvé aux
archives nationales deux listes de convertis
parisiens
pour les années de 1677 et 1679, a

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