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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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cet Agostino.
    — En ce cas qui pensez-vous que ce soit ? Un fou ?
    — Un fou qui tiendrait Ricci sous sa coupe et l’obligerait à une obéissance absolue ? Je dirais plutôt un cerveau… Peut-être un chef de la Mafia en Amérique ?
    — Pour commettre de tels meurtres il faut avoir l’esprit dérangé… et je vois mal cet homme brutal, cynique et sans scrupules, ce maître d’un véritable empire financier asservi à un fou…
    Betty Bascombe se leva, secouant machinalement sa jupe puis vint se planter devant Morosini, bras croisés :
    — En résumé vous êtes venu pour quoi exactement ?
    — D’abord pour retrouver les joyaux historiques dont il s’est emparé par deux fois en assassinant deux femmes. Ensuite faire tout ce qui est en mon pouvoir pour venger la mort d’une autre…
    — Et vous êtes seul au monde, vous n’avez pas de famille ?
    — Si. Je suis marié et heureux. J’ai aussi des enfants…
    — Alors je vais répéter le conseil que je vous ai donné l’autre jour : allez-vous-en ! Ce qui ce passe ici ne vous regarde pas et vous vous briserez sans profit pour quiconque. À moins que vous ne disposiez de nombreux soutiens…
    — Aucun en dehors de Ted… et de vous en qui j’espérais beaucoup.
    — Autrement dit, personne. Ceci est ma guerre à moi et je n’ai à y laisser qu’une vie dont la vengeance est le seul intérêt. Quant à Ted, il a les pieds sur terre et, après ce que vous a raconté cet Agostino, je serais surprise qu’il veuille se lancer plus avant dans une aventure où il aurait tout à perdre. Or jusqu’à votre arrivée, il se trouvait satisfait de son sort. Ne vous y trompez pas : vous êtes seul et le resterez ! Adieu…
    À pas rapides, Betty entra dans sa maison dont elle referma soigneusement la porte derrière elle : Aldo put l’entendre tirer les verrous. Une façon un peu brutale de laisser entendre que l’entretien était terminé et qu’il n’y en aurait pas de suivant.
    Il revint lentement vers sa bicyclette qu’il enfourcha mais resta là un moment, assis sur la selle et l’épaule appuyée au tronc du pin à regarder la maison muette avec les yeux de la déception. Il avait espéré en cette femme, pensant stupidement qu’elle accueillerait à bras ouverts un allié imprévu, une volonté sincère de partager son combat mais il n’en était rien. Si inégale qu’elle fût, sa lutte – celle du pot de terre contre le pot de fer ! – elle entendait la garder pour elle et ne le lui avait pas envoyé dire : c’était sa guerre à elle, une vendetta impitoyable qu’elle était prête à payer de sa vie.
    Pensant qu’il n’avait plus rien à faire à cet endroit, Aldo rentra à White Horse Tavern. Ted était au bar en train d’essuyer des chopes anciennes et de vérifier le miroitement des verres. Il accueillit son client avec une grimace qui pouvait passer pour un sourire.
    — Bien dormi ? Voulez-vous déjeuner ?
    — C’est fait depuis longtemps. Je suis même allé rendre visite à Mrs Bascombe mais je prendrais volontiers un café !
    À l’exception peut-être de la nombreuse colonie italienne immigrée, Ted Mawes était sans doute le seul Américain capable de faire un café convenable et Aldo en profitait le plus souvent possible. Ted s’empressa de le servir mais le dos qu’il tourna était aussi réprobateur que possible sans qu’il eût besoin de dire un mot. Ce fut seulement quand il plaça le breuvage brûlant devant Morosini qu’il demanda :
    — Vous avez pu en tirer quelque chose ?
    — Rien… sinon un refus formel d’accepter mon aide.
    — Vous lui avez raconté l’histoire de cette nuit ?
    — Naturellement. Elle s’est contentée de dire que cela expliquait certaines choses. Sans plus.
    — Ah bon ! C’est ce qu’elle a dit ?
    — En termes propres. Ça vous étonne ?
    — Un peu, oui !
    Ted s’adjugea aussi un café et s’accouda au bois poli du bar en face d’Aldo :
    — Je n’ai pas réussi à dormir quand nous sommes rentrés. En revanche je n’ai pas arrêté de réfléchir. On est en train de se mêler, vous et moi, de ce qui ne nous regarde pas…
    — Des meurtres à répétition, la condamnation d’un innocent regardent tout homme digne de ce nom, fit Morosini cassant. Ne me dites pas que vous avez l’intention de laisser tomber ?
    — Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse d’autre ? Vous vous rendez compte du rapport des forces ? Si

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