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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Aldo de constater que l’inspecteur Jim Pointer n’avait pas changé lui non plus : c’était toujours la même carrure de grenadier surmontée d’un long visage dont les incisives proéminentes évoquaient irrésistiblement un lapin. La vue de Morosini eut l’air de lui faire plaisir mais on ne lui laissa guère de temps pour la joie des retrouvailles :
    — Allez me chercher le dossier Teresa Solari ! Décembre 1921 ! lui enjoignit son patron.
    — Oh, je n’ai pas oublié ! Heureux de vous voir, sir ! réussit-il à placer avant de s’éclipser.
    — Moi aussi, inspecteur ! dit Morosini à la porte qui se refermait cependant que par l’entrée principale le planton surgissait armé du plateau à thé. Il était en effet cinq heures et le sacro-saint breuvage devait circuler dans toute la maison comme dans tout le reste de l’Angleterre. Aldo détestait le thé et eût donné n’importe quoi pour un bon café mais le divin nectar était outrageusement inconnu dans le Royaume-Uni où l’on osait servir sous son nom – sauf au Ritz d’origine suisse ! – une accablante tisane que le Vénitien soupçonnait de provenir en droite ligne des glands de la forêt druidique. En outre deux tasses figuraient sur le plateau, signe tangible de l’estime où le tenait Scotland Yard puisqu’il était l’ami du patron. Aussi se résigna-t-il à avaler l’eau chaude additionnée de sucre et de lait qu’on lui offrait.
    De son côté, l’inspecteur Pointer fit preuve d’une remarquable célérité : le sous-main de Warren était encore chaud quand il déposa le dossier demandé que d’ailleurs le policier n’ouvrit pas. Il s’agissait d’une liasse épaisse et, devinant que Warren préférait le consulter seul, Morosini se leva et prit congé en annonçant son intention de revenir le lendemain si Warren n’y voyait pas d’inconvénients.
    — À moins que vous n’acceptiez de dîner ce soir avec moi ? proposa-t-il.
    — N’est-il pas déjà convenu que nous nous retrouvions ce soir ?
    — Où ?
    — Mais chez Vidal-Pellicorne ?
    Il prononçait « Pellicôôôôrne » d’une façon plutôt réjouissante mais Morosini était trop surpris pour s’amuser :
    — Adalbert ? Il est ici ?
    — Depuis une petite semaine, je crois. Oh, je vois que vous ne le saviez pas et je crains d’avoir gaffé !
    — Non. Je viens d’arriver et il l’ignore. Quant à moi je le croyais encore sur le Nil mais c’est une bonne nouvelle que vous m’annoncez là et je vais filer chez lui de ce pas ! À ce soir sans doute !
    Heureux tout à coup comme un collégien qui s’en va rejoindre un copain, Aldo quitta allègrement le siège de la police métropolitaine, héla un taxi et lui donna l’adresse d’Adalbert à Chelsea. En effet, depuis l’affaire de la Rose d’York qui les avait retenus longtemps à Londres, lui et Morosini, l’archéologue louait dans le quartier des artistes une charmante maison datant des Stuart ayant appartenu plus récemment au peintre Dante Gabriele Rossetti. Il s’y était tellement plu qu’il l’avait gardée ce qui lui permettait de venir, de temps à autre, surveiller ce qui se passait chez ses rivaux du British Museum. Depuis la découverte de la tombe de Tout-Ank-Amon qu’il ne parvenait pas à digérer, il brûlait de leur damer le pion d’une manière quelconque. Et tandis que sa voiture se frayait un passage dans les encombrements de la City en cette fin de journée Morosini pensait qu’il devait y avoir une excellente raison pour qu’Adalbert fût parti d’Égypte et eût gagné Londres sans passer par Paris. Surtout sans récupérer son fidèle Théobald seul capable de lui assurer le confort douillet dont il était bien obligé de se priver sur les chantiers de fouille.
    Pourtant quand Aldo sonna à la porte de chêne au vernis aussi étincelant que ses cuivres, ce fut le même Théobald qu’il découvrit derrière, drapé dans un vaste tablier blanc. La surprise fut totale pour tous les deux.
    — Son… euh Excellence ? émit celui-ci avec une sorte de hoquet.
    — Vous ? Mais qu’est-ce que vous faites là ?
    — Monsieur le Prince voit : mon service !
    — Pourquoi ne m’avez-vous pas prévenu de votre départ ? Vous êtes ici depuis quand ?…
    — Trois jours, Excellence, trois jours ! Monsieur m’a convoqué par télégramme. J’ai fait mon sac, fermé la rue Jouffroy et je suis parti.
    — Encore une fois pourquoi

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