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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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aucune satisfaction pour mon… délit ?
    — La majorité des chrétiens n’ose pas s’opposer au
sacré, le contredit don Julián. La simple menace d’excommunication ipso facto à
l’encontre de quiconque attente au droit d’asile suffit à effrayer leurs
pieuses consciences.
    Instinctivement, Hernando porta la main à ses reins et se
souvint de la rapidité avec laquelle, à cette seule mention, José Velasco et
ses hommes l’avaient lâché.
    — Mais le comte d’Espiel, comme beaucoup d’autres
nobles, reprit le prêtre, peut employer des gens pour agir en son nom, afin de
ne pas être excommunié. Ne fais confiance à personne. Dès qu’il apprendra que
tu es ici, ses hommes se posteront à chaque entrée pour empêcher qu’on te fasse
parvenir de la nourriture, qu’on te rende visite ; en résumé : pour
te rendre la vie impossible. Méfie-toi de quiconque t’approche dans le verger,
et même ici à l’intérieur. Ils pourraient t’enlever et te faire disparaître
dans une geôle des États du comte.
    — Cela signifie que, si on ne m’enlève pas…, murmura
Hernando, je serai obligé de rester ici toute ma vie ?
    Don Julián s’arrêta et, se tournant vers le Plongeur, il lui
fit signe, de manière autoritaire, de s’écarter.
    — Cela signifie, chuchota don Julián après s’être
assuré que Pérez se trouvait deux colonnes plus loin, que le moment est
peut-être venu pour toi de fuir aux Barbaresques.
    — Et ma mère ?
    Ce fut la seule question qui lui vint à l’esprit.
    — Elle peut venir avec toi.
    Les deux hommes se regardèrent. Tant d’illusions partagées
ensemble ! Tant de travail !
    — Je vais commencer à préparer ton voyage, ajouta don Julián,
tandis qu’Hernando réfléchissait en silence, favorable à cette idée.
    — Dans ce cas, n’oublie pas que je dois d’abord passer
par les Alpujarras, par le château de Lanjarón…
    — L’épée ?
    — Oui, confirma-t-il, le regard perdu dans la forêt de
colonnes. L’épée de Mahomet.
    — Ce sera risqué, mais possible, j’imagine, considéra
le prêtre. En dépit de l’interdiction et des nouvelles déportations qui ont eu
lieu à Grenade, de nombreux Maures reviennent dans ce royaume.
    Don Julián sourit.
    — Quelle attraction magique possèdent ses crépuscules
flamboyants ! De Grenade tu pourrais rejoindre les côtes de Málaga ou
d’Almería et embarquer sur un navire maure de Vélez, Tétouan, Larache ou Salé.
     
    À la nuit tombée, Hernando quitta la cathédrale et sortit
dans le verger. Don Julián lui avait promis qu’il s’occuperait de tout ;
aussi bien de préparer sa fuite que d’intercéder pour lui auprès du grand
vicaire. Il retrouva Aisha qui l’attendait. Don Julián avait donné l’ordre
qu’on la prévienne.
    — Nous allons partir aux Barbaresques, lui annonça-t-il
dans un murmure, après avoir une nouvelle fois expliqué ce qui s’était passé.
    Dans la pénombre, il fut incapable de percevoir que le
visage de sa mère se décomposait.
    — Je suis trop vieille pour ce genre d’aventure…,
s’excusa Aisha.
    — J’ai vingt-six ans, mère. Tu m’as eu à quatorze ans,
donc tu n’es pas si âgée ! Nous irons d’abord à Grenade et de là, ou de
Málaga, nous n’aurons aucun mal à traverser jusqu’à Tétouan.
    — Mais…
    — Nous n’avons pas d’autre solution, mère, sauf si tu
veux que je tombe aux mains du comte. Et ce ne sera pas facile, avait-il conclu
avec don Julián. Nous devrons attendre que les jours passent et que les hommes
du comte d’Espiel se fatiguent et relâchent la surveillance à laquelle, sans
aucun doute, ils vont me soumettre. Tu dois te tenir prête.
    Malgré la hâte et le choc causé par la nouvelle, Aisha avait
veillé à lui apporter un peu à manger : du pain, de l’agneau et des
fruits ; quant à l’eau, elle ne manquait pas à la source du verger. Les
offices de complies venaient de se terminer lorsque Aisha prit congé de son
fils. Les gardiens fermaient les portes d’accès à la cathédrale et tous ceux
qui s’y étaient réfugiés, ou qui se contentaient de marauder à l’intérieur,
s’installèrent dans le grand verger. Certains partirent ; les reclus ou
demandeurs d’asile se regroupèrent aux endroits qu’ils gagnaient peu à peu, à
coups de poing, les uns sur les autres. À l’exception de la porte du Pardon, du
clocher et d’une partie destinée au consistoire de l’archidiacre,

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