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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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répondre. Les
Danes, qui savaient très bien que Hrothweard était le conseiller de Guthred, voulaient
sa mort. Pendant ce temps, le prêtre s’était agenouillé dans l’herbe et
suppliait Guthred, les mains jointes.
    — Es-tu le voleur ? demanda Guthred,
incrédule.
    — J’ai trouvé la relique dans son bagage,
seigneur, expliqua Finan en lui tendant le pot d’or. Il était enveloppé dans un
de ses linges, seigneur.
    — Il ment ! protesta Hrothweard.
    — Il est ton voleur, seigneur, dit
respectueusement Finan en se signant. Je le jure sur le corps sacré du Christ.
    — C’est un sorcier ! hurlai-je aux
Danes. Il donnera la tremblante à vos bêtes et ruinera vos récoltes. Il rendra
vos femmes stériles et vos enfants malades ! Le voulez-vous ?
    Un rugissement s’éleva, et Hrothweard fut
secoué de sanglots.
    — Vous le pouvez prendre, dis-je, si vous
reconnaissez Guthred comme votre roi.
    Ils crièrent leur allégeance, frappant leurs
boucliers de leurs armes, mais cette fois pour acclamer Guthred. Je me penchai
et m’emparai de ses rênes.
    — Le moment est venu de les saluer, seigneur,
soufflai-je. Sois généreux avec eux.
    — Mais… commença-t-il en regardant
Hrothweard.
    — C’est un voleur, seigneur, et les
voleurs doivent mourir. Telle est la loi. C’est ce que ferait Alfred.
    — Oui, dit Guthred.
    Nous livrâmes donc Hrothweard aux païens et l’entendîmes
agoniser. J’ignore ce qu’ils en firent, car il ne resta guère du cadavre, mais
son sang teinta les herbes là où il mourut.
    Cette nuit-là, nous eûmes un maigre festin. Maigre,
car nous n’avions guère de vivres, mais il y avait d’ale en abondance. Les
thanes danes prêtèrent allégeance à Guthred, pendant que prêtres et moines se
blottissaient dans l’église, s’attendant à être massacrés. Hrothweard était
mort et Jænberht avait été tué. Ils pensaient connaître eux-mêmes le martyre, mais
une dizaine de gardes personnels de Guthred veillèrent sur eux.
    — Je les laisserai bâtir leur chapelle
pour saint Cuthbert, me déclara Guthred.
    — Alfred t’en approuverait.
    Il contempla le feu qui brûlait dans la rue de
Cetreht. Ragnar, malgré sa main blessée, luttait avec un énorme Dane qui avait
servi Ivarr. Tous deux étaient plus qu’ivres et d’autres ivrognes les
encourageaient en faisant des paris sur le vainqueur. Guthred, pensif, les
regardait sans les voir.
    — Je n’aurais jamais cru, dit-il enfin, que
Hrothweard était un voleur.
    Gisela, enveloppée de ma cape et la tête
appuyée sur mon épaule, gloussa.
    — Nul homme ne croirait jamais que toi et
moi fûmes esclaves, seigneur, répondis-je. Et pourtant, nous l’étions.
    — Oui, s’émerveilla-t-il. Nous l’étions.
    C’est ainsi que les trois fileuses tissent nos
vies. Elles sont assises au pied d’Yggdrasil et c’est là qu’elles accomplissent
leurs tours. Cela les avait amusées de faire de Guthred l’esclave le roi
Guthred, tout comme il leur plaisait de me renvoyer dans le Wessex.
    Cependant à Bebbanburg, où la mer grise ne
cesse de frapper les longues grèves de sable pâle et où le vent glacial faisait
trembler la bannière à tête de loup, on redoutait mon retour.
    Car le destin ne peut être trompé. Il nous
gouverne, et nous sommes tous ses esclaves.

Note historique
    Les Seigneurs du Nord commence environ un mois après l’étonnante victoire remportée par
Alfred sur les Danois à Ethandun, histoire racontée dans Le Quatrième
Cavalier. Guthrum, chef de l’armée vaincue, battit en retraite à Chippenham,
où Alfred l’assiégea, mais les hostilités se terminèrent rapidement, dès que
les deux hommes eurent conclu un traité de paix. Les Danes quittèrent le Wessex,
et Guthrum et ses grands seigneurs devinrent des chrétiens. Alfred, en échange,
instaura Guthrum comme souverain d’Estanglie.
    Les lecteurs des deux précédents tomes de
cette série sauront que Guthrum était connu pour ne guère respecter les traités.
Il avait rompu la trêve conclue à Wareham puis celle signée à Exeter, mais il
respecta ce dernier accord. Il accepta Alfred comme son parrain et fut baptisé
chrétiennement du nom d’Æthelstan. Selon une tradition, il prit le baptême sur
des fonts encore visibles dans l’église d’Aller, dans le Somerset, et il semble
que sa conversion fut sincère, car une fois revenu en Estanglie il régna en
monarque chrétien. Les négociations entre Guthrum et

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