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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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veut dire que nul ne traverse les
rangs ennemis chargé de son trésor. Il est en sûreté ici, et si nous survivons
nous reviendrons le prendre.
    Elle ne répondit pas. Nous allâmes jeter dans
la rivière la terre que j’avais recueillie dans ma cape.
    Au matin, nous partîmes à cheval pour l’Est. Nous
allions à Lundene, car c’est de là que partent toutes les routes. Le destin me
menait. Nous étions en l’an 878, j’avais vingt et un ans et je croyais pouvoir
conquérir le monde entier par mes épées. J’étais Uhtred de Bebbanburg, celui
qui avait tué Ubba Lothbrokson sur la grève et qui avait fait tomber de sa
selle Svein du Cheval Blanc à Ethandun. J’étais l’homme qui avait rendu à
Alfred son royaume, et je le haïssais. Aussi allais-je le quitter. Mon chemin
serait tracé au fil de mon épée et me ramènerait chez moi. Dans le Nord.
    Lundene est la plus
grande cité de l’île de Bretagne. J’ai toujours aimé ses maisons délabrées et
ses ruelles fébriles, mais Hild et moi n’y restâmes que deux jours, logeant
dans une taverne saxonne dans la ville nouvelle à l’ouest des remparts romains
en ruine. La ville faisait alors partie de la Mercie et était garnie de Danes. Les auberges étaient remplies de
marins, d’étrangers et de marchands, et c’est l’un d’eux, Thorkild, qui nous
proposa de nous emmener en Northumbrie. Je lui dis m’appeler Ragnarson et, sans
plus me croire que me questionner, il nous prit à son bord moyennant deux
pièces d’argent et mes bras à l’une de ses rames. J’étais un Saxon, mais ayant
été élevé par les Danes j’en parlais la langue et Thorkild me prit pour l’un d’eux.
Mon casque, ma cotte de mailles et mes deux épées splendides lui indiquèrent
que j’étais un guerrier. Il dut me prendre pour un fugitif de l’armée en
déroute, mais il ne s’en souciait guère. Il avait besoin de rameurs. Certains
marchands n’utilisaient que des esclaves au banc de nage ; Thorkild, les
jugeant source d’ennuis, préférait employer des hommes libres.
    Nous partîmes à la marée, la cale pleine de
ballots de lin, d’huile de Franquie, de peaux de castors, de dizaines de belles
selles et de sacs en cuir remplis de moutarde et de cumin précieux. Dès que
nous eûmes quitté la ville pour l’estuaire de la Ternes, nous nous retrouvâmes
en Estanglie. Cependant nous n’en vîmes pas grand chose, car dès la première
nuit un pernicieux brouillard venu de la mer s’installa pour des jours. Certains
matins nous ne pouvions pas même naviguer, et même lorsque le temps s’améliorait
nous nous éloignions peu du rivage. J’avais voulu rentrer chez moi par mer, pensant
que ce serait plus rapide que par route, mais nous avancions comme des limaçons
dans un labyrinthe de bancs de vase, de ruisseaux et de courants traîtres. Nous
jetions l’ancre chaque soir, nous dûmes même rester toute une semaine dans un
marais d’Estanglie oublié des dieux parce qu’une planche de la coque se brisa
et que nous ne pûmes écoper assez vite. Il fallut hisser le navire sur une
grève boueuse et le réparer. Le temps que la coque soit calfatée, le temps
avait changé et le soleil brillait dans un ciel sans brume ; alors nous
partîmes vers le Nord, en nous arrêtant toujours chaque soir. Nous vîmes une
dizaine de navires, tous plus longs et étroits que le nôtre. C’étaient des
vaisseaux de guerre danes qui suivaient la même route. Sans doute étaient-ce
des fugitifs de l’armée battue de Guthrum qui repartaient au Danemark, en Frise
ou en quelque contrée plus facile à piller que le Wessex d’Alfred.
    Thorkild était un grand homme lugubre qui
devait avoir trente-cinq ans. Ses cheveux gris étaient noués en tresses qui
retombaient jusqu’à sa taille, et il ne portait nul bracelet indiquant des
prouesses de guerre.
    — Jamais je n’ai été un combattant, m’avoua-t-il.
J’ai été élevé comme marchand, je l’ai toujours été et mon fils prendra ma
suite à ma mort.
    — Tu habites à Eoferwic ? demandai-je.
    — À Lundene. Mais j’ai un grenier à
Eoferwic. C’est un bon endroit pour acheter les peaux.
    — Ricsig y règne-t-il toujours ?
    — Il est mort depuis deux ans. C’est un
certain Egbert qui a accédé au trône.
    — Il y avait un roi Egbert à Eoferwic
quand j’étais enfant.
    — C’est son fils, ou son petit-fils ?
Peut-être son cousin ? Il est saxon, pour sûr.
    — Alors, qui gouverne vraiment

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