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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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corps américains, agissant de concert avec eux, inquiétaient les postes britanniques, et s’approchant du côté de Jersey, semblaient menacer aussi l’armée royale. Ces diverses dispositions pouvaient annoncer également le projet d’un blocus ou celui d’une attaque à force ouverte. Mais sir Henry Clinton ayant intercepté des dépêches de Washington, se renferma dans ses lignes, et fut assez prudent pour n’avoir aucun égard aux sollicitations que lui faisait Cornwallis pour qu’il lui envoyât des secours.
    À la fin d’un beau jour de septembre, un assez grand nombre d’officiers supérieurs de l’armée américaine étaient réunis près de la porte d’un bâtiment situé au centre des troupes américaines, qui occupaient Jersey. L’âge, le costume et l’air de dignité de la plupart de ces guerriers annonçaient qu’ils occupaient un haut rang dans l’armée, mais on témoignait à l’un d’eux en particulier une déférence et une soumission, qui prouvaient qu’il avait la supériorité sur tous les autres. Son costume était simple, mais décoré des marques distinctives du commandement. Il était monté sur un superbe coursier bai, et un groupe de jeunes gens, remarquables par plus d’élégance, attendaient évidemment ses ordres, et étaient prêts à les exécuter. Personne ne lui adressait la parole que chapeau bas, et quand il parlait, toutes les physionomies indiquaient une attention profonde qui allait au-delà du respect prescrit par l’étiquette. Enfin, le général leva, lui-même son chapeau et salua gravement tous ceux qui l’entouraient. Ce salut lui fut rendu ; chacun se retira, et il ne resta près de lui que des gens à son service personnel et un seul aide-de-camp. Descendant de cheval, il recula quelques pas, et examina sa monture avec un regard qui était celui d’un connaisseur. Jetant alors un coup d’œil expressif sur son aide-de-camp, il entra dans la maison, et le jeune officier l’y suivit.
    En arrivant dans la chambre qui semblait avoir été préparée pour le recevoir, il prit une chaise et resta assez longtemps dans une attitude pensive, en homme habitué à réfléchir. Pendant ce silence, l’aide-de-camp attendait avec respect qu’il lui plût de lui donner quelque ordre. Enfin, le général levant les yeux sur lui, dit de ce ton doux et tranquille qui lui était habituel :
    – L’homme que je désirais voir est-il arrivé ?
    – Il attend le bon plaisir de Votre Excellence.
    – Je le recevrai ici, et vous me laisserez seul avec lui, s’il vous plait.
    L’aide-de-camp salua et se retira.
    Au bout de quelques minutes, la porte se rouvrit ; un homme entra dans l’appartement, et resta modestement à quelque distance du général sans parler. Le général ne le vit pas arriver ; il était assis près du feu absorbé dans ses méditations. Quelques minutes se passèrent, et il se dit lui-même à demi-voix :
    – Demain, il faut lever le rideau, et dévoiler nos plans. Puisse le ciel les faire réussir !
    Un léger mouvement que fit l’étranger en entendant le son de sa voix attira son attention ; il tourna la tête, et vit qu’il n’était pas seul. Il lui fit signe d’avancer près du feu, et l’étranger s’en approcha, quoique les vêtements, qu’il portait, et qui semblaient destinés à le déguiser plutôt qu’à le couvrir, lui rendissent la chaleur peu nécessaire. Un second geste, plein de douceur et de bonté, l’invita à s’asseoir ; mais l’étranger s’y refusa avec modestie. Enfin, après quelques minutes, le général se leva, et ouvrant un coffret qui était placé sur une table, il y prit un petit sac qui paraissait assez lourd.
    – Harvey Birch, dit-il alors, le moment où toutes relations doivent cesser entre nous est arrivé ; il faut qu’à l’avenir nous soyons, étrangers l’un pour l’autre.
    Le colporteur, laissa tomber sur ses épaules le grand manteau qui lui couvrait une partie du visage, regarda un instant le général avec un air de surprise, et baissant la tête sur sa poitrine, lui dit avec soumission :
    – Je me conformerai au bon plaisir de Votre Excellence.
    – C’est la nécessité qui l’exige. Depuis que je remplis la place qui m’a été confiée, il a été de mon devoir de connaître bien des gens qui, comme vous, m’ont servi d’instruments pour me procurer les renseignements dont j’avais besoin. Aucun n’a obtenu de moi la même confiance que vous,

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