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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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miliciens, en voyant arriver leurs ennemis, firent feu les premiers ; leur décharge fit effet, et les Anglais en furent un instant ébranlés. Cependant leurs officiers les eurent bientôt ralliés, et les volées de mousqueterie se succédèrent avec rapidité. Le feu fut meurtrier pendant quelques minutes ; mais alors les troupes régulières marchèrent contre les Américains la baïonnette en avant. Ceux-ci n’étaient pas assez bien disciplinés pour résister à une pareille attaque, leurs rangs se rompirent, se divisèrent en compagnies et en fragments de compagnies, et enfin le champ de bataille fut couvert d’Américains fuyant de toutes parts en désordre.
    Lawton avait vu jusqu’alors toutes ces opérations en silence et sans ouvrir une seule fois la bouche ; mais en ce moment la honte dont étaient couvertes les armes de son pays le saisit d’indignation ; il mit Roanoke au galop le long de la montagne, et rappela les fuyards à haute voix, leur montrant l’ennemi et leur disant qu’ils se trompaient de chemin. Il y avait en lui un tel mélange de sang-froid et d’ironie que quelques-uns s’arrêtèrent par surprise, d’autres se joignirent à eux, et enfin retrouvant quelques étincelles de courage en voyant l’intrépidité du capitaine, ils lui demandèrent de les reconduire à l’ennemi.
    – En avant donc, mes braves ! s’écria Lawton en tournant la tête de son cheval du côté de la ligne anglaise, dont un flanc était à peu de distance ; en avant ! et ne faites feu que lorsque vous serez assez près d’eux pour leur brûler les sourcils.
    Ils marchèrent au pas de charge suivant l’exemple du capitaine, et ne tirèrent pas un seul coup avant d’être à quelques pas de l’ennemi. Un sergent anglais caché derrière une pointe de rocher, furieux de l’audace d’un officier qui osait ainsi braver des armes déjà victorieuses, se montra à découvert, et s’avança vers Lawton en le couchant en joue.
    – Si tu tires, tu es mort ! s’écria le capitaine en pressant les flancs de son coursier qui se précipita vers son ennemi à l’instant même. Ce mouvement et le son de la voix de Lawton ébranlèrent le sergent anglais, dont la main tremblante lâcha son coup sans bien l’ajuster. Roanoke sauta les quatre pieds en l’air, et tomba mort aux pieds de son ennemi. Lawton se maintint sur ses pieds et se trouva face à face avec le sergent, qui lui présenta la baïonnette en cherchant à lui en enfoncer la pointe dans la poitrine. Des étincelles de feu jaillirent de l’acier de leurs armes ; la baïonnette sauta à cinquante pieds dans l’air, et un second coup de sabre étendit l’Anglais sans vie sur le carreau.
    – En avant ! s’écria le capitaine en voyant arriver un corps anglais qui s’apprêtait à faire une décharge générale, en avant ! répéta-t-il en brandissant son sabre. En prononçant ces mots, il tomba lentement en arrière, comme un pin majestueux frappé par la hache ; cependant sa main continuait à serrer la poignée de son sabre, et les mots : – En avant ! qu’il répéta encore une fois d’une voix forte, furent les derniers qui sortirent de sa bouche.
    Les Américains qui avançaient s’arrêtèrent en voyant tomber leur nouveau chef, et, prenant la fuite une seconde fois, ils abandonnèrent la victoire aux troupes royales.
    Il n’entrait ni dans les intentions ni dans la politique du commandant anglais de poursuivre les fuyards. Il savait que de forts détachements américains ne tarderaient pas à arriver, et ayant fait relever ses blessés, il forma sa troupe en bataillon carré et se mit en retraite vers l’Hudson. Vingt minutes après la mort de Lawton, il ne se trouvait plus sur le champ de bataille ni Anglais ni Américains.
    Lorsqu’on avait appelé aux armes les habitants du pays, on avait attaché des chirurgiens à chaque corps ; mais les hommes instruits dans cette profession étant encore rares à cette époque dans les provinces de l’intérieur, le docteur Sitgreaves avait pour eux autant de mépris que le capitaine Lawton en avait lui-même pour les miliciens. Il se promenait donc sur le champ de bataille, regardant avec un air de désapprobation la manière dont on y exécutait quelques légères opérations de chirurgie. Mais quand au milieu des troupes de fuyards qui arrivaient de tous côtés il ne vit nulle part son ami, son camarade, il courut à l’endroit où Hollister était posté, pour

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