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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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infliger au public un second ouvrage dont le sujet n’admettrait aucune mauvaise interprétation, non seulement par le lieu de la scène, mais en lui-même. Il choisit le patriotisme pour thème, et il est à peine nécessaire de dire à ceux qui lisent cette introduction et les feuilles suivantes qu’il a pris le héros de l’anecdote qu’on vient de raconter comme le meilleur exemple de la vertu en question dans son sens le plus absolu.
    Depuis la publication de l’Espion , il a paru plusieurs relations sur différentes personnes qu’on supposait avoir été présentes à la pensée de l’écrivain. Comme M… ne nomme pas son agent, l’auteur ne sait rien de plus sur son identité avec tel ou tel individu, que n’en sait celui qui a parcouru ces lignes. Washington et sir Henry Clinton ont eu tous deux un nombre considérable d’émissaires secrets ; il était à peine possible qu’il en fût autrement dans une lutte qui offrait tant de ressemblance avec une guerre civile, où les peuples ennemis avaient été unis par des liens de famille et parlaient la même langue.
    Le style de l’ouvrage a été revu par l’auteur pour cette édition ; il s’est efforcé de le rendre, sous ce rapport, plus digne de l’accueil favorable qu’il a reçu ; mais il est forcé de reconnaître qu’il s’y trouve des défauts si bien liés avec la structure du roman, que, semblable aux édifices ruinés, il serait plus facile de reconstruire que de réparer. Dix années ont produit en Amérique l’effet d’un siècle ; et parmi tous les progrès, ceux de sa littérature n’ont pas été les moins remarquables. À l’époque où l’Espion parut, on attendait si peu de succès d’un ouvrage de ce genre, que le premier volume fut imprimé plusieurs mois avant que l’auteur reçût des encouragements suffisants pour tracer un mot du second. Les efforts tentés dans une cause désespérée sont rarement dignes de celui qui les fait, quelque bas qu’il soit nécessaire de placer le niveau de son mérite en général.
    Un horizon plus brillant commence à se lever sur la république qui est au moment d’occuper, parmi les nations du monde, le rang que la nature lui assigne et que ses institutions lui assurent. Si, dans une vingtaine d’années, le hasard faisait tomber une copie de cette préface aux mains d’un Américain, il sourira sans doute à la pensée qu’un de ses concitoyens a pu hésiter à terminer une tâche déjà avancée par la seule cause de la méfiance qu’inspirait la disposition de la contrée à lire un ouvrage qui traitait de ses intérêts les plus intimes.
    Paris, avril 1831.

CHAPITRE PREMIER
    Et quoique au milieu de ce calme de l’esprit, quelques traits hautains et impérieux pussent faire découvrir une âme jadis violente c’était un feu terrestre que le rayon intellectuel du sang-froid faisait disparaître, comme les feux de l’Etna s’obscurcissent devant le jour naissant.
    TH. CAMPBELL. Gertrude de Wyoming.
    Vers la fin de l’année 1780, un voyageur isolé traversait une des nombreuses petites vallées de West-Chester {6} . Le vent d’est, chargé de froides vapeurs et augmentant de violence à chaque instant, annonçait inévitablement l’approche d’un orage qu’on pouvait s’attendre à voir, suivant la coutume, durer plusieurs jours. L’œil expérimenté du voyageur cherchait en vain, à travers l’obscurité du soir, quelque abri convenable où il pût obtenir les secours qu’exigeaient son âge et ses projets, pendant que son voyage serait interrompu par la pluie qui, sous la forme d’un épais brouillard, commençait déjà à se mêler avec l’atmosphère. Cependant rien ne s’offrait à ses yeux, si ce n’est les demeures étroites et incommodes de la plus basse classe des habitants ; et dans ce voisinage immédiat il ne jugeait ni prudent ni politique de se fier à eux.
    Après que les Anglais se furent emparés de l’île de New-York {7} , le comté de West-Chester était devenu une sorte de champ-clos dans lequel les deux partis se livrèrent plusieurs combats pendant le reste de la guerre de la révolution. Une grande partie des habitants, dominés par la crainte ou par un reste d’attachement pour la mère-patrie, affichaient une neutralité qui n’était pas toujours dans leur cœur. Les villes les plus voisines de la mer étaient, comme on peut bien le penser, plus particulièrement sous l’autorité de la couronne, tandis que celles

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