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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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force et véhémence, il se mit tout à coup à cracher le sang. Je l’envoyai en Égypte pour soigner ce mal. Après un assez long séjour, il en est revenu depuis peu ayant repris des forces ; et puis, ayant trop demandé à sa voix pendant plusieurs jours de suite, une faible toux l’avertit du retour de son ancienne maladie et son crachement de sang le reprit.
    Voilà pourquoi j’ai décidé de l’envoyer dans le domaine que vous possédez à Fréjus ; car je vous ai souvent entendu dire qu’il y a là un air très sain et du lait excellent pour guérir ces sortes de maladies. Je vous prie donc d’écrire à vos gens de l’accueillir dans votre propriété, dans votre maison, de subvenir même à ses dépenses, s’il en a besoin, mais ses besoins seront modiques. Il est en effet d’une telle modération et d’une telle sobriété, qu’il se refuse par économie non seulement les douceurs, mais même les soins qu’exige sa santé. Je lui donnerai à son départ assez d’argent pour arriver chez vous. Adieu.
     
    XX. – C. PLINE SALUE SON CHER CORNELIUS URSUS.
    Le plaidoyer pour Varénus.
     
    Voici encore les Bithyniens ; peu après le procès de Julius Bassus, ce fut le proconsul Rufus Varenus lui-même qu’ils accusèrent, Varenus que naguère ils avaient demandé et obtenu pour avocat contre Bassus {122} . Introduits devant le sénat, ils demandèrent l’information. Alors Varenus réclama pour lui aussi le droit d’obliger des témoins à décharge à se présenter. Les Bithyniens s’y opposant, des débats s’ensuivirent. Je plaidai pour Varenus non sans succès ; ai-je parlé bien ou mal, le discours écrit vous l’apprendra. Dans les plaidoiries en effet le succès ou l’échec dépendent de la chance ; beaucoup d’avantages vous sont enlevés ou apportés par la mémoire, la voix, le geste, les circonstances même, et enfin les préventions favorables ou contraires à l’accusé ; le discours écrit ne se ressent pas de l’hostilité ou de la faveur, des hasards heureux ou malheureux. Fonteius Magnus, un des Bithyniens, me répondit, avec une grande richesse de paroles, une égale pauvreté d’arguments. Chez la plupart des Grecs comme chez lui cette faconde tient lieu d’abondance ; tant ils lancent les plus longues et les plus froides périodes d’une seule haleine, avec la rapidité d’un torrent. Aussi Julius Candidus dit-il, non sans esprit, que la loquacité n’est pas l’éloquence. Car l’éloquence n’a été donnée qu’à un ou deux, ou plutôt, si nous en croyons M. Antoine, à personne, tandis que cette loquacité, comme l’appelle Candidus, est le talent de beaucoup de gens et surtout des plus effrontés. Le lendemain Homullus plaida pour Varenus avec adresse, avec vigueur, avec élégance ; la réponse de Nigrinus fut concise, ferme, brillante. Acilius Rufus, consul désigné, fut d’avis d’accorder l’information aux Bithyniens ; quant à la demande de Varenus, il la passa sous silence, ce qui était une manière de s’y opposer. Cornelius Priscus, ancien consul, accorda à la fois aux accusateurs et à l’accusé ce qu’ils demandaient et à la majorité lui donna gain de cause ; nous avons ainsi obtenu une décision qui n’avait pour elle ni un texte de loi ni un usage établi, mais juste cependant. Pourquoi juste ? je ne vous l’exposerai pas dans ma lettre, pour vous laisser désirer le plaidoyer. Car, si ces paroles d’Homère sont vraies : «  les chants les plus admirés des hommes sont ceux qui arrivent à leurs oreilles dans leur plus fraîche nouveauté {123}  », je dois ménager ce charme de la nouveauté et cette fleur, qui fait tout le prix de mon petit discours et ne pas laisser le bavardage de ma lettre la flétrir d’avance. Adieu.
     
    XXI. – C. PLINE SALUE SON CHER POMPEIUS SATURNINUS.
    L’édit d’un préteur.
     
    Votre lettre m’a causé des émotions diverses, car elle contient à la fois d’heureuses et de tristes nouvelles ; les nouvelles heureuses sont d’abord que vous êtes retenu à Rome (je le regrette, dites-vous, mais moi j’en suis charmé) ; c’est en outre que vous me promettez de donner une lecture dès mon retour, et je vous rends grâce de m’attendre. Les nouvelles tristes, les voici : Julius Valens est gravement malade ; encore cette nouvelle n’est-elle pas vraiment triste, si l’on ne consulte que son intérêt, car ce serait un bonheur pour lui d’être délivré au plus

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