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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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magistratures, sous les empereurs, n’avaient plus que des prérogatives bien réduites, que les questeurs étaient les secrétaires financiers des empereurs, des consuls ou des gouverneurs de provinces, que la puissance tribunitienne était passée aux empereurs avec l’inviolabilité, que les prêteurs n’étaient plus juges souverains, que les consuls eux-mêmes n’avaient guère conservé qu’un rôle honorifique et des attributions judiciaires… La carrière de Pline faillit d’ailleurs être interrompue brusquement. Durant les dernières années de Domitien, Rome avait vu régner une véritable terreur, les délateurs triompher, les meilleurs citoyens tomber victimes de la persécution ou n’échapper au supplice que par l’exil : Pline avait connu aussi la disgrâce, il avait été l’objet d’une dénonciation, et il eût infailliblement péri, si le tyran n’avait été assassiné en 96. Avec Nerva et Trajan, sa carrière n’avait plus connu d’interruption. Nerva l’apprécia ; Trajan en fit son ami. Pline devint, avec une notoriété toujours accrue, préfet du Trésor de Saturne en 98, consul en 100, augure en 103, curateur du Tibre de 105 à 107, enfin gouverneur de Bithynie et de Pont, avec le titre de legatus pro praetore consulari potestate, et mourut prématurément en 113, à peine âgé de cinquante et un ans.
    Pline, si l’on en juge par sa conduite comme gouverneur de Bithynie, dut, avec toute la conscience d’un fonctionnaire méticuleux, s’acquitter des obligations imposées par ces charges successives. Mais, tant qu’elles lui en laissèrent le loisir, c’est au barreau qu’il consacra la plus grande part de son activité ; c’est là qu’il avait remporté ses premiers succès, c’est là qu’était son véritable terrain : «  In arena mea, hoc est apud centumviros » , dit-il. Devant ce tribunal des centumvirs, spécialement affecté aux affaires de propriété ou de succession, il plaida une multitude d’affaires, dont la plus connue est celle d’Attia Viriola, déshéritée par son père ; il y gagna la plus grande autorité, et, devenu le premier des avocats de son temps, il put se permettre de faire choix des meilleures, parmi les causes qui s’offraient à lui. Dans la nef centrale de la vaste Basilique Julia où siégeaient les quatre chambres du tribunal (cent quatre-vingts juges au total), on se représente Pline, parmi la foule des avocats, des plaideurs, des témoins au service des deux parties, se frayant avec peine un chemin par le côté de l’estrade des juges, dans l’enceinte où se pressent les curieux (et dont les tribunes sont envahies par des auditeurs des deux sexes), prenant la parole, et recueillant, avec le gain du procès, des applaudissement enthousiastes, auxquels nul ne fut plus sensible que lui. Malgré les tracas qui en résultent pour lui, malgré la décadence des mœurs judiciaires, que sa clairvoyance ne peut s’empêcher de constater et de déplorer, il continue à y tenir son rôle de défenseur des causes justes, jusqu’au jour où ses autres fonctions le contraindront à s’y faire plus rare, et même à cesser graduellement de s’y rendre. Mais il est appelé à plaider aussi devant un tribunal à peine plus solennel, au Sénat, et il y apporte sans doute une passion plus véhémente, à en juger par le récit qu’il fait lui même complaisamment de ces séances émouvantes. C’est qu’il y poursuit le procès de proconsuls concussionnaires. Déjà sous Domitien il avait parlé au nom de la Bétique contre un Baebius Massa ; plus tard ce fut contre Caecilius Classicus, accusé par la même province, ou contre Marius Priscus qu’il fit condamner au nom de la province d’Afrique. Il défendit au contraire et avec le même succès contre leurs accusateurs bithyniens Varenus Rufus qui n’avait été qu’imprudent, et Julius Bassus qui était innocent. Là aussi, la force de son argumentation et son habileté procédurière, son éloquence enfin, lui valurent des triomphes retentissants. On ne peut que regretter de n’avoir sous les yeux aucun de ces plaidoyers fameux, et de ne pouvoir juger du talent oratoire de Pline que par son Panégyrique de Trajan. Car ce discours que nous possédons n’est autre chose qu’un remercîment officiel auquel l’obligea son élévation au consulat, mais qu’il remit ensuite sur le métier, corrigea, remania et amplifia de façon à en faire un monument littéraire,

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