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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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astres.
     
    Je sais quel amour vous avez pour les belles lettres, quelle joie vous éprouvez, quand des jeunes gens de haute naissance se montrent dignes de leurs ancêtres. Je m’empresse donc de vous annoncer que j’ai assisté hier à une lecture de Calpurnius Pison. Il a lu son poème sur les Astres , sujet savant certes et fécond. Il l’a écrit en vers élégiaques coulants, souples et faciles, mais aussi pleins de majesté, comme l’exigeait la matière. Avec à propos et variété, tantôt il élevait, tantôt il baissait la voix ; il passait du grandiose au familier, du vif au grave, du sévère à l’agréable, toujours avec le même bonheur. Ces agréments étaient mis en valeur par la douceur de son accent, et son accent par sa modestie. On voyait sur son visage cette vive rougeur, cette grande appréhension qui recommandent si bien un lecteur. Car je ne sais pourquoi la timidité sied mieux que la confiance aux hommes de lettres. Je m’arrête, quoique j’eusse plaisir à ajouter beaucoup d’autres traits, aussi remarquables dans un homme de cet âge, que rares dans un homme de cette condition. La lecture finie, j’ai embrassé plusieurs fois l’auteur, et persuadé que le plus puissant aiguillon est la louange, je l’ai engagé en le félicitant à continuer dans la voie où il était entré, et, portant le flambeau dont ses ancêtres avaient éclairé sa marche, à guider à son tour ses descendants. J’ai complimenté son excellente mère, j’ai complimenté aussi son frère, qui rapporta de cette salle de lecture autant d’honneur pour sa tendresse fraternelle que le lecteur pour son éloquence, tant il montra, pendant que son frère lisait, d’abord d’inquiétude, puis de joie.
    Fasse le ciel que j’aie souvent de semblables nouvelles à vous donner ! Car mon plus vif désir est que notre siècle ne soit pas impuissant et stérile, et je souhaite ardemment que nos patriciens aient dans leurs demeures d’autres titres de gloire que les images de leurs ancêtres. Quant aux deux jeunes Pisons, il me semble que ces images aujourd’hui les applaudissent en silence, les encouragent et (ce qui suffit à leur gloire à tous les deux) les avouent pour leur sang. Adieu.
     
    XVIII. – C. PLINE SALUE SON CHER CALPURNIUS MACER.
    Les heureux loisirs.
     
    Je suis content puisque vous l’êtes ; vous avez près de vous votre femme, et votre fils ; vous jouissez de la mer, de vos fontaines, de vos arbres, de votre domaine, d’une délicieuse villa ; car je ne doute pas qu’elle soit délicieuse, puisqu’elle a été choisie comme retraite par un homme déjà bien heureux, avant de devenir le plus heureux des mortels {120} . Pour moi, dans ma villa de Toscane, j’ai à la fois la chasse et l’étude, auxquelles je me livre tantôt séparément, tantôt en même temps ; et pourtant je ne peux encore décider lequel est le plus difficile de faire une capture ou d’écrire une ligne. Adieu.
     
    XIX. – C. PLINE SALUE SON CHER VALERIUS PAULINUS.
    L’affranchi Zosime.
     
    Voyant votre douceur pour vos gens, je vous avouerai plus franchement mon indulgence à l’égard des miens. J’ai toujours présent à l’esprit et ce mot d’Homère : «  Il était pour eux un tendre père  » {121} et ce nom de «  père de famille  » que nous donnons aux maîtres. Mais, même si j’étais d’un naturel plus insensible et plus dur, j’aurais encore le cœur brisé de la maladie de mon affranchi Zosime, à qui je dois montrer d’autant plus de bonté, qu’il en a plus besoin en ce moment. C’est un homme honnête, complaisant, instruit ; son principal talent, et son titre pour ainsi dire officiel, est celui d’acteur, où il réussit parfaitement. Son débit est vif, juste, agréable et même noble ; il joue en outre de la cithare mieux qu’il est nécessaire à un comédien. Bien plus il lit si agréablement les discours, les histoires et les vers, qu’on croirait qu’il n’a jamais appris autre chose.
    Je vous donne tous ces détails pour que vous sachiez quels services variés et agréables il me rend à lui seul. Ajoutez-y l’affection déjà ancienne que j’ai pour lui et que ses dangers mêmes ont accrue. Car ainsi le veut la nature : rien n’avive et n’enflamme l’amitié comme la crainte de perdre ce que nous aimons ; et cette crainte ce n’est pas la première fois que je l’éprouve pour lui. Il y a quelques années, un jour qu’il déclamait avec

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