L'Impératrice indomptée
religieuse. C’est en général l’occasion d’une fête, mais une ombre vient troubler les réjouissances. David Paumgarten, le petit frère de son amie Adèle, souffre d’une pneumonie très grave et il est entre la vie et la mort. Pour la première fois, Sissi sent la fragilité de l’existence. La nouvelle que son petit camarade finit par succomber, à quinze ans, l’émeut profondément. Triste, elle se met à son bureau et adresse quelques vers au disparu :
« Tu es mort si jeune,
Tu es entré si pur dans l’éternel repos !
Oh, que ne suis-je morte aussi
Et au ciel, comme toi. »
Soudain, et presque inconsciemment, le désir de mourir traverse son âme, malgré la gaieté qui règne habituellement dans la maison familiale. Les petits événements de sa vie, les séjours à Possenhofen, puis à Munich, ont pour elle une très grande importance. Elle ne sait trop que faire d’elle-même et de son coeur, toujours inquiet. L’année suivante, un écuyer de son père, Richard, dont elle s’est amourachée, subit le même sort que David. Son désespoir trouve à nouveau refuge dans des vers :
« Les dés en sont jetés
Richard, hélas ! n’est plus.
C’est le glas que l’on sonne
Ô, Seigneur, prends pitié !
La fille aux blondes boucles
Se tient à sa fenêtre.
Il n’est pas jusqu’aux ombres
Que sa douleur n’émeuve. »
Entre drame et passion, l’adolescente continue son parcours mélancolique. Elle écrit alors dans son journal :
« Ô vous, sombres yeux !
Je vous ai tant contemplés
Que votre image dorénavant
Ne sortira plus de mon coeur.
Jeune et frais amour,
Resplendissant comme le mois de mai !
L’automne est venu
Et tout est déjà fini !
Le sort en est jeté :
Richard, hélas ! n’est plus.
Le glas sonne, Seigneur !
Seigneur ! Ayez pitié de moi ! »
Exaltée, elle compose d’autres strophes :
« J’ai trop longtemps fixé
Mon regard sur ton visage
Et me voici tout éblouie
Par le rayonnement de ta beauté !
Quand le premier rayon de soleil
Me salue au matin,
Je lui demande toujours
S’il vient de t’embrasser.
Et chaque nuit je prie
Le clair de lune d’or
De te dire en secret
Que je t’aime... »
Ce premier amour finit donc dans le chagrin.
« Car, hélas ! je n’ai plus l’espoir
De te voir penché vers moi avec amour.
J’ai vu en face la dure vérité
Tu es courtois, tout simplement. »
Sissi se réfugie auprès de ses chevaux, elle parcourt la forêt et la campagne. Elle peut faire ce qui lui plaît, sans contrainte. Personne ne s’occupe d’elle – faute de temps d’ailleurs. Elle s’enfonce tout à loisir dans son désespoir. L’attention de la famille s’est détournée d’elle pour se concentrer sur son aînée. On semble vouloir préparer Hélène à un grand destin. Sissi n’en prend nul ombrage. Coeur pur, elle est une personnalité à la sensibilité marquée, parfois excessive. L’alternance de gaieté et de gravité définit son caractère. Sa fraîcheur et sa spontanéité composent ses principales qualités. Son énergie désordonnée et sa nature capricieuse, son talon d’Achille. Elle a une âme vibrante, qui noircit des cahiers de poèmes et épanche ses états d’âme. Elle est une jeune fille qui ne triche pas et dont l’émotion constitue l’oxygène.
1 - Napoléon, ce faiseur de rois, a élevé l’électeur de Bavière Max-Joseph au trône sous le nom de Maximilien I er . Sa soeur avait épousé un cousin qu’on avait fait duc en Bavière, et non duc de Bavière, pour éviter les confusions avec la famille royale. Max, le père de Sissi, est le petit-fils de cette princesse et, pour consolider les liens avec la branche régnante de la famille, il épouse sur ordre Ludovica, fille de Maximilien.
2 - C’est la veille de Noël de l’année 1837 que, dans son palais de Munich, la duchesse Ludovica donne le jour à son troisième enfant, une fille, qui reçoit le prénom de sa tante, la reine Élisabeth de Prusse, qui sera sa marraine. Elle vient au monde à 22 h 43. Élisabeth attire sur elle l’attention dès sa naissance, d’abord parce qu’elle est née un dimanche, la veille de Noël, et que, comme l’empereur Napoléon, elle naît avec une dent.
3 - Ses passions littéraires sont bien réelles. Il a fréquenté l’université de Munich, et pas seulement en auditeur libre, voyagé en Grèce, en Turquie, en Nubie et en Égypte, cela en bon observateur et
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