L'Impératrice indomptée
INTRODUCTION
I L Y AURA BIENTÔT cent dix ans que la belle impératrice d’Autriche, Élisabeth, était assassinée à Genève par un jeune anarchiste italien. Sombre destin que celui de Sissi, immortalisée par Romy Schneider et dont le cinéma fit un personnage sucré assez loin de la réalité.
Pourtant, l’histoire de Sissi commence bien. Fille de Maximilien, duc en Bavière, et de Ludovica, soeur de l’archiduchesse Sophie, elle-même mère du futur empereur François-Joseph, elle voit le jour en 1837. Élisabeth et ses sept frères et soeurs sont élevés dans la nature, au milieu des animaux et, surtout, hors de toute étiquette. Quand l’archiduchesse Sophie décide de marier son fils, devenu empereur en 1848, elle jette son dévolu sur la soeur aînée de Sissi, Hélène. Pas de chance pour cette dernière, c’est de la sauvageonne de seize ans que François-Joseph tombe amoureux. L’heureuse élue sera impératrice.
Le mariage a lieu le 24 avril 1854. Débute alors pour la jeune fille une vie austère, réglée par le protocole.
Sissi va beaucoup souffrir de l’étiquette viennoise. Elle appellera même le palais impérial le « palais-cachot ». Le cérémonial, François-Joseph y tient presque autant que sa mère. La jeune impératrice n’aura qu’une solution : la fuite. D’autant plus que l’éducation de ses enfants lui est refusée : deux de ses filles, Sophie et Gisèle, ainsi que le petit Rodolphe, seront élevés par l’archiduchesse Sophie, persuadée que leur mère est incapable de s’occuper d’eux.
Très vite, Sissi dépérit. Vers 1860, son anorexie s’accentue, elle tousse beaucoup, et les médecins lui prescrivent de changer d’air. La reine Victoria prête son yacht et Sissi va parcourir les îles. C’est aussi à cette époque qu’elle se prend de passion pour la Hongrie. C’est grâce à cela que François-Joseph sera couronné roi de ce pays.
Atteinte d’une frénésie de sport, l’impératrice pratique l’équitation ou la marche à pied jusqu’à l’épuisement, se rend dans des chasses à courre en Angleterre et en Irlande. À quarante ans, cette grande femme mince (elle mesure 1,72 m et pèse 50 kilos) qui s’astreint à des régimes draconiens n’est plus que l’ombre d’elle-même. La mort de son fils Rodolphe à Mayerling, en 1889, achève de la plonger dans la déréliction.
Sissi voyagera encore quelque temps. François-Joseph qui, sa vie durant, lui aura tout pardonné, lui fait construire une maison à Corfou et une autre dans le parc de Schönbrunn. Mais elle ne s’y intéresse pas, pas plus qu’à ses petits-enfants.
Le 10 septembre 1898, alors qu’elle doit traverser le lac Léman, un anarchiste italien la poignarde, non parce que c’est l’impératrice d’Autriche, mais seulement pour qu’on parle de lui. Elle a soixante ans.
Elle était belle, elle était la souveraine d’une monarchie prestigieuse, son époux l’aimait plus que tout. Et elle aura traîné son mal de vivre à travers le monde. Sissi ou un conte de fées qui finit tragiquement.
I
UNE ENFANCE IDYLLIQUE
T OUT COMMENCE EN 1828 , une année pleine de contrastes. Peter Barlow invente le moteur électrique, le premier train de passagers est mis en service aux États-Unis. Naissent Tolstoï, Ibsen, Jules Verne, Henri Dunant. Mais meurent Schubert et Goya, tandis que Champollion s’embarque pour l’Égypte.
En France, Charles X nomme un nouveau gouvernement. Metternich crée une union du Centre (Hanovre, Brunswick et Hesse-Cassel) et une union du Sud (Bavière et Wurtemberg). Le tsar gagne la guerre russo-turque et la Grèce s’affranchit de la Turquie. George IV règne placidement sur l’Angleterre, Charles-Félix de Savoie est impuissant à unifier l’Italie. En Espagne, Ferdinand VII se prépare à se marier pour la quatrième fois. En Russie, Nicolas I er vient de succéder à Alexandre I er . Frédéric-Guillaume III règne sur la Prusse, tandis que François I er est empereur d’Autriche.
En Bavière, Louis I er n’est pas encore devenu impopulaire en raison de sa liaison avec Lola Montez et se montre un souverain éclairé avec une politique de mécénats tous azimuts. Son fils Othon devient bientôt le premier roi des Hellènes. Le plus moribond des États allemands est aussi le plus riche. Et en 1828, le vent des révolutions ne souffle pas sur les palais de Munich.
C’est en grande pompe que, le 9 septembre 1828, la princesse Ludovica
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