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L'Impératrice indomptée

L'Impératrice indomptée

Titel: L'Impératrice indomptée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bertrand Meyer-Stabley
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en homme qui pense. Son livre, Voyage en Orient , en fait foi. Une pièce de théâtre et quelques nouvelles prouvent qu’il tenta de développer ses aptitudes littéraires. Il écrivit sous le couvert de l’anonymat et peu de lecteurs surent qui était Phantasius.

II
    COUP DE FOUDRE
    L E 15 AOÛT 1853 , le château de Possenhofen est fort agité. La duchesse Ludovica s’apprête à partir en voyage. Elle va rendre visite, à Ischl, à sa soeur, l’autoritaire archiduchesse Sophie, mère du jeune empereur François-Joseph d’Autriche. À la vérité, cette randonnée n’a nullement été organisée pour permettre aux deux soeurs de se revoir, mais bien pour la réalisation d’un petit complot familial. Ludovica et Sophie ont, en effet, conçu le projet de marier François-Joseph à la princesse Hélène. À Ischl, les deux cousins qui ne se sont point vus depuis des années pourraient mieux se connaître. Les deux dames considèrent d’ailleurs cette rencontre comme une simple formalité. Bien que monté sur le trône depuis cinq années, le jeune François-Joseph ne peut avoir d’autre volonté que celle de sa terrible mère.
    À Vienne, on a souvent appelé Sophie « le seul homme du palais impérial ». Elle a étouffé une révolution en Europe centrale. Elle a donné une vaillance intestine à la débonnaire bourgeoisie autrichienne. Elle a mis en pratique le célèbre système de l’« absolutisme souverain ». Jusqu’à l’heure où il devient urgent de découvrir une femme pour François-Joseph, elle le dirige à sa guise en tout, depuis le choix de sa nourriture jusqu’à la sélection de son « initiatrice », une femme dans les bras de qui le jeune empereur est initié aux « nécessités » de l’amour, et les accepte.
    Quand il atteint l’âge de vingt-trois ans, après cinq années sur le trône, se présente l’obligation de lui choisir une femme. Sophie, rejetant son assemblée d’initiatrices, de flirts et de femmes non cataloguées, commence à passer en revue les partis acceptables. Elle donne de nombreux bals. À cette époque, François-Joseph se montre bien le « fils à maman ». Il danse là où sa mère le désire. La baronne Scharnhorst écrit à ce sujet à une amie : « L’empereur aime beaucoup danser et il danse à la perfection ; sans vouloir le flatter, on peut dire qu’il est le meilleur danseur de la cour et le plus infatigable. Il est impossible de décrire toute l’agitation que cela crée. Les officiers dansent tant qu’ils peuvent, autant par sentiment du devoir que par inclination, les comtesses s’enivrent de l’espoir d’être pour une fois l’élue de l’empereur. Elles glissent sur le parquet comme sous l’enchantement du cor d’Obéron et boivent à longs traits leur bonheur... »
    C’est la jolie comtesse Élisabeth Ugarte, âgée de vingt-neuf ans, que François-Joseph distingue entre toutes. Celle-ci lui plaît beaucoup, mais non pas à sa mère. Peu de temps après des succès éclatants, elle tombe en défaveur. Sophie s’interpose une deuxième fois lorsque François-Joseph se rapproche de l’archiduchesse Élisabeth, la fille du palatin Joseph. Cette femme séduisante est veuve du duc Ferdinand d’Este. Ce n’est pas seulement cela qui offusque la mère de l’empereur, mais aussi la différence d’âge, selon elle trop minime. Sophie déploie également vers Dresde ses manoeuvres pour renforcer l’influence autrichienne en Allemagne. Elle jette son dévolu sur la jeune Sidonie, princesse de Saxe ; mais celle-ci, de tempérament maladif, ne plaît aucunement à l’empereur.
    L’opiniâtreté de Sophie à introduire à la cour de Vienne une princesse allemande apparaît clairement dans le projet qui engage, cette fois, sa soeur Ludovica, duchesse en Bavière. Elle songe à la princesse Hélène, fille aînée de sa soeur. La rencontre prévue à Ischl doit concrétiser ses intentions. Mais pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups ? Pourquoi ne pas emmener également à Ischl la ravissante « Sissi », la deuxième fille de la duchesse, pour laquelle le jeune archiduc Charles-Louis, frère de François-Joseph, semble avoir une Jugend Liebe  ? Son penchant se manifeste par l’envoi de papillons et de fleurs séchées...
    Le trajet jusqu’à la station thermale autrichienne, le 16 août 1853, est plein d’obstacles : atteinte d’une crise de migraine, Ludovica interrompt quelque temps le voyage.

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