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L'Impératrice indomptée

L'Impératrice indomptée

Titel: L'Impératrice indomptée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bertrand Meyer-Stabley
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domine... » À neuf ans, Sissi a un charme irrésistible et tout le monde l’aime dans la maison. Quand les enfants veulent obtenir quelque chose de leur mère, c’est elle qu’ils délèguent solennellement.
    En vain, la duchesse et leur gouvernante, la baronne de Wulfen, cherchent-elles à imposer un programme scolaire qui commence à huit heures pour se terminer à quatorze heures : les enfants sont distraits. Mathilde fait des espiègleries, Sissi des caricatures, Hélène boude. Un jour, il faut même attacher Sissi à sa chaise. Quand le duc est absent, on avance quelque peu ; mais il semble s’ingénier, dès son retour, à bouleverser le programme, à jeter Ludovica et la gouvernante dans le désarroi : il apporte avec lui un joyeux désordre. Les témoins de l’époque voient en Sissi, à Possenhofen, une enfant vive et remuante, que sa gouvernante appelle « sale petite polissonne » et qui, au lieu de chercher à s’excuser, paraît plutôt contente de cette réputation.
    Ballottée entre une mère résignée et soucieuse, économe et bourrue, un père fantasque et cultivé et une gouvernante conventionnelle, elle grandit. La baronne de Wulfen décrit ainsi ses élèves : « Néné (Hélène), morose et de caractère dominateur, a une mauvaise influence sur ses frères et soeurs. Les cheveux d’Élisabeth sont colorés par le soleil comme des épis de blé. Louis, en grandissant, ressemble à une poupée de Nuremberg et ses soeurs ont des figures rondes de paysannes... »
    Ces princesses aux bonnes joues pleines, en robe de laine avec tabliers roses et nattes bien tressées, deviennent de très jolies et gracieuses jeunes filles. À l’instar de Possi et de Sissi, les enfants ont aussi chacun leur diminutif : Charles-Théodore est « Gackel », Hélène est surnommée « Néné », Mathilde est « Spatz » (« Moineau »), Max-Emmanuel est « Mapperl ». Les cinq soeurs s’entendent à merveille et resteront très liées toute leur vie. Elles chantent, dansent et rient à l’unisson. Parfois, elles sont nerveuses, mélancoliques et murmurent à voix basse de graves secrets : c’est que leur père est un Wittelsbach et leur mère aussi. Nous y reviendrons !
    Sissi déborde d’affection pour tous, du petit fermier à ses frères et soeurs. Adèle est sa meilleure amie et elle s’est attachée à son petit frère, David Paumgarten. Dans la fratrie, elle préfère son frère Gackel (Charles-Théodore) et Néné, l’aînée... La baronne de Wulfen n’a guère la vie facile avec elle. Sa petite élève lui échappe continuellement pour courir dans le parc. Elle est sans cesse en mouvement et ce n’est que grâce à son goût pour le dessin qu’on arrive à la faire tenir tranquille de temps en temps. Elle dessine ses animaux, les arbres du parc, la chaîne lointaine des Alpes, son cher Possi, et elle commence déjà, gauchement, à faire des caricatures de son entourage, surtout de sa gouvernante. On la tourmente avec le piano, mais elle ne progresse pas, car elle est peu douée pour la musique.
    Contrairement à Sissi, dont le manque de coquetterie agace sa mère, Hélène consacre d’interminables heures à sa toilette et à l’entretien de sa beauté. C’est une longue fille aux splendides cheveux sombres et aux yeux noirs. Durant l’âge ingrat, Élisabeth est ce que les Allemands appellent un backfisch , un fruit vert. Nous n’avons pas de mot pour désigner ce qu’il exprime de dégingandé dans l’adolescence en train d’opérer sa métamorphose. C’est la chrysalide au moment où elle va devenir papillon.
    Sissi aime sa Bavière et ses coutumes paysannes. Devenue une amazone avertie, elle fait honneur au duc Max, pourtant pointilleux sur ce point. Elle adore s’échapper, seule avec un piqueur, et monter au-delà de Poecking, rêver au bord de l’étang qui s’ouvre dans les bois jusqu’à Jaegersbrunn. Et, plus loin, à une heure de cheval du vieux manoir de Possenhofen, s’étendent les lacs mystérieux : l’Ammersee, le Pilsensee et le Woerthsee.
    Le temps doux de la belle enfance passe à toute allure. Lorsque Sissi atteint ses quatorze ans, Ludovica s’affole : quoi, déjà 1,68 m ? Elle est trop grande, trop maigre. Quelques portraits d’alors montrent l’ébauche de toutes les grâces possibles, la bouche délicate, les traits fins, une gracieuse image entre l’enfant et la jeune fille. En avril 1853, elle célèbre sa confirmation

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