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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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leva les mains à son visage comme s'il réfléchi¬sait à
ses paroles.
    —   Je le ferais volontiers, Tess Birdsong, si je pouvais.
Mais tu sais aussi bien que moi que si je t'obéissais, mon frère et toi me
détruiriez, moi et cette cité. Nous sommes égaux aux yeux des dieux. Aucun de
nous ne peut vaincre l'autre sans une aide extérieure.
    —   Les dieux ne l'ont jamais voulu ainsi, répondit Archer.
Tu as fait ce choix, mon frère. Et le prix à payer pour ta folie fut très
élevé.
    —   Mon choix ? répéta Ardred. Ma folie ? Je n'ai pas agi
seul, mon frère. Je n'ai pas provoqué la pluie de feu. Tu as choisi, toi aussi,
cette lutte. Si folie il y eut, nous en partageons la responsabilité. Mettons-y
fin. Car seul un de nous peut survivre à cette journée.
    Tess s'interposa entre eux.
    —   Libère... ma... sœur, dit-elle d'une voix décidée. Tu
n'as aucun droit sur elle. Les Ilduins sont les filles d'Elanor et n'appartiennent
à aucun homme.
    Ardred éclata de rire.
    —   Vraiment ? Mais mon frère ne t'a-t-il pas brandie devant
lui comme une torche enflammée ? N'avez-vous pas, avec tes sœurs, prêté
allégeance à son armée, à Annuvil, et écrasé ceux qui s'opposaient à vous ?
J'ai vu comment ton sang avait brûlé Lantav Glassidor, Tess Birdsong. Ne
prétends pas être la fille des dieux, alors que tu agis selon la volonté d'un
homme, un homme avec qui tu couches, non pas en tant qu'Ilduin, mais en tant
que femme.
    Un sentiment de fureur envahit Tess à ces paroles. Rien de
ce qu'elle avait fait n'avait échappé à cet homme. Rien n'était sacré à ses
yeux. Pas même l'amour.
    —   Ta jalousie ne s'est pas atténuée, semble-t-il, dit-elle
en s'approchant de lui, les yeux rivés aux siens.
    —   Tess, dit Archer en voulant lui prendre le bras. Il
cherche à te mettre en colère afin de s'emparer de ton esprit. Ne le laisse pas
faire.
    —   S'emparer de moi ? demanda Tess en repoussant Archer.
Lui, s'emparer de la Dame Filandière ? Il n'est pas assez puissant pour cela.
Pas avec son Ilduin à bout de forces, ni même avec son armée ou ses yeux
séducteurs. Les Ilduins naissent d'un sacrifice. Celles qu'il a possédées s'en
étaient remises à la volonté des dieux, même si elles l'ignoraient. Je ferai de
même. Mais il ne m'aura pas.
    Elle plongea son regard dans le sien, et à travers lui, dans
la cellule obscure où une femme était assise sur un lit, vieillie, frêle, le
cœur depuis longtemps vidé de toute lumière, le regard creux, et dont seule
l'âme vivait encore, enchaînée.
    —   Ertalah versahmnalen ! cria-t-elle.
    Ardred tressaillit à ces mots et dans ses yeux, elle vit la
femme sourire une dernière fois avant de s'éteindre à jamais, ne laissant
derrière elle qu'une enveloppe vide.
    Une épée apparut dans la main d'Ardred comme par magie, bien
qu'en réalité il l'eût sortie des plis de sa tunique. La lame brillait d'une
lueur bleue et froide et un liquide doré coulait du métal. Chaque goutte qui
tombait sur le sol se transformait en une tache noire puis émettait un petit
sifflement.
    Archer sortit Banedread de son fourreau mais Tess secoua la
tête afin de l'en dissuader.
    —   Range-la, Annuvil ! Ton heure n'est pas encore venue.
     
    Archer croisa le regard de Tess. Le visage de son frère ne
reflétait plus cette bonté trompeuse qu'il arborait quelques instants auparavant.
Il avait compris qu'il ne s'emparerait pas corps et âme de Tess et avait
désormais l'intention de la tuer. Dame Filandière ou pas, Archer connaissait
l'habileté de son frère à manier l'épée et il tenait entre les mains Banegeld...
L'épée qu'il avait forgée jadis et trempée dans le feu émeraude de la jalousie.
L'épée qui avait tué Thériel. L'épée qui allait tuer Tess.
    Il devait l'arrêter.
    Lorsqu'il tenta de sortir Banedread de son fourreau, Archer
crut tirer tout le poids du monde. L'espace d'un instant, il se demanda par
quelle terrible magie Ardred pouvait l'empêcher de se défendre, mais en levant
les yeux sur Tess, il comprit que ce n'était pas un sort d'Ardred mais de la
jeune femme.
    — Range-la, Annuvil ! répéta-t-elle.
    L'épée de la Dame Filandière étincelait d'une lumière bleue. Elle ne fit pas le moindre geste pour s'en saisir. Ardred voulait la tuer et elle
avait l'intention de le laisser faire.
    Tess et Archer échangèrent un regard et il fut soudain
ramené des siècles en arrière, au Premier Age. Thériel, elle

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