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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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sauvages. Alors, ils massacraient et
détruisaient sans discernement ni pitié. Cette nuit-là, pourtant, ils se
contentèrent de s’éloigner du village, fourbus et ensommeillés, pour regagner
le camp de la légion à deux milles de Nazareth.
    Quand il
en allait ainsi, chaque maison se refermait sur elle-même. Chacun pansait ses
plaies, séchait ses larmes, calmait ses peurs. À l’aube, il serait assez tôt
pour se souvenir, pour que de voisin à voisin on se raconte ses frayeurs.
    Miryem dut
attendre longtemps avant de pouvoir se glisser hors de sa couche. Hannah et
Joachim, encore frémissants d’angoisse, furent longs à s’endormir.
    Quand
enfin elle perçut leurs respirations régulières à travers la mince cloison de
bois qui séparait sa chambre de la leur, elle se leva. Enveloppée dans un châle
épais, elle grimpa l’escalier de la terrasse, prenant soin, cette fois,
qu’aucune marche ne craque.
    Un
croissant de lune, voilé de brume, laquait toute chose d’une lueur livide.
Miryem progressait d’un pas assuré. Elle aurait pu se diriger dans le noir
absolu.
    Ses doigts
trouvèrent aisément la planchette verrouillant la cache. Elle eut à peine le
temps de s’écarter pour éviter que la trappe de rondins, repoussée violemment
de l’intérieur, ne la frappe. Le garçon était déjà debout.
    — C’est
moi ! N’aie pas peur, chuchota-t-elle.
    Il n’avait
pas peur. Il pestait en se secouant comme un fauve pour débarrasser ses cheveux
de la paille et des mèches de laine qui tapissaient le fond de la tanière.
    — Pas
si fort ! protesta Miryem dans un murmure. Tu vas réveiller mes parents…
    — Tu
ne pouvais pas venir plus tôt ? On étouffe, là-dedans, et pas moyen
d’ouvrir cette foutue boîte !
    Miryem
gloussa.
    — Tu
m’as enfermé, hein ! gronda le garçon. Tu l’as fait exprès !
    — Je
me suis dépêchée, c’est tout.
    Le jeune
homme se contenta d’un grommellement. Pour l’adoucir, Miryem lui montra le
mécanisme d’ouverture intérieur. Une pièce de bois qu’il suffisait d’enfoncer.
    — Ce
n’est pas compliqué.
    — Si
on sait comment ça marche.
    — Ne
te plains pas. Les soldats ne t’ont pas trouvé. Derrière les barriques, tu
n’aurais pas eu une chance.
    Le garçon
se calmait. Dans la pénombre, Miryem devina son regard brillant. Peut-être
souriait-il.
    — Comment
t’appelles-tu ? demanda-t-il.
    — Miryem.
Mon père, c’est Joachim, le charpentier.
    — Pour
une fille de ton âge, tu es courageuse, admit-il. J’ai entendu, tu t’es bien
débrouillée avec les soldats.
    A nouveau,
le garçon se frotta énergiquement les joues et la nuque, là où les brins de
paille l’irritaient.
    — Je
suppose que je dois te remercier. Mon nom à moi, c’est Barabbas.
    Miryem ne
put retenir un petit rire. A cause de ce nom qui n’en était pas tout à fait un,
puisqu’il ne signifiait rien de plus que « fils du père ». Et aussi à
cause du ton si sérieux du garçon et du plaisir que lui procuraient ses
compliments.
    Barabbas
s’assit sur les rondins.
    — Il
y a pas de quoi rire, maugréa-t-il.
    — C’est
à cause de ton nom.
    — Tu
es peut-être courageuse, mais tu es quand même sotte comme une gamine.
    La pique
déplut à Miryem plus qu’elle ne la peina. Elle connaissait l’esprit des
garçons. Celui-là voulait se rendre intéressant. C’était inutile. Il l’était
sans effort. Le fort et le doux, le violent et le juste s’entremêlaient en lui
dans un alliage plaisant et sans qu’il en ait trop conscience. Hélas, les
garçons de son espèce croyaient toujours que les filles étaient des enfants,
tandis qu’eux étaient déjà des hommes.
    Cependant,
aussi intrigant qu’il fût, il n’en avait pas moins attiré les soldats dans leur
maison et dans tout le village.
    — Pourquoi
les Romains te cherchaient-ils ? demanda-t-elle.
    — C’est
pas des Romains ! C’est des Barbares. On ne sait même pas où Hérode les
achète ! En Gaule ou en Thrace. Peut-être chez les Goths. Hérode n’est pas
capable d’entretenir de vraies légions. Il lui faut des esclaves et des
mercenaires.
    Il cracha
de dégoût par-dessus la murette. Miryem se tut, attendant qu’il réponde pour de
bon à sa question.
    Barabbas
mesura l’ombre épaisse des demeures alentour, comme pour s’assurer que nul ne
pouvait les voir ni les entendre. À la faible lumière de la lune, sa bouche
était belle, son profil fin. Une barbe

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