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Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin

Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin

Titel: Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jan Karski
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l’opinion publique polonaise – voilà une des sources de l’information précise dont il fit preuve dans les rapports rédigés à Paris en février 1940. Il dit encore s’être inscrit en arrivant comme volontaire pour l’armée en formation. Mais « si le gouvernement estime que ce sera plus utile à la Pologne, je suis prêt à y retourner et à y rester ». Et il terminait par cet engagement qui annonçait le futur Karski : « J’aspire à servir la Pologne dans les conditions les plus difficiles. » Ce mot « difficile » a été souligné par le destinataire.
    À Angers, Karski fut accueilli avec sécheresse et défiance par le général Sikorski – n’était-il pas un poulain des épigones du maréchal Pilsudski, les « colonels » ? – et au départ bousculé moralement par le redoutable professeur Stanislaw Kot, l’homme de confiance et ministre du général. Toutefois, ce dernier, en vieux pédagogue, repéra immédiatement l’oiseau rare, la « perle », dira-t-il bien plus tard à London. Il mesura les exceptionnelles qualités de mémorisation, de rigueur, d’analyse du jeune sous-lieutenant, lui fit de longs cours sur le « mythe de Pilsudski » dont il le prétendait prisonnier et décida d’en faire l’émissaire de confiance du gouvernement. « Vous avez conquis le professeur Kot », lui dit Sikorski, incrédule. Stanislaw Kot lui fit apprendre par cœur les longues et subtiles instructions politiques qu’il devait transmettre à la Résistance.
    « Tu as bien compris ?
    — Oui, monsieur le professeur…
    — Je devrais t’assermenter, te faire jurer le secret. Mais à quoi bon ? J’ai confiance ! Et si tu voulais trahir, tu trahirais. Que Dieu te garde. » (In Stanislaw M. Jankowski, Karski. Raporty, op. cit.)
    Ainsi naquit l’« émissaire politique » du gouvernement.
    Karski n’oublia jamais pour autant celui qui l’avait, en somme, « recruté », le juriste Borzçcki, ( c f . ch.  VI ) : il l’avait persuadé que la résistance civile et la mission de « courrier » étaient aussi utiles à la patrie que la résistance armée.
    Jan Kozielewski se fixa dès lors une « éthique » de l’émissaire, un professionnalisme qui l’imposèrent à l’attention de tous ses supérieurs. Lorsqu’au retour d’Angers, fin avril 1940, à Krakow puis à Warszawa, il fit son rapport, tous les leaders politiques qui l’entendirent se dirent « époustouflés ». Quant à lui, il prit l’habitude de se définir modestement comme un « disque de gramophone que l’on enregistre, transmet, écoute ». Et fit toujours valoir la « confiance en lui placée » sous la foi du serment – ce serment que, catholique fervent, il prêta devant son dieu, et qui lui imposait d’accomplir fidèlement, scrupuleusement sa mission.
    Le sacrifice patriotique jusqu’à la tentative de suicide par peur de parler lorsqu’il fut pris et torturé par la Gestapo a forcément une dimension de drame personnel du Chrétien. On le perçoit ex post par ce choix extraordinaire de ses amis, avant son départ le 1 er octobre 1942, avec sa double mission, celle du gouvernement et celle confiée par les désespérés du ghetto : lui faire porter un scapulaire avec une hostie. Celle-ci était en tout contradictoire avec la dose de cyanure qui lui avait été également remise. Il en prit conscience et, avant de partir, décida de se débarrasser du cyanure. On comprend davantage l’exaltation de Jan Karski, nouveau missionnaire engagé contre le Mal, ainsi que sa manière, quarante ans après, en 1981, de dire : « Dieu m’a donné de voir et de dire ce que j’ai vu, de pouvoir témoigner. »
    À Angers, en février 1940, le général Sikorski lui avait rappelé sèchement qu’officier de réserve évadé, il demeurait mobilisé : « On décidera de votre affectation », se souvenait Karski en décembre 1987 (cité par Stanislaw M. Jankowski). Il fut affecté au service des liaisons clandestines avec le pays, en cours d’organisation, sous le contrôle de son ministre de l’Intérieur Stanislaw Kot. Arrivé à Warszawa, sa mission de courrier du gouvernement accomplie, Jan Kozielewski dépendait toujours, hiérarchiquement, du général Rowecki ( c f . ch.  XXVII , note cxxxi), commandant en chef de l’Union de la lutte armée ou ZWZ, cette « force armée de l’Intérieur » qui devait prendre le nom d’AK-Armia Krajowa en février 1942.
    À

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