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Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin

Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin

Titel: Mon témoignage devant le monde-Histoire d'un Etat clandestin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jan Karski
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propagande en défense de la Pologne auprès de l’opinion américaine. C’est ainsi que l’idée d’un film sur la résistance polonaise, que Karski avait proposée l’été précédent, fut cette fois retenue. Il en établit le scénario, ainsi qu’une documentation solide.
    Le 20 février 1944, Karski fut envoyé seul à Washington, sans plus attendre, et confié à l’autorité et aux conseils de l’ambassadeur Ciechanowski, chargé par ailleurs d’informer ses interlocuteurs américains de l’impossibilité pour Karski de rentrer en Pologne jusqu’à la fin de la guerre. « Cette fois, M. Karski aura pour tâche, avec votre aide, monsieur l’ambassadeur, de faire aboutir la réalisation d’un grand film sur la résistance polonaise, écrivait le nouveau ministre des Affaires étrangères T. Romar. Le gouvernement attache une grande signification à cette entreprise. » Aucun subside ne fut cependant alloué, et Karski devra essayer de « réaliser notre plan en tant que son initiative privée […]. Par ailleurs, poursuivait Romar, d’ordre du Premier ministre, Karski fera une série de conférences et enverra des articles à la presse polonaise et américaine de la région de Chicago et des États de l’ouest de l’Union ». (In Stanislaw M. Jankowski, Karski. Raporty, op. cit.)
    Arrivé le 29 février 1944 à Washington, Jan Karski n’allait pas tarder à constater qu’il n’avait aucune chance d’aboutir, tant Hollywood était « mal disposé à l’égard de tout thème polonais ». Mais les Américains ne l’avaient pas oublié, son nom était porteur, ses conférences suivies : l’ambassadeur Ciechanowski lui conseilla d’opter pour un livre, et chargea l’attaché de presse de l’ambassade de lui trouver un agent d’édition. Ce fut Emery Reeves. Le 23 mars 1944, Jan Karski télégraphiait à son ministre de tutelle, Stanislaw Kot : « La firme Emery Reeves, qui a été l’agent sur le marché américain de Churchill, Eden, Duff Cooper veut éditer un livre sur la résistance polonaise à partir de mon expérience vécue. Ils estiment que le livre fera sensation. Je prépare pour un tel livre les matériaux : c’est une question de quelques centaines de pages. Si cela marche, ce sera une grande action de propagande. Le Premier ministre et vous-même, monsieur le professeur, me le permettez-vous ? » L’accord fut immédiatement donné. L’ambassade de Pologne loua une chambre dans un hôtel de Manhattan pour servir de bureau, affecta à l’ouvrage une secrétaire bilingue, et Karski écrivit sans discontinuer au rythme imposé par Reeves ( cf . ch. Documents). Ce dernier avait émis des conditions très strictes : rapidité, aucune propagande, aucune mention anti-soviétique, aucune polémique : « Qu’avons-nous à faire de vos disputes avec Staline ? » Par ailleurs, il s’était réservé un droit d’ingérence ponctuelle pour rendre le texte plus « attrayant », et des conditions financières léonines qui lui garantissaient cinquante pour cent des droits d’auteur.
    D’après le « rapport sur le livre » qu’établit Karski le 15 janvier 1945, « la mise en ordre du texte polonais de près de mille pages a duré huit semaines », puis « la traduction et la réduction à quatre cents pages environ, huit semaines encore : le livre était achevé fin juillet 1944 ». Dans une lettre personnelle du 30 juin, adressée au « professeur » Stanislaw Kot, Jan Karski confiait qu’il travaillait jour et nuit, ne s’interrompant que pour manger et dormir.
    Le résultat était là. Avec fierté, il informa London que Reeves et son rédacteur, William Poster, « ayant pris connaissance de mon manuscrit, ont estimé qu’il possède fraîcheur, bonne construction, qualité d’écriture littéraire et qu’il suffit de parfaire la traduction et de procéder à certaines “adaptations” pour pouvoir l’éditer tel quel ».
    Karski devait s’apercevoir très vite que ces « adaptations » avaient un sens élastique : il s’ensuivit de fermes discussions et bien des irritations. Les « Américains veulent sans cesse exagérer mon rôle personnel et mettre en vedette le côté sensationnel du sujet, pour réduire l’aspect idéo-politique », écrivit-il. Reeves émit des doutes sur la véracité de certaines scènes dramatiques, ce qui blessa Karski. Il fallut une lettre du Premier ministre Mikolajczyk attestant au nom de la

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