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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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constatation : je ne savais rien du
catharisme en dehors de ces généralités banales qu’on dispense dans les manuels
d’histoire ou dans les guides touristiques. Peut-être, après tout, y avait-il
dans cette doctrine autre chose qu’un dualisme primaire où le mal et le bien s’affrontent
en un combat sans merci sous l’aspect du diable et du Bon Dieu. Cela cachait
sûrement une réalité beaucoup plus nuancée, beaucoup plus originale. Mais
étais-je prêt à affronter cette réalité ?
    La réponse était négative. Je ne m’étais pas débarrassé complètement
de mes méfiances instinctives. Aller jusqu’à Montségur, c’était peut-être un
acte de curiosité, un acte d’ouverture, mais c’était aussi plonger dans un
inconnu quelque peu inquiétant. J’avais trop entendu d’affabulations au sujet
des Celtes et du druidisme en particulier pour ne pas craindre d’en découvrir
encore davantage à Montségur. Et l’ombre d’Otto Rahn ne me disait rien qui
vaille. S’il n’y a pas de ragnarök , de « crépuscule
des Dieux », dans la mythologie celtique, l’eschatologie germanique que je
voyais se dessiner derrière l’aventure d’Otto Rahn contribuait à m’éloigner de
toute recherche fondamentale. Je me disais aussi que le pays cathare se trouve
dans cette Septimanie wisigothique qui a laissé de nombreuses traces sur le sol
occitan. Les Wisigoths venaient de Suède. Le Graal de Montségur était celui de
Wolfram von Eschenbach : c’était un Graal germano-iranien gardé par des
chevaliers aux allures de S. S. Je n’avais aucune envie d’écrire l’histoire
du III e  Reich, même sous une forme symbolique.
    Pourtant, cette année 1978 fut importante pour moi dans ces
manœuvres d’approche vers la citadelle des Cathares, et cela je le dois à Marie
Môn. Un peu bretonne, un peu catalane, mais surtout languedocienne, et qui plus
est, huguenote, elle avait tout ce qu’il fallait pour me conduire au cœur de l’hérésie.
Elle s’était plongée dans l’eau froide et bouillonnante de la fontaine de
Barenton et prétendait, à juste titre, je le pense, que les calvinistes d’Occitanie
sont les lointains descendants des « Bonshommes » pourchassés par l’Inquisition.
Elle était allée se recueillir, en solitaire, derrière les murailles de
Montségur, à l’abri du vent froid qui, happé par la vallée, déferlait des montagnes
environnantes comme un long cri d’angoisse venu du fond des âges. Elle avait
toutefois senti que le lieu prêtait à toutes les ambiguïtés, que rien n’était
net ni définitif, et que des ombres parfois inquiétantes se profilaient, au
coucher du soleil, dans les touffes d’arbres maigres et le long des roches
éclatées.
    Ce fut Marie Môn qui m’entraîna sur le pog de Montségur. Venant de Toulouse où j’avais
évoqué une fois de plus l’Or maudit que la légende prétend être celui de
Delphes, rapporté par le Gaulois Brennus et profané par un proconsul romain, je
retrouvai Saverdun et les platanes de la place de Pamiers. Mais, cette fois, j’allai
plus loin. Rassuré par la masse tutélaire du château de Foix, gardien vigilant
d’un pays qui me déroutait et me fascinait, je voyais monter les sommets de ces
Pyrénées dont le nom évoquait pour moi le « feu » et la « pureté ».
Héraklès, nous dit-on, s’y est égaré, et c’est là qu’il a rencontré la jeune
Pyrène. Cette histoire est tirée à de multiples exemplaires ; une autre
version nous apprend que ledit Héraklès, errant à l’autre extrémité de la Gaule,
tomba amoureux d’une jeune princesse nommée Galathée, en profita pour fonder
Alésia, et eut un fils du nom de Galatès, ancêtre des Galates et des Gaulois. On
sait que cet Héraklès, qui a bien peu de rapports avec le demi-dieu grec, recouvre
le personnage devenu folklorique de Gargantua, lui-même avatar du dieu celtique
Ogmios ou Ogma, géant protecteur des chemins et qui enchaîne les humains par le
charme de sa parole. Les Pyrénées sont dignes d’un tel géant, et il faudrait
savoir pourquoi, non loin de Montségur, de l’autre côté des gorges de la Frau, on
découvre un col de la Gargante. Du reste, au sud de Montségur, à 1 619
mètres d’altitude, le roc de la Gourgue domine le paysage, semblant même
prendre sous sa protection le pog où a été
bâti le château cathare. Or le nom de Gourgue est incontestablement apparenté à
celui de Gargantua.
    C’est dire que

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