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[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

Titel: [Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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lâchement assassiné… Français ! Vous dormez au bord d’un abîme. »
    — Je pense, Général, commence Bourrienne, que ce pamphlet est de nature à faire le plus grand mal dans l’opinion ; il me semble intempestif, car il révèle trop prématurément vos projets.
    Que sait-il de mes projets ? Et qu’en dit-on ?
    Napoléon convoque Fouché. Il le questionne et s’irrite de ses réponses.
    — C’est votre frère Lucien, qui a pris ce pamphlet sous sa protection, explique Fouché. L’impression et la publication en ont été faites par son ordre ; enfin, il est sorti du ministère de l’Intérieur et a été expédié à tous les préfets.
    Napoléon prend plusieurs prises. Ces gestes vifs, ces respirations, l’odeur âcre du tabac ne le calment pas comme à l’habitude, mais l’irritent.
    — Cela m’est bien égal ! lance-t-il. Votre devoir, comme ministre de la Police, était de faire arrêter Lucien et de l’enfermer au Temple.
    Il renifle de nouvelles prises.
    — Cet imbécile-là ne sait qu’imaginer pour me compromettre, dit-il.
     
    Il se souvient de Lucien, de leur enfance et aussi des initiatives de son cadet qui, au temps de l’affrontement avec Paoli, sont venues changer le cours des choses. Mais il y a eu, pour tout effacer, le 19 brumaire, le courage et l’à-propos de Lucien. Sans lui, peut-être la journée se serait-elle terminée en désastre ?
    C’est mon frère. C’est ma famille. Je fais pour eux ce que je dois .
    Joseph a été désigné pour conduire les négociations avec l’Autriche à Lunéville. Reste Lucien, qui est ministre.
    Napoléon s’emporte devant Roederer.
    Lucien est plein d’esprit, mais c’est une mauvaise tête dont on ne peut rien faire.
    Lucien ne peut plus demeurer ministre de l’Intérieur. Trop de bruit autour de lui à cause de ce pamphlet, des affaires aussi auxquelles on le dit mêlé. Il aurait touché des commissions sur des achats de blé anglais ! Lucien ne devait pas ternir ainsi le nom des Bonaparte.
    — Savez-vous même ce que murmurent les espions de Fouché ? Que Lucien aurait donné la main à la conspiration des assassins de l’Opéra, contre moi !
    Moment de tension, plus insupportable que les minutes incertaines d’une bataille. Napoléon reçoit Lucien pour lui annoncer qu’il le démet de ses fonctions de ministre de l’Intérieur et le nomme ambassadeur de France à Madrid.
    L’entrevue terminée, il faut affronter les regards de ceux qui attendent dans le salon des Tuileries depuis plus de deux heures.
    Joséphine est assise dans un grand fauteuil. Elle dissimule sa joie. Elle craint et déteste Lucien. À moins qu’un jour il n’épouse Hortense de Beauharnais et ne donne un héritier à Napoléon. Mais on peut aussi espérer marier Hortense à Louis Bonaparte, dont Napoléon répète que c’est un « sujet excellent ».
    Élisa Bacciocchi se tient dans l’ombre. Elle est au bord des larmes et jette des regards haineux vers Hortense de Beauharnais qui, assise près de sa mère, n’a pas la discrétion, dans la joie, de Joséphine.
    Napoléon traverse le salon. Les généraux Lannes, Murat, Lecourbe, les aides de camp, les conseillers d’État, Chaptal, qui sait qu’il est le successeur de Lucien Bonaparte au ministère de l’Intérieur, s’écartent.
    Il entend rire, il se retourne.
    Lucien, gaiement, parle à Joséphine, se penche vers elle, chuchote à son oreille.
    C’est cela, ma famille : les rivalités féroces qu’un sourire masque.
    Je préfère la guerre .
     
    Elle est là, qui frappe aux portes de l’Est.
    Joseph, à Lunéville, se heurte dans les négociations qu’il conduit, à la mauvaise volonté de l’Autriche. Et, derrière elle, il y a l’argent et la détermination de l’Angleterre.
    Ces deux puissances n’accepteront les conquêtes de la République qu’une fois vaincues. Elles veulent que la France rentre dans ses frontières d’avant 1789. Et Londres poussera Vienne.
    Faudra-t-il donc à nouveau quitter Paris ? S’exposer ainsi aux intrigues et aux complots d’une capitale qui guettera les nouvelles et où certains espéreront la défaite de Napoléon ?
    Ce 3 décembre 1800, il est cinq heures du soir. Napoléon, dans son cabinet de travail des Tuileries, écrit lui-même à Joseph : « Si je pars, la Maison d’Autriche s’en souviendra. Il est donc nécessaire que je sache par le retour de ton courrier si toute espèce d’espoir est perdu, comme

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